En 1977, alors que le Général Franco est mort depuis deux ans à peine, la ville célèbre la Journée des fiertés, une première dans tout le pays. Une quarantaine d’années plus tard, elle s’érige comme l’un des hauts lieux de la communauté LGBTQ+.
“On sait que si on vient à Barcelone on s’y sent bien” affirme, sûr de lui, Karim, jeune entrepreneur français. Installé à Barcelone depuis plus de 7 ans avec son conjoint, après un Erasmus marquant, le professeur d’espagnol est heureux d’habiter la ville catalane.
“Barcelone à un côté touristique, méditerranéen et international en plus, que n’a pas Madrid ou Paris par exemple. Je pense que c’est vraiment la somme de tout ça, plus l’état d’esprit espagnol et catalan qui fait que Barcelone est ce qu’elle est pour toutes les personnes LGBT” ajoute l’ancien parisien.
Barcelone est en effet connue pour son milieu associatif vivant, y compris dans la communauté LGBTQ+. Karim fait partie d’une association sportive “Panteres Grogues” qui cherche à donner plus de visibilité aux personnes gays, bisexuelles, queers et transgenres à travers le sport.
Une richesse de propositions LGBTQ+
La liberté de pouvoir se réunir dans des lieux et des événements dédiés à la communauté LGBTQ+ participe à ce bien-être et à ce sentiment de représentation. Si le quartier de l’Eixample est communément renommer le “Gayxample”, ce n’est pas un hasard. Du bar Priscilla en passant par le Pink Corner, sans oublier les boîtes de nuits telles que le Believe, le Safari ou encore Arena, le choix pour faire la fête ne manque pas dans la ville qui ne dort presque jamais.
“J’aime beaucoup aller dans les cabarets drag, comme le Cangrejo dans le Raval ou dans l’Eixample, c’est très sympa. Un vrai spectacle de Drag Queen vintage dans son jus et authentique” confie Karim au sujet des ses adresses phares à Barcelone.
Côté événementiel, Barcelone est le lieu de tous les rendez-vous LGBTQ+. En mars, chaque année, la Bear Pride, accueillant les hommes gays et bisexuels, s’installe dans la ville. En juin a lieu la Barcelona Gay Pride. Puis, le plus gros festival gay européen, le Circuit Festival, prend le relai en août. Et côté cinéma, le Festival international du film gay et lesbien a lieu chaque année à Barcelone en octobre, ainsi que le festival Mostra Fire !, en juin.
Après avoir vécu sept ans dans la capitale catalane, Karim a fait sa première Pride cette année au mois de juillet. “C’est à la fois un moment festif, de joie, de fête qu’on célèbre tous ensemble, et à la fois un moment militant, car c’est la communauté LGBTQ+ qui sort dans la rue pour dire qu’elle existe dans notre société”.
La municipalité joue d’ailleurs beaucoup sur cette diversité sexuelle et de genre. Un Conseil municipal LGBTI a été créé en 2004 pour “promouvoir l’égalité des droits, les libertés et la reconnaissance sociale des personnes LGBTI”. Une agence de soutien aux travailleuses du sexe cis et trans, l’Agence ABITS, a également été créé deux ans plus tard. Et enfin, un Centre LGBTI pour accueillir et informer les personnes de la communauté, a vu le jour en 2019, inauguré par Ada Colau, revendiquant, elle-même, être la première maire bisexuelle de Barcelone.
Un écho géographique plus large que Barcelone
Si Barcelone possède autant de clés en mains pour être la capitale LGBTQ+, elle est aussi la capitale de la Catalogne, région qui se veut ouverte aux questions de genre et de sexualité. Avec Sitges, haut lieu touristique LGBT, à quelques kilomètres seulement de Barcelone, la Catalogne compte de nombreux touristes étrangers membres de la communauté au drapeau multicolore.
Qu’en est-il côté politique ? Pas grand chose, sauf si l’on remonte au siècle dernier. En 1998, le Parlement catalan est le premier en Espagne à reconnaître le “partenariat domestique”, c’est-à-dire l’existence juridique des couples non mariés, hétérosexuels comme homosexuels, ainsi que les droits héréditaires pour les couples homosexuels. Un grand pas à l’époque, perçu comme novateur et progressiste.
“Etant prof d’espagnol je pense que l’Espagne de manière générale est très ouverte, alors qu’elle a une image à l’international de pays très conservateur et traditionaliste” précise Karim au sujet de la liberté de l’orientation sexuelle.
L’Espagne n’a donc pas l’image rétrograde que ses voisins lui portent ? Pour l’expatrié français c’est évident. “La communauté LGBT en Espagne se sent accueillie et on n’a pas l’impression d’être une communauté à part dans la société.”
Pour autant, les agressions homophobes et transphobes font toujours l’actualité. En Catalogne, l’Observatoire contre l’homophobie a enregistré une diminution des actes malveillants envers les LGBTQ+ mais alerte sur l’intensification de la violence des agressions.
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