Pepita est centenaire et veut profiter de la vie en se rendant sur la piste de danse de la plus célèbre discothèque du Raval de Barcelone.
La Paloma, ouverte depuis 1903 et l’une des plus anciennes discothèques au monde, est le lieu mythique qui apparaît dans le film français l’Auberge espagnole. Boite de nuit culte du Raval, c’est aussi un rendez-vous musical incontournable tous les dimanches après-midis avec son thé dansant.
Un moment que ne veut surtout pas manquer Pepita du haut de ses presque 104 ans, qu’elle fêtera le 15 juillet prochain. « Je ne raterai jamais un dimanche et je danserai tant que je pourrai », a confié la centenaire à nos confrères de Beteve, ajoutant qu’elle n’avait pas « honte de danser devant des gens plus jeunes qu’elle ».
Pepita est une cliente fidèle de cette boite de nuit qu’elle a connue alors qu’elle avait seulement 17 ans. Durant cette année 1936, Les Espagnols entraient dans la dictature franquiste où il était interdit pour les jeunes filles de sortir danser seules. Par goût de la rébellion, raconte-t-elle aujourd’hui, elle a mis du rouge à lèvres (comportement aggravant pour l’époque) et elle est partie avec une bande de copines à la recherche d’une boite de nuit barcelonaise. Après avoir essuyé moult refus, le groupe est tombé sur un videur sympathique de La Paloma qui les a laissées entrer.
Une histoire qui traverse le temps
Une histoire musicale entre la Barcelonaise et le Club qui va durer 70 ans. « Je travaillais dur le jour et la nuit j’allais danser », résume cette ancienne commerçante. Pour Pepita et tous les habitués, la mauvaise nouvelle est tombée en décembre 2006 quand la salle fut fermée par un arrêté municipal, après avoir été sanctionnée pour non respect de la réglementation en matière de bruit.
La propriétaire des lieux Mercè March s’est alors lancée dans des travaux de réduction du niveau sonore pour répondre à la réglementation municipale en vigueur à l’époque. La Paloma voulait rouvrir au plus vite. Un chemin de croix car il est bien plus facile d’appliquer les normes actuelles dans un bâtiment récent des quartiers modernes que pour la Paloma, construite en 1903.
Rouverte depuis quelques semaines, la Paloma fait de nouveau le plein et ravive les souvenirs des habitués. Car pour Pepita, la Paloma est aussi une histoire d’amour. Devenue veuve, elle a rencontré son second mari sous les stroboscopes de la boite à l’âge de 63 ans. Pour illustrer la clubbeuse centenaire, on hésite entre deux tubes de Dalida : laissez-moi danser ou mourir sur scène. En tous cas, Pepita ne partira pas avant la fin de la chanson.