L’Espagne dans l’ombre du succès de l’énergie française

Espagne

La France prend la tête des exportations d’énergie en Europe, en 2023. Une place qu’elle doit en partie à l’Espagne. Voici pourquoi.

C’est un titre dont la France peut se vanter, mais pas de l’avoir décroché seule. Elle vient de gagner la première place sur le marché européen de l’électricité. Elle est officiellement la première exportatrice d’énergie. Au cours du premier semestre de 2023, l’Hexagone aurait accumulé un solde net d’exportation de 17,6 térawattheures (TWh). C’est deux fois plus que l’Espagne qui, elle, a généré 8,8 TWh. Et c’est même devant la Suède qui bénéficie d’un solde de 14,6 TWh. Une sacrée remontada que la France a réussie en moins d’un an grâce à sa voisine ibérique.

Car, en regardant dans le rétroviseur, elle revient de relativement loin. Lors du second semestre de l’année dernière, après avoir ralenti sa production nucléaire, la France se montrait davantage importatrice qu’exportatrice. Le pays bleu-blanc-rouge était même devenu le deuxième plus grand acheteur d’électricité en Europe, derrière l’Italie. Alors qu’à l’inverse, l’Espagne dominait (juste derrière la Suède) les transactions, d’ailleurs très souvent tournées vers sa voisine française.

D’acheteuse à vendeuse, la France change de camp en un an

Mais depuis, l’Hexagone semble avoir sorti la tête de l’eau. Et repris du galon dans le nucléaire. « Même si la production reste inférieure à la normale, son augmentation, de l’ordre de 5 à 10 gigawatts de plus que l’année dernière, aide la France à retrouver sa position d’exportatrice », commente Jean-Paul Harreman, directeur du cabinet de conseil en énergie EnAppSys BV, dans un article du média espagnol la Razón. Mais pas seulement. Elle a aussi élevé sa production via l’éolien et le solaire. À tel point qu’elle vend désormais quasiment deux fois plus qu’elle n’achète de courant, et a réussi à croître ses exportations de 57 % en un an, selon les estimations du fournisseur public EDF.

D’après les chiffres, la France a envoyé, lors du premier semestre 2023, un total de 45,1 TWh, et importé 27 TWh. C’est au Royaume-Uni et à l’Italie qu’elle vend le plus, et le plus cher : 137,5 € par Mégawattheure pour les Italiens, et 123 € pour les Britanniques. L’Espagne, elle, bénéficie du tarif le plus bas : 88, 4 € le MWh. Un geste qu’elle lui doit bien.

La France boostée par l’électricité espagnole

En 2022, quand la France souffrait de la production d’énergie, la péninsule ibérique lui a fourni 3 % de ses besoins en courant. Soit trois fois plus que l’année précédente. Mais là où le Pays de Cervantes a joué en sa faveur, c’est sur ses prix. L’exception ibérique accordée par l’État, plafonnant le prix du gaz qui produit l’électricité espagnole, a permis à la France de profiter de tarifs très compétitifs, subventionnés par l’Espagne. Mais aussi de capitaliser, pendant qu’elle remettait doucement en route le nucléaire après une période de maintenance.

Et comme « on ne change pas une équipe qui gagne », l’Hexagone n’a pas rompu les liens avec sa voisine. Malgré l’annulation du principe d’exception ibérique dès le mois de mars dernier, suite à la baisse du coût du gaz, le fournisseur français a continué de ramener du courant depuis l’autre côté des Pyrénées. Les prix restants très attractifs, notamment grâce à la production à base d’énergies renouvelables.

De quoi s’offrir une belle marge, donc, au moment de revendre l’électricité aux pays qui dépendent du réseau français tels que l’Italie, le Royaume-Unis cités plus haut, mais aussi la Suisse. Et se constituer une petite trésorerie, grâce aux impôts des Espagnols.

A lire aussi : L’Espagne baisse la TVA sur l’électricité

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