Voiliers, barques, jet skis. En image, la Costa Brava a tout d’une carte postale d’été. Tandis que sous les coques et les vagues, les fonds marins sont menacés. Et à la surface, les baigneurs se voient obligés de slalomer entre les bateaux. Illustration d’une côte catalane, en proie à la saturation de ce qu’elle a de meilleur.
Photo : SOS Costa Brava à Palafrugell
C’est un maquillage estival qui recouvre un peu trop le visage de la Costa Brava. A l’heure des beaux jours et fortes chaleurs, les bateaux sont nombreux à jeter l’encre au bord des plages de la côte catalane. Touristes et locaux aussi aiment se baigner, en sautant depuis leurs petits yachts, barques ou voiliers, à quelques mètres du rivage. Mais un peu trop près justement, et en masse, aux yeux des nageurs en quête de tranquillité et des associations de protection des fonds marins.
Nager au milieu des bateaux à moteur
« Nous recevons de nombreuses plaintes contre les bruits d’hélices, de moteurs, et d’odeur de gasoil », commente le représentant du collectif écologiste SOS Costa Brava dans le journal catalan Ara. C’est aussi sans compter le passage à toute vitesse des jet skis, frôlant parfois même les nageurs, comme l’illustre cette vidéo publiée sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Car petit à petit, et de plus en plus, les embarcations empiètent sur la zone réservée aux baigneurs, délimitée par des bouées. « Les gens sur les bateaux viennent le long de la côte, au pied des plages, car à plus de 200 mètres, ils ne voient pas le fond et ça leur fait peur », explique le porte-parole de l’association. Aussi parce qu’en s’approchant de la côte, les navigateurs se protègent du vent et trouvent des conditions bien plus favorables à la baignade.
Or ce n’est pas ce que recommande la loi du littoral. Celle-ci interdit aux bateaux d’accoster à moins de 250 mètres du sable et 50 mètres des rochers. Pour justement éviter les regroupements tels qu’observés aujourd’hui. Ceux-là ne sont pas sans conséquences pour les paysages qui ressemblent davantage à des ports que des criques, et pour la Méditerranée, qui voit ses profondeurs piétinées par non-respect des normes.
La biodiversité de la Méditerranée touchée
« Le stationnement sauvage est celui qui nuit le plus aux fonds marins », témoigne Jordi Mallerenga de SOS Costa Brava, dans un article d’El Mon. Idem pour les motos de mer, dont le bruit et la pollution qu’elles génèrent, affectent la faune et la flore maritime. En première ligne, notamment : les prairies de posidonies. Ces végétations endémiques de la Méditerranée sont protégées par le gouvernement de Catalogne. Or, un bateau ancré au mauvais endroit peut, sans le savoir, détruire la précieuse espèce.
Alors selon Eduard Degollada, chercheur et expert des fonds marins, le problème se trouve donc aux commandes des barques. Un amoureux de la mer et fin connaisseur des fonds marins ne jetterait pour rien au monde son ancre sur des trésors méditerranéens. C’est pourquoi, lui comme l’association SOS Costa Brava aimeraient davantage de contrôle auprès des pilotes, notamment concernant les locations de loisirs. Des limites qui seraient à contre-courant de l’économie locale.
En bord de mer, les loueurs de bateaux et motos tournent à plein régime depuis plus de 30 ans. Près de Cap de Creus, les touristes se retrouvent presque les uns sur les autres pour admirer le parc naturel protégé depuis la mer. Réguler ce business ne devrait pas satisfaire les affaires de tous, donc. Mais, les écologistes insistent, redéfinir quelques limites permettrait aux joyaux de Catalogne de briller à nouveau.
A lire aussi : La Costa Brava, sur le point de devenir une décharge