Ma vie de professeur de bachata à Barcelone

Et si le métier d’une personne pouvait conditionner sa vie ? Qui n’a jamais rêvé, le temps d’une journée, de changer de métier ? Pour vous, Equinox part à la rencontre de ces personnes sans qui la vie à Barcelone ne serait pas la même. Une manière de s’imaginer, le temps d’un instant, dans le quotidien d’un autre habitant de la cité comtale au métier intrigant.

Il est l’actuel champion du monde de bachata, vient du Venezuela et déborde d’énergie. Jorge Infante est arrivé à Barcelone il y a seulement 2 ans. Surnommé « El Bomba », il a ouvert sa propre école de danse dans le quartier de Sants.

Professeur et danseur pour son plus grand bonheur, il organise aussi des événements un peu partout dans la cité comtale. Avec un diplôme d’ingénieur informatique en poche, il se rend compte en 2005, que la danse est sa passion. Il va alors en faire son métier.

Comment as-tu commencé à danser ?

Mon oncle était un grand danseur et quand je le voyais faire, je me disais « je veux faire ce qu’il fait ». C’est seulement après mes études, à 24 ans, que j’ai appris les premiers pas de bachata, avant cela je dansais seulement pour m’amuser. C’est à partir de là que je me suis découvert une vraie passion. Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire de ma vie. Pendant 3 ans, j’ai allié travail et danse, puis en 2008, je me suis consacré à 100 % à la danse.

Quand es-tu devenu professeur ?

Je suis partie me former à Cuba. J’y ai appris à danser la salsa, la bachata et la kizomba. J’ai ensuite créé mon école et je faisais aussi beaucoup d’événements en extérieur. Le plus gros par exemple, c’était en 2009, dans un parc. Il y avait 2 500 personnes réunies pour danser.

Pourquoi être venu t’installer à Barcelone ?

Par amour. Au départ, quand je suis partie de mon pays en 2018, je ne pensais pas à l’Europe, mais plutôt aux États-Unis, j’avais le rêve américain en tête. J’ai vécu un an à New York et un an au Chili, et c’est là que j’ai rencontré une Catalane. Du coup, je suis venu m’installer ici, avec elle.

Quel est ce trophée qui trône sur ton bureau ?

C’est mon titre de champion du monde. L’année dernière, j’ai participé aux championnats du monde de bachata à Alicante. Un jour, on m’a appelé pour me dire que j’étais sélectionné. J’ai directement commencé à travailler, j’ai imaginé la chorégraphie et je me suis beaucoup entraîné. Il y avait 16 participants de plusieurs pays du monde. Et j’ai gagné le titre, donc je suis l’actuel champion du monde. C’est une fierté, après tant de travail.

Une anecdote à nous partager ?

En 2010, je suis allé voir Romeo Santos en concert (un grand chanteur de bachata). Et il m’a fait monter sur scène avec lui, sauf que j’étais tellement intimidé que je n’ai pas dansé. Ma copine de l’époque était dans le public, elle filmait et elle criait « danse, mais danse », et moi je n’ai pas bougé. Avec du recul, j’en rigole parce que je suis pas du tout comme ça d’habitude. Je suis très à l’aise sur scène, et puis danser c’est quand même mon métier.

Un mauvais souvenir dans ta carrière ?

C’est un mauvais souvenir, mais c’est positif à la fois. Ça c’est passé en 2011. Je faisais un spectacle et en fait je n’avais pas prévu autant de monde. Il y avait 1 200 personnes. Dehors il y avait une queue énorme, les gens étaient assis par terre. Ça a pris beaucoup de temps car la fille à l’entrée était toute seule. Du coup, le spectacle a commencé avec 1h15 de retard ! L’organisation était une catastrophe, mais c’était positif car ça a ramené beaucoup de monde.

Est-ce qu’être danseur, ça aide pour draguer ?

Bien sûr (rires). Les événements de danse sont très propices aux rencontres, car la plupart du temps, tout le monde danse avec tout le monde. Donc ça aide beaucoup à créer des liens. J’ai d’ailleurs rencontré mon ex-compagne comme ça. Je l’avais remarquée dans un événement de danse mais je n’arrivais pas à danser avec elle car quelqu’un lui proposait toujours avant moi. Puis j’ai arrêté d’aller là-bas, et deux mois après, elle est venue à l’un de mes événements. Je l’ai directement reconnue et ce jour-là, elle m’a remarqué, on a dansé et c’est comme ça que notre histoire a commencé.

Gagnes-tu bien ta vie ?

Oui, je gagne entre 3 000 et 3 500 euros par mois environ. Cela peut varier en fonction des mois puisque je suis à mon compte. Cela dépend du nombre de personnes qui viennent à mes événements et qui demandent des cours particuliers. Avec l’école et les événements, je travaille beaucoup, mais j’aime ce que je fais et ça c’est le plus important.

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