Le 23 juillet auront lieu les élections législatives en Espagne. Le parti nationaliste Vox a peu de chances de gagner les élections mais il peut devenir indispensable à la droite pour former une majorité. De fait, une partie de son programme devrait alors être appliquée. Voici les mesures principales que propose Vox.
La droite nationaliste a le vent en poupe en Europe. Italie, France, Suède, Pays-Bas, les percées électorales s’enchaînent et l’Espagne n’échappe pas à la règle. Le 23 juillet prochain, le candidat de la droite Alberto Núñez Feijóo devrait arriver en tête si l’on en croit les sondages. Cependant, le Partido Popular (PP) ne disposerait pas de la majorité absolue et devrait faire appel à Vox qui est donné en 3e ou 4e position avec plus de 12% des voix.
Si la droite pactise avec Vox, comme elle l’a fait à la fin du mois dernier au niveau local dans la région de Valence, elle devra adopter des mesures faisant partie du programme de l’extrême-droite. A Valence, par exemple, il a été convenu de ne plus subventionner les associations catalanistes, de stopper les aides en faveur du collectif LGTBI, de durcir les mesures contre les squatters, de revoir de fond en comble les politiques d’égalité entre hommes et femmes ou encore de soutenir la tauromachie.
Une Espagne recentralisée
Au plan national, Vox veut, sur le modèle territorial français, un État central fort et recentralisé administrativement. C’en serait fini donc des gouvernements régionaux autonomes. Une telle disposition est complexe à mettre en place puisqu’il faut réformer la Constitution en passant par un vote des trois cinquièmes du parlement suivi d’un référendum.
Pour aller plus vite, Vox propose de vider les compétences autonomes des régions. C’est-à-dire la dissolution des polices régionales comme les Mossos d’Esquadra en Catalogne, le démantèlement des réseaux de santé locaux ou la fin des politiques régionales d’éducation. Car toutes ces compétences sont régies par des lois ordinaires du parlement national, qu’une majorité peut révoquer.
On voit mal le Partido Popular se lancer dans une telle aventure même sous l’influence de Vox. Le consensus au sein de la population est trop important pour défaire les compétences des régions. En revanche, on peut miser sur un serrage de vis de la part du gouvernement pour le financement des territoires. Chaque année, le parlement vote dans son budget général la part qui est accordée à chaque région. La Catalogne de par sa nature identitaire et les envies d’indépendance d’une partie de sa population est dans le viseur de Vox. Il est clair que chaque geste du gouvernement envers la Generalitat sera scruté et critiqué par le parti de Santiago Abascal. La tension peut vite monter entre Barcelone et Madrid et ainsi donner un coup de fouet au mouvement indépendantiste aujourd’hui en sommeil dans une population catalane politiquement épuisée par 10 années de luttes sans résultat.
Virage conservateur sociétal
Sociétalement, Vox veut abroger toutes les lois féministes et LGTBI actuellement en vigueur dans le pays. Du changement de genre à l’avortement en passant par l’euthanasie, Vox veut passer l’éponge conservatrice sur les textes de loi écrits à l’encre progressiste. Il y a une frange du Partido Popular, souvent proche de la mouvance catholique, qui n’est pas très loin des idées de Vox.
Certes, le PP n’ira pas sur la route socialement compliquée de l’abrogation, mais pourra durcir certains textes. Notamment sur les semaines de grossesse maximum pour avorter légalement, aujourd’hui fixées à 14 dans les cas classiques et jusqu’a 22 en cas de danger pour la santé physique ou mentale de la mère. Ce dernier point pourrait être raccourci, tout comme la possibilité d’avortement pour une mineure sans en informer ses parents, ou le droit au changement de genre à partir de 14 ans.
Refonte fiscale
Vox promet la plus grande révolution fiscale de l’histoire espagnole. Une baisse radicale de l’impôt sur le revenu qui serait limité à 15% pour les salaires jusqu’à 70.000 euros et 25% au-dessus. Là encore, le PP n’ira pas aussi loin, mais à chaque passage de la droite au pouvoir en Espagne, les impôts baissent.
Climatoscepticisme
Au niveau environnemental, Vox est climatosceptique et à ce titre plaide pour la suppression des zones à faibles émissions dans les villes et une plus grande facilité de mobilité pour les voitures à essence. Ici, le gouvernement espagnol sera sous la surveillance de Bruxelles qui a financé un certain nombre de mesures dans le pays comme la création de pistes cyclables.
Europhobie
Ça tombe bien car Vox veut sortir de l’Union Européenne telle qu’on la connaît. Le parti souhaite le retour exclusif de toutes les compétences cédées à l’Europe et ne plus rendre aucun compte à Bruxelles. Sur le modèle de ce que fait actuellement la Hongrie.
Retour de l’ordre
Au niveau de l’insécurité et de l’immigration qui sont liées dans le programme de Vox, on trouve l’expulsion des délinquants étrangers et la préférence nationale. C’est la fin des aides sociales pour les immigrés. Au niveau préférence, de manière générale les militaires seront prioritaires pour occuper des emplois au sein de l’administration. Et la figure du dictateur Franco sera réhabilitée car il a « lutté pour l’Espagne dans des perspectives historiques différentes » conclue le programme de Vox.
Il est évident que les politiques migratoires et de sécurité seront durcies avec le retour de la droite au pouvoir, comme c’est le cas à chaque passage du Partido Popular aux affaires. Concernant l’héritage franquiste, la droite est ambiguë et refuse de condamner ouvertement le régime antérieur au nom de la réconciliation de la société espagnole.
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