Loin de l’agressivité, près de la sécurité. À Barcelone, des familles françaises ont trouvé le compromis pour satisfaire à la fois la quête d’une ambiance plus chaleureuse et celle d’une vie scolaire plus calme. Témoignages.
Photo : Ajuntament Barcelona
Associer l’expatriation à la fuite serait réducteur. Mais à Barcelone, il existe une échappatoire qui réunit bon nombre de Français : celle du climat général de l’Hexagone. « Dans ce cas-là, il s’agit d’une fuite consciente. Ce sont souvent des familles qui viennent chercher à Barcelone la sécurité pour leurs enfants et pour elles-mêmes », explique Agathe Fourgnaud, psychothérapeute dans la capitale catalane. Il faut dire que, côté frontière française, les tensions sont vives. Encore récemment, l’attaque de plusieurs enfants à Annecy a remué le pays. Des ados agressés trop de fois, des cambriolages, des crimes. Et si Barcelone était le remède à un quotidien angoissant ?
« On retrouve pas mal de familles venues de la région parisienne ou du sud de la France, comme Marseille, Montpellier ou Nîmes », commente la psychanalyste. Des lieux, qui ces derniers temps drainent pas mal de faits-divers. Et poussent volontiers ceux qui y vivent à trouver en Catalogne une éducation et un avenir plus sereins pour leurs bambins. D’ailleurs, non loin du quartier de la défense de la capitale française, Dorothée et Matthieu sont en plein dans les cartons. « On s’installe cet été à Sitges. Notre fils ira à l’école Bel Air de Sant Pere de Ribes », annonce la maman de deux garçons de 7 ans et 6 mois. Si, comme bien d’autres, la principale motivation de leur déménagement prend la forme d’un soleil, ils ont toutefois ajouté à la liste celui de l’enseignement. Ou plutôt, l’ambiance qui gravite autour.
L’espoir d’une éducation loin de la violence
« On a vu le changement entre la maternelle et l’élémentaire. L’esprit d’équipe ou collaboratif entre les enfants n’est pas facilité par rapport à l’Espagne », remarque Dorothée. Un point également remarqué par la psychothérapeute Agathe Fourgnaud : « Dans les écoles en Espagne, on apprend aux enfants à se construire d’abord en tant que groupe alors qu’en France, on privilégie l’individu. » Or, à ce fait culturel, il faut désormais ajouter quelques astérisques à base de harcèlement entre enfants et violences. « On hallucine de ce que peut nous raconter notre fils. C’est ´un tel a mis un tel au sol´, les plus grands l’empêchent de jouer à la récré, ils le mettent en prison pour l’embêter, énumère Dorothée. On est à la limite de Nanterre donc ce n’est pas le top. »
Pourtant, cette mère de famille a toujours vécu en région parisienne. Mais depuis dix ans, et d’autant plus après avoir goûté à la vie à l’étranger, elle atteste : « l’agressivité a monté en région parisienne. On voit la différence déjà avec la province alors, on espère que ce sera le cas aussi en Catalogne ». De cet espoir, Olivier et Françoise ont été guidés eux aussi. Enfin surtout lui, à l’image d’un père protecteur pour ses deux filles. « Il trouvait que c’était mieux que les enfants vivent dans un endroit plus paisible », explique sa femme.
Ce couple de Montmorency a sauté le pas en août 2017, juste avant que leurs enfants n’entrent au collège. « On avait entendu dire qu’à partir du collège, les jeunes des banlieues autour d’Epinay pouvaient arriver et il y avait des soucis de rackets notamment », raconte Françoise. Des on-dit qu’ils ont alors préféré éviter, par manque de confiance en leur environnement. Même si, aucun établissement ne peut échapper aux problèmes de harcèlement et agressions, cette Française de Barcelone affirme : « c’est plus tranquille ». Ne serait-ce que marcher dans la rue le soir, ou laisser les enfants rentrer tard. « Comme les Espagnols sortent le soir, cela génère un sentiment de sécurité ».
Au bout du compte, selon Françoise, les deux filles, aujourd’hui âgées de 10 et 13 ans, n’ont sûrement pas remarqué de différences entre l’enseignement en France ou en Espagne. En revanche, la localisation convient, à coup sûr, davantage à leurs deux parents. Moins stressant, plus multiculturel, plus chaleureux. Mieux vaut prévenir que guérir ?