À Barcelone, le marché de la location immobilière fait souvent l’objet d’arnaques. Les résidents à la recherche de biens à louer doivent ainsi être sur le qui-vive pour éviter de tomber dans de nombreux pièges. Tour d’horizon.
Photos : Clémentine Laurent Photographie
Subir une arnaque est toujours une épreuve désagréable. Dans les métropoles, la tension immobilière est malheureusement bien souvent source de dérives et d’abus, que les locataires doivent déceler. Pour cela, il est conseillé d’effectuer une recherche auprès d’une agence, mais aussi de se renseigner sur les arnaques fréquentes afin de les repérer et de les éviter.
Les contrats de 11 mois
Attention, certains propriétaires ne signent des contrats de 11 mois pour passer au travers des lois immobilières espagnoles ! Les contrats de location, qu’ils soient temporaires ou pour un logement ordinaire, sont régis par la loi sur les baux urbains. Celle-ci fixe la durée minimale des contrats de location en résidence habituelle : cinq ans si le bailleur est une personne physique et 7 ans si le bailleur est une personne morale. On pense que si un contrat de location de 11 mois est signé, le contrat ne sera pas lié par les prolongations obligatoires établies par la loi et censées empêcher le locataire de rester dans le logement au-delà de ces 11 mois.
Bien qu’il soit légal de signer un contrat de location de 11 mois pour les non-résidents (et donc illégal pour les résidents), ces baux comportent les mêmes obligations et droits que les contrats de location réguliers d’un an, avec leurs prolongations correspondantes.
Le logement pas cher mais trop beau pour être vrai
Un grand classique des entourloupes, dans l’immobilier : les fausses annonces de logements. Cette arnaque présente souvent un appartement en location, en très bon état, souvent meublé, avec de très belles photos, et surtout à un prix très attrayant. Parfois même, les frais d’électricité, d’eau et Internet sont inclus dans le prix. Bref, une annonce de rêve en plein Barcelone. Mais lorsque l’intéressé joint le prétendu propriétaire, celui-ci ne peut répondre que par message ou Whatsapp. Il explique souvent qu’il n’est pas disponible pour faire visiter l’appartement, et qu’il a beaucoup de candidats avec de bons dossiers. “Ils mettent dans une position de demandeur, ce qui veut dire que l’intéressé par l’appartement doit se vendre”, nous précisait Laure Condamine, chercheuse d’appartements à Barcelone, interrogée par Equinox en 2022.
Le faux propriétaire propose alors la possibilité de réserver le logement via la plateforme Airbnb, en assurant que si l’appartement n’est finalement pas conforme aux photos, l’intéressé sera remboursé. Et l’arnaque est là : on paye entre 1200 € et 1800 € de “frais de réservation” pour un logement qui n’existe même pas, et après le paiement, le faux propriétaire disparaît. Une escroquerie très fréquente, selon la chercheuse d’appartements. “Les gens sont tellement désespérés quand ils cherchent un logement à Barcelone, tout ce qu’ils voient est tellement laid et tellement cher, que quand ils voient une annonce pareille, ils se précipitent.”
La sous-location
Un autre type d’arnaque immobilière bien connu est la sous-location. Un locataire d’appartement se fait passer par le propriétaire et loue le logement, souvent sans contrat, sans que le propriétaire réel n’en soit informé. Dans ce cas de figure, le locataire escroqué peut se trouver dans des situations compliquées, par exemple si le réel propriétaire découvre la sous-location. Celle-ci étant illégale, le locataire dupé n’a pas les moyens de se défendre car il n’y a pas de contrat légal.
En conséquence, lorsqu’une annonce semble trop belle, mieux vaut tout faire pour visiter l’appartement et vérifier qu’il est géré par une grande agence immobilière connue à Barcelone, et de confiance, car les offres de particulier à particulier n’existent pas.
La caution irrécupérable
Une autre escroquerie très courante, dans le monde de la location immobilière, est celle de la caution. Il est parfois difficile de la récupérer, lorsqu’on quitte un logement, même s’il était déjà dans un mauvais état avant, et les frais peuvent facilement grimper sans que le locataire puisse les contester.
Notre conseil, lorsque le nouveau locataire récupère les clefs du logement, il est préconisé de faire un état des lieux détaillé, prendre en note ou prendre des photos de chaque petit détail (saleté, mauvais état, humidité…), tout vérifier et faire signer cet état des lieux sur papier par l’agence. Ainsi, le locataire peut utiliser ces notes pour contester s’il ne reçoit pas sa caution lors de son départ.
Payer les frais d’agences… mais à une condition
La nouvelle loi sur le logement, adoptée le 27 avril dernier, envisageait une série de mesures pour améliorer la protection des personnes en situation de vulnérabilité contre les saisies, ainsi qu’une simplification des critères que l’administration doit remplir pour déclarer une zone comme « sous-tension ». L’une des mesures oblige les propriétaires de biens mis en location à conserver les honoraires des agences immobilières. Concrètement, le texte de loi précise que « les frais de gestion du bien mais aussi l’établissement du contrat reviennent à la charge du propriétaire », étant une personne physique ou morale.
Jusque-là, la Ley de Arrendamientos Urbanos (LAU) établissait que les frais de gestion immobilière et de mise en place du contrat étaient à la charge du bailleur s’il était une personne morale. Cependant, il n’existait aucune réglementation claire concernant les propriétaires privés. En pratique, cela signifiait que c’était le locataire qui finissait par payer les honoraires de l’agence immobilière lors de la signature du contrat de location, alors que c’était le bailleur qui avait fait appel aux services de l’agence. Autre détail, si le propriétaire d’un bien ne passe pas par une agence, les frais d’agence sont illégaux. Veillez à rester vigilant.
Fausses descriptions, appartements inexistants : les arnaques Airbnb à Barcelone
