Expatriés à Barcelone : la France loin des yeux, près du coeur

Et s’il suffisait de partir pour apprécier ce que l’on quitte ? À Barcelone, certains expatriés français s’étonnent d’aimer encore plus leur pays d’origine depuis qu’ils n’y vivent plus. Témoignages à la lueur d’une France loin des yeux, mais près du cœur.

Photo : Clémentine Laurent/Equinox

Faut-il quitter le nid pour mieux l’aimer ? À Barcelone, les expatriés français qui ont pris leur envol de l’autre côté de la frontière se redécouvrent parfois une affection oubliée pour leur pays. Idéalisation ou nostalgie ? Entre le manque et la distance, certains Français voient en leurs origines des petits riens d’autrefois, qui font désormais tout.

Un accent du sud, qui fait plaisir à entendre. Des traditions comme les matchs de rugby au stade, entre amis ou en famille. Et puis, évidemment, « la nourriture », assure Marine, Toulousaine de 29 ans. « C’est bien les tapas, croquetas et pan con tomate. Mais j’aime rentrer à la maison pour les plats raffinés, les bonnes viennoiseries sans sucres ajoutés, le cassoulet ». Celle qui étudie dans la capitale catalane depuis trois ans en vient même à regretter les « barbecues avec un petit Ricard, ou un verre de rosé » au bord de la piscine. Luxe de la campagne française, ou d’une gastronomie bleu-blanc-rouge indémodable. D’autant plus appréciable avec le temps.

Car il est vrai « qu’au bout de six mois-un an », les Français pointent souvent le bout de leur nez dans les épiceries aux produits nationaux, expliquait Marion Pyo, gérante de la Maison Puyvalin dans le centre de la capitale catalane, dans un autre article d’Equinox.

touriste barcelonePhoto : Clémentine Laurent/Equinox

Des petits plaisirs français oubliés

« Il y a plein de choses que je ne mangeais pas avant en France et qui me manquent aujourd’hui », renchérit Eric, 43 ans. Après 15 ans à Barcelone, l’entrepreneur originaire de Béziers s’étonne même d’une passion pour l’Orangina ou encore le bœuf bourguignon. Un plat en sauce qu’il jugeait auparavant « trop conservateur », mais maintenant « très classe ». À l’image que lui laisse l’Hexagone, et celle qu’elle véhicule à l’international. Comme si s’expatrier faisait de soi le parfait étranger. Celui qui savoure le meilleur en laissant de côté le moins bon.

« Je pense que j’aime bien plus la France depuis que je suis à Barcelone, renchérit le sudiste. Dont des aspects du quotidien que je n’aimais pas avant. » Entre autres : le manque de festivités, le calme. Alors que depuis trois ans, Eric se surprend à valoriser le silence entre les matchs de Roland-Garros, le ton posé du journal de 20 h, l’absence de frénésie qui, a contrario, colle à la peau de l’Espagne. Et puis aussi, ses espaces.

« Je n’ai jamais autant voyagé à travers la France »

Car s’il y a bien une chose dont les expatriés ne se seraient pas doutés en quittant leur contrée, c’est de vouloir y retourner pendant leurs vacances. « J’ai appris à profiter davantage des paysages et de leur richesse. Je n’ai jamais autant voyagé à travers la France depuis que je n’y vis plus », sourit Lou, 34 ans. Voilà neuf ans que la jeune femme a fait ses valises pour la Thaïlande, d’abord, puis Barcelone ensuite. Elle ne compte pas pour autant les reposer en France. Question d’ambiance générale et de mentalité. Mais elle avoue, tout comme Eric, s’intéresser aux régions françaises plus qu’autrefois.

Randonnee montagne nature paysage mer Photo visitpirineus.com« Alors que quand j’étais en France, on m’aurait dit `va au-dessus de Lyon, à Tours, en Normandie ou en Bretagne´ ce n’était pas la peine d’y penser », rigole le quarantenaire. Il ajoute même, ironiquement : « Et je ne suis pas sûr que cela m’attire si j’habitais encore dans l’Hexagone ». Ne dit-on pas que l’herbe est toujours plus verte ailleurs ? Alors lorsque l’ailleurs se trouve à côté, le compromis frôle la perfection.

Les avantages sans les inconvénients, à Barcelone

« Comme on est à la frontière, on peut ramener le meilleur de la France sans les inconvénients », ajoute Eric. Moins d’insécurité, une vie plus abordable, à seulement quelques kilomètres de son chez-soi. Barcelone possède cet atout incroyable qui est sa position géographique, pour tous ces Français nostalgiques (mais pas assez pour retourner au bercail). C’est ainsi que le voit Lisa, actuellement à Berlin. A 28 ans, elle s’est mise au chômage dans l’optique de s’installer dans la cité comtale. « J’ai le sentiment que les choses de la France qui me manquent tant, je les retrouverai à Barcelone. Ou du moins en partie », explique l’Agenaise.

Dans ce bout d’Espagne, elle compte récupérer un quotidien entre mer et montagne. Entre ski et plage. Entre climat agréable et variété de paysages. Près de sa terre natale, mais suffisamment loin pour pouvoir, comme beaucoup d’autres, faire partie d’une minorité de Français : expatriés et privilégiés de ne vivre que les bons côtés.

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