C’est toujours avec une certaine tendresse que les Français installés depuis longtemps à Barcelone observent les nouveaux arrivants. Beaucoup ont suivi le même rite d’initiation à leur arrivée et il y a des signes qui ne trompent pas : en voici 15.
Il dit « Barça » au lieu de « Barna »
Barna. Avec un « n », et non un « ç ». C’est ainsi qu’on la surnomme, la capitale de la Catalogne. A une lettre près, elle pourrait emprunter son surnom au club de foot, mais Barna est bel est bien l’appellation de Barcelone. A quoi lui doit-on ce surnom ? Les plus anciennes archives de la Generalitat de Catalogne remontent aux années 1930. Entreprises, agences de presse, marchés, transports : le pseudo de Barcelone s’utilisait déjà couramment. Notamment dans les années 70 et 80.
La contraction de la première et dernière syllabes du toponyme arrange. A l’époque de la communication en morse, il fallait 36 temps pour écrire Barcelona contre 18 pour Barna. Soit exactement la moitié, en enlevant quatre lettres seulement. Plus rapide donc.
Il met des copies de la météo sur son Insta pour faire rager ses amis en France
Un grand classique.
Il a de la visite de ses amis de France toutes les semaines
C’est un fait, quand l’on s’expatrie à Barcelone, nombreux sont les amis qui veulent passer un petit séjour avec le nouvel arrivant. Une situation qui peut déplaire à certains expatriés français. Ces derniers utilisent même des excuses, aussi originales que drôles, pour éviter la venue, parfois intrusive, de proches.
Installée à Barcelone depuis septembre 2022, Tiphaine vit dans le quartier de Sant Adreu. Après sa récente arrivée, elle a remarqué que certains proches la contactent davantage pour espérer séjourner chez elle, pour un court voyage dans la capitale catalane. « Quand nous vivions à Orléans, nous étions clairement moins sollicités ! », a-t-elle raconté à Equinox.
Il va au Shoko et au Pacha
Par la suite, il se rend compte qu’il y a moins de touristes au Razzmatazz ou à l’Apolo, et que c’est mieux et moins cher.
Il n’a pas encore de NIE
Les prises de rendez-vous ne sont pas faciles pour décrocher le fameux numéro de résident étranger en Espagne : le NIE. Ce sésame, indispensable pour vivre à Barcelone, est de plus en plus difficile à obtenir. Non pour le dossier à constituer, assez simple, mais pour le peu de rendez-vous disponibles. Moins de personnel, retards découlant de la pandémie mais aussi de la crise des réfugiés ukrainiens, les raisons expliquant la faible disponibilité des services dédiés aux étrangers sont multiples. Mais c’est en Catalogne que la situation est la plus critique. Il faut en moyenne deux à trois semaines pour obtenir un rendez-vous dans la banlieue de Barcelone. Les créneaux dans la capitale catalane sont presque inaccessibles, mieux vaut donc élargir la recherche aux communes limitrophes.
Il se baigne dans la mer de la Barceloneta
Clairement, ce n’est ni l’endroit le plus propre, le plus beau ni le plus sûr de la région.
Il vit dans une coloc lugubre et visite des apparts toute la journée pour trouver mieux.
Vivre en colocation à Barcelone est devenu la norme depuis quelques années. Contrairement aux autres métropoles, comme Paris et ses fameuses chambres de bonnes sous les toits, Barcelone ne possède que très peu de studios ou d’appartements individuels. Ayant, à l’inverse, beaucoup de grands appartements conçus pour des familles, la colocation est donc très vite devenue la seule solution pour les nouveaux arrivants.
Mais cette demande de logements partagés reste considérablement supérieure à l’offre proposée dans la ville catalane. “Ce problème persiste depuis au moins 10 ans”, affirme Jean-Bernard Mattiuzzo, agent immobilier à Barcelone. Selon lui, le tourisme a sa part de responsabilité dans l’instabilité du marché, car “les propriétaires préfèrent louer à la semaine ou au mois pour des touristes, c’est beaucoup plus rentable”.
Des semaines, parfois des mois de recherches, de refus, de méfiance par peur de se faire arnaquer, ou de mauvaises surprises une fois installé, la colocation n’est pas aussi idéale que le montre L’Auberge espagnole. Film culte des années 2000, beaucoup de Français, comme Xavier, interprété par Romain Duris, se sont laissés tenter par la colocation et passent un séjour qui fait rêver. Aurore, résidente de Barcelone depuis 6 ans, a vécu plusieurs mois en colocation, mais affirme ne plus jamais vouloir vivre ça de sa vie : “c’était sale, pire que des toilettes d’une station-service”, “il [son colocataire] ne nettoyait jamais derrière lui, le pire porc que j’ai jamais vu”. Aujourd’hui, la jeune femme “préfère mettre le prix pour un loyer que de revivre une colocation”.
Il prend de la Sangria pour boire local
Alors, non, les locaux ne boivent pas de sangria en été. La bière est la boisson préférée des Catalans en été, selon un sondage est la bière pour 59,7% d’entre eux, suivie de l’orxata (14,5%) et des jus de fruit (11,3%), selon l’enquête ‘L’été idéal des Espagnols’ réalisée par Madison Market Research.
Il appelle les lignes de métro par leur numéro et non par leur couleur
Même si les lignes de métro possèdent un numéro, rares sont les Barcelonais qui l’utilisent. « Je prends la jaune, la bleue, la verte et la violette » font partie du langage courant.
Il sort tous les soirs en boîte
Jusqu’au jour où son corps qui lâche lui dit gentiment : « je voudrais aussi dormir, merci. »
Il enchaîne les meet-ups pour se faire des amis
Ville cosmopolite, bouillonnante, et surtout remplie d’événements. Mais au milieu de plus d’un million d’habitants, il faut quand même arriver à faire sa place. À vrai dire, rencontrer de nouvelles personnes aujourd’hui à Barcelone, c’est simple comme Bonjour. Il suffit d’un clic. « Grâce à Instagram, Facebook, et l’application Meet-up, c’est facile. J’aurais aimé avoir ça au début », témoigne Laëtitia, 42 ans, originaire de Franche-Comté.
Elle, a débarqué à Barcelone en 2007. Maintenant, elle utilise beaucoup l’application Meet-Up pour faire des randonnées à plusieurs, avec des étrangers et des Catalans. « C’est super pour s’intégrer », assure la Française. Mais tous ne vivent pas les Meet-Ups de la même façon. A croire que certaines activités sont plus « saines » que d’autres. Car sur l’appli, on trouve de tout. Sport, ateliers, soirées. Et les rencontres dans les bars peuvent aussi être plus risquées. Parfois, on se retrouve à discuter un peu trop longtemps avec un inconnu, à devoir lui payer ses verres et tapas. D’autres fois, on a presque l’impression d’être dans un speed dating non voulu.
Il ne sait pas qui est Pere Aragonès
Pour ceux qui ne savent toujours pas, il s’agit du président de la Catalogne.
Il filme les spectacles de rues devant la Cathédrale
Avant que la lassitude ne le gagne.
Il prend des cours de bachata ou de salsa
Le nouvel arrivant veut s’essayer aux danses latinos, qui font aussi partie de la vie locale. Cela passe par des cours de bachata ou salsa qui foisonnent dans la ville, en salle ou en plein air.
Il a encore un numéro commençant par +33
Certains ne s’en séparent jamais.