Israël-Palestine, Etats-Unis : comment l’Espagne se place sur la scène mondiale

poids international de l'Espagne

Souvent décrite comme le pays du soleil, des tapas et des vacances, l’Espagne est aussi une nation influente sur la scène internationale. Décryptage. 

Guerre en Ukraine, conflit en Israël, présidence de l’Union Européenne, connivence avec les États-Unis : le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez est sur tous les fronts diplomatiques.

La relation laborieuse avec Israël

Le terrain le plus épineux, et celui d’où l’exécutif espagnol part de plus loin, est sans nul doute Israël. L’Espagne est le pays le plus pro-Palestine d’Europe. Que ce soit au niveau de sa population : 31% des Espagnols soutiennent la Palestine (à comparer avec les 15 % d’Allemands ou les 22 % de Français), que ses dirigeants. Historiquement, il faudra attendre 1986 pour que Madrid ouvre officiellement des relations avec Tel-Aviv, tandis que le leader Palestinien Yasser Arafat était invité par le Premier ministre Adolfo Suarez, sept ans plus tôt, en 1979.

El postfranquismo y Adolfo Suárez | Radio Sefarad

Yasir Arafat et le Premier ministre Alfonso Suarez à la Moncloa en 1979

La friction remonte au franquisme, une dictature alliée d’Hitler qui s’est lovée dans le pouvoir de 1939 à 1975. Près de quatre décennies teintées d’anti-sémitisme qui ont laissé des traces dans la relation bilatérale.

D’ailleurs, fait intéressant : lors de la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël en 1948, les autorités Juives n’ont envoyé aucune communication officielle au gouvernement espagnol. 70 ans plus tard, lorsque l’Espagne a dû subir la déclaration illégale d’indépendance de la Catalogne, Israël fut l’une des démocraties les plus paresseuses au moment de soutenir l’État espagnol. Alors que la quasi-totalité des capitales mondiales ont soutenu Madrid le jour même de la tentative de sécession catalane, il aura fallu plus de cinq semaines à Tel-Aviv pour publier un communiqué en faveur de l’unité de l’Espagne.

Pourtant, l’Espagne veut peser dans une solution pacifique entre la Palestine et l’État hébreux. En 1991, déjà, Madrid mettait sur pied, la conférence de la paix entre les deux acteurs. Un processus avorté par l’assassinat du Premier ministre israélien, Isaac Rabin. Encore aujourd’hui, le gouvernement espagnol fait une nouvelle tentative. Il place ses espoirs d’entente pacifique, le 27 novembre prochain, lors du sommet de l’Union pour la Méditerranée qui se tiendra à Barcelone, « pour relancer le dialogue », a déclaré Pedro Sánchez. « Nous avons besoin d’espaces, de personnes, d’institutions qui jettent des ponts, qui créent la coexistence, qui engagent le dialogue. La date du 27 novembre de Barcelone est parfaite pour cela », expliquait récemment le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares.

L’allié américain

Côté ouest, l’affaire est différente. Le responsable de la diplomatie espagnole qui ne bouge pas son petit doigt sans en informer Washington, raillent ses détracteurs. En effet, les États-Unis représentent probablement la nation avec laquelle l’Espagne entretient la meilleure fluidité. Une longue histoire qui commence, ici aussi, par le franquisme.

Le chef d’État espagnol qui fut le plus proche des États-Unis est sans nul doute le dictateur Franco. En 1945, le président américain Harry Truman refusa de faire chuter le dictateur comme le proposait le Premier ministre  britannique Winston Churchill. Les Etats-Unis utilisèrent le régime espagnol pour faire barrage au communisme en pleine guerre froide. De son côté, Franco, boycotté par les démocraties occidentales, était ravie de traiter avec la première puissance mondiale.

Qué fueron los Pactos de Madrid de 1953? - El Orden Mundial - EOM

Le président des États-Unis Dwight Eisenhower et Francisco Franco à Madrid en 1959.

Une relation qui s’est traduite dès 1953 par l’installation de bases militaires américaines sur le territoire espagnol. Des bases qui pour la plupart sont encore actives de nos jours. Par conséquent, le gouvernement espagnol doit collaborer avec le ministère de la Défense américain.

C’est pourquoi, depuis l’élection de Joe Biden, le dernier président américain en date, l’Espagne négocie le commandement des forces militaires américaines pour l’Afrique (Africom). Cela signifierait une injection importante d’argent et d’emplois.

Le bon élève en Europe

En Europe, Madrid est loin d’être isolée. Malgré des multiples crises, l’Espagne offre un panorama relativement rassurant pour Bruxelles au sein de l’axe des pays du Sud. Une plus grande stabilité politique que l’Italie et une plus forte maturité économique que la Grèce.

Archivo:2018-06-23, Pedro Sánchez se reúne con Emmanuel Macron en El Elíseo.jpg - Wikipedia, la enciclopedia libre

Surtout, la connivence entre Pedro Sánchez et Emmanuel Macron offre à la péninsule ibérique une petite place dans la cour des grands. Issue de la même génération, partageant plus ou moins les mêmes valeurs politiques, les deux hommes incarnent une certaine idée de l’Europe. Le point d’orgue de la relation a eu lieu le 19 janvier 2023, lors de la signature du traité d’amitié entre les deux pays à Barcelone.

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