Drôles, rocambolesques, cocasses. Il n’y a pas de quoi s’ennuyer à bord des voitures noires et jaunes de Barcelone. Les chauffeurs de la capitale catalane témoignent et vous emmènent à travers les plus folles histoires qui se sont déroulées à l’arrière de leurs taxis. Sortez le pop-corn.
Maman, j’ai raté le train
Une famille très nombreuse, disons de 8 à 9 personnes minimum, commande deux taxis en urgence parce qu’ils sont en retard pour leur train. C’était une folie ! Plein de valises, des enfants, poussettes, etc. On arrive à la station de Sants, littéralement, ils descendent de la voiture en vitesse pour ne pas rater leur train. On se dit au revoir, et lorsque j’entre à nouveau dans mon taxi, je vois un enfant, bien installé avec sa ceinture. La maman avait oublié son fils de 2 ou 3 ans. Alors, je suis sorti de la voiture, avec l’enfant dans les bras, au milieu de la rue. Tout le monde flippait parce que la maman, évidemment, s’était rendu compte qu’elle avait oublié son enfant et avait fait demi-tour en courant. On a eu un moment de panique tous les deux (rires) puisque moi, j’étais avec un enfant dans les bras et elle parce qu’elle pensait avoir perdu son fils.
Un client pas comme les autres
Hôtel Catalonia Plaza, Plaça Espanya. J’attends des clients, et je vois une pub de Mango avec un mannequin que je ne trouve pas très beau. Un homme arrive alors, monte dans le taxi et je l’emmène au terminal 1 de l’aéroport. Un moment, je le regarde et l’interpelle : « C’est toi, le garçon de la publicité de Mango ? » Il confirme. Je lui dis alors qu’il était temps que Mango sorte sa collection masculine. Après quelques minutes de silence, il ajoute : « tu n’aimes pas le football, pas vrai ? ». Je lui demande comment il a deviné. « Je suis Zidane, un footballeur très connu. Tout le monde me regarde comme une star, les gens veulent des photos avec moi. Alors que toi, si tu n’avais pas vu la pub de Mango, tu ne saurais pas qui je suis ». Effectivement, je n’aime pas le foot, je ne regarde pas la télé et ne lis pas les informations sportives. Mais Zidane était un client très agréable !
Papy, n’oublie pas tes dents
Une fois, j’emmenais un client, un vieux monsieur. Et lorsqu’il est descendu, après qu’on ait discuté pendant tout le trajet parce qu’il était très sympa, j’ai regardé la banquette arrière pour voir s’il n’avait rien oublié. Et en fait (rires), il avait laissé son dentier !
Bonjour Monsieur, au revoir Madame
Sur l’avenue Meridiania, près de l’Hipercor, un homme en costard cravate monte dans mon taxi, vers 19 h. Il fait déjà nuit, on est au mois de novembre. Je l’emmène à l’hôtel Princesa Sofía. Sur le trajet, il me demande une faveur. Il vient de sortir du travail et doit enchaîner avec un autre. Mais il faut qu’il se change dans la voiture. Il fera attention. Je lui donne mon accord. Alors, il commence à se déshabiller. Je le regarde d’un œil discret dans le rétroviseur arrière et je vois qu’il se dénude entièrement. Caleçon compris ! Puis il enfile une culotte de femme, des seins en silicone, un soutien-gorge, une robe un peu provocante, une perruque, des talons à plateforme. Il se pose des faux cils, se maquille, met du rouge à lèvres… Bref, il était devenu une incroyable drag-queen ! Une fois arrivés à l’hôtel, il m’a demandé de continuer ma route vers la zone du Camp Nou où il y a les prostituées.
Patience, mon fils !
Un matin, j’allais dans une petite rue étroite du quartier de Gràcia. Je suis tombée sur une femme très âgée, qui était très lente. Elle cherchait sa monnaie, mais la voiture derrière s’impatientait. Elle n’arrêtait pas de klaxonner. Tut ! Tut ! Tuuuut ! Alors cette dame a fini par s’exclamer : « dis donc quelle impolitesse, si peu de patience ! ». Et moi, je me suis dit : « il ne manquerait plus que ce soit sa mère ». Quand elle est descendue du taxi, et qu’elle a regardé derrière pour voir qui était cette personne qui s’agaçait tant, le chauffeur s’est exclamé : « Mamaaaan ! » Il s’est enfui rapidement.
Mission (impossible) d’adultère
Je transportais une femme au Maresme, je ne me souviens plus de la ville. Elle voulait voir si son mari s’était rendu au domicile d’une autre femme. Comme elle ne l’a pas vu sortir, ou qu’il n’était pas là, elle l’a appelé et l’a disputé par téléphone. Au retour, en arrivant à destination, elle m’a demandé de rester derrière un camion situé à quelques mètres de la maison qu’elle espionnait. Elle voulait le prendre en flagrant délit, dans un endroit où il ne devait pas être. J’imagine qu’il avait dû lui dire qu’il était en voyage d’affaires et que sa femme avait des doutes.
Un peu de retenue sur la banquette arrière, s’il vous plait
C’était au tout début de ma carrière, au cours deux premières années où j’ai commencé. Je prends un trio de deux filles et un garçon latinos. Ils montent à l’arrière et en quelques secondes, sans comprendre pourquoi ni ce qu’il s’était passé, une des filles s’énerve et tape le garçon. Quelque chose d’hallucinant ! Donc, je les interpelle : « Hey ! Hey ! Hey ! Que se passe-t-il ? » Et la pauvre fille me répond : « Il est en train de caresser mon amie devant moi alors que c’est mon copain !« . Qu’il soit infidèle s’il veut, mais pas dans mon taxi avec moi devant et sa petite amie à côté (rires). C’était un sacré calvaire de les calmer et d’arrêter la bagarre en pleine route.
Cap ou pas cap d’aller à Paris ?
En novembre, il y avait un nuage volcanique en Islande qui avait interrompu l’ensemble du trafic aérien en Europe. Il n’y avait pas de vols, pas de train, pas de voiture de location. Tout s’était arrêté en quelques heures. Le lundi matin, un couple m’a arrêté au Passeig Bonanova, dans le quartier Sarriá-San Gervasi. Désespéré. Elle, était très anxieuse, et a dit avec un accent français : « j’aime bien ce chauffeur de taxi ». C’était perturbant. Son compagnon m’a alors expliqué que le père de sa femme, qui vit à Paris, était décédé, et qu’ils ne trouvaient aucun moyen de se rendre dans la capitale française à cause du nuage volcanique. Ils ont donc pensé à un taxi. Ça a été le plus long voyage de ma carrière : 12 heures de route ! Même si les circonstances de cette course étaient tristes, nous sommes devenus amis pendant le trajet. Une fois arrivés, je me suis pris une nuit d’hôtel. Le lendemain, je circulais dans le centre de Paris avec mon taxi noir et jaune. J’étais super content ! Puis je suis reparti à Barcelone, avec une course à près de 1 200 €.
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