Podemos, la gauche radicale espagnole, semble suivre les pas de Jean-Luc Mélenchon en refusant de reconnaitre le Hamas comme une organisation terroriste. Sauf que contrairement à la France, Podemos est au pouvoir en Espagne, en disposant de ministères dans la coalition gouvernementale formée avec socialistes. Ce qui crée un grave incident diplomatique avec l’État hébreu.
En plus de l’ambiguïté face au Hamas, Podemos demande au Premier ministre, le socialiste Pedro Sanchez, de trainer Israël devant la Cour pénale internationale au motif d’un supposé « génocide contre le peuple palestien ». Une grave accusation en provenance du secteur radical du gouvernement espagnol qui a appelé à une réponse très ferme de l’ambassade d’Israël à Madrid. La diplomatie de l’état hébreu appelle Pedro Sánchez à « dénoncer et condamner sans équivoque les déclarations honteuses » qu’elle attribue à « certains membres du gouvernement espagnol » .
« Il est profondément inquiétant qu’à l’heure où Israël pleure la perte de vies innocentes suite à l’attaque barbare du Hamas (…), certains éléments du gouvernement espagnol aient choisi de s’aligner sur ce terrorisme de type ISIS (État islamique) », peut-on lire dans le communiqué israélien.
Pedro Sánchez ne compte pas rappeler à l’ordre l’extrême-gauche, dont il a besoin pour se faire réinvestir Premier ministre pour un nouveau mandat. Sans hésiter à aggraver l’incident diplomatique en cette période particulièrement tendue, le ministère des Affaires étrangères espagnol déclare « rejeter catégoriquement les mensonges exprimés par l’ambassade israélienne à propos de certains membres du gouvernement, et avertit qu’elle n’accepte pas les insinuations infondées à leur sujet. Tout dirigeant politique peut exprimer librement ses positions en tant que représentant d’un parti politique dans une démocratie à part entière comme l’Espagne », prévient la diplomatie espagnole.
Ce n’est pas la première tension entre Israël et l’Espagne. Ce week-end, le maire de Tel Aviv a dénoncé que son homologue de Barcelone, le socialiste Jaume Colloboni, soit trop équidistant entre le Hamas et Isräel. « En tant que ville qui apprécie et promeut la paix, Barcelone élève la voix avec la même clarté et la même force pour condamner les attaques terroristes contre Israël, ainsi que la réponse militaire disproportionnée de destruction massive de vies, d’habitations et d’infrastructures civiles de la population palestinienne en Gaza» . Ce à quoi, le maire de Tel Aviv, le progressiste Ron Huldai, a répondu « qu’il n’y a pas de comparaison possible entre les horribles massacres commis par une organisation terroriste ressemblant à Daesh (le Hamas) et les actions d’autodéfense qui constituent une réponse d’une démocratie – l’Etat d’Israël ».
Craintes pour la communauté juive d’Espagne
Pedro Sánchez, qui assume la présidence tournante de l’Europe pour ce semestre, a défendu ce lundi la reconnaissance de l’État palestinien comme « la seule manière de résoudre définitivement le conflit « . « La position du gouvernement dans son ensemble à l’égard des attaques terroristes du Hamas est claire, a ajouté le Premier ministre, condamnation catégorique, exigence de la libération immédiate et inconditionnelle des otages et reconnaissance du droit d’Israël à se défendre dans le cadre du droit international humanitaire ».
Des paroles qui n’empêchent pas l’opposition de droite de conclure que le partenaire gouvernemental des socialistes « n’est pas capable de reconnaître le Hamas comme organisation terroriste et que Pedro Sánchez affaiblit le projet espagnol sur la scène internationale. »
De son côté, l’ambassade d’Israël craint que le comportement d’une partie du gouvernement ne mette en danger « la sécurité des communautés juives d’Espagne, les exposant à des attaques antisémites. »