Des nuits barcelonaises, 100 % françaises. C’est ce que proposent les line-ups d’artistes des discothèques de la capitale catalane, à l’aube du boom touristique. Une stratégie finalement élaborée et destinée à un public « bleu-blanc-rouge ». Le plus intéressant de Catalogne.
Soso Maness, Orelsan, Alonzo, Vegedream. Le line-up estival du Shôko, l’une des boîtes de nuit les plus connues de Barcelone, n’échappera à aucun Français tant leurs noms résonnent partout, outre frontière. Dans cette discothèque de bord de mer, pas un seul week-end sans qu’un artiste ou DJ francophone ne soit à l’affiche. La tendance commence dès maintenant, avec La Fouine en live le 31 mai, suivi de L’Algerino fin juin. Les deux ouvrent alors le bal d’une programmation 100 % tricolore. À l’image de ses adeptes.
« Les discothèques choisissent les artistes français parce qu’elles savent qu’il y a beaucoup de Français résidents à Barcelone et que tous ceux qui arrivent ici en vacances peuvent venir voir ces DJ ou chanteurs », assure Ramon Mas, secrétaire général du syndicat des boîtes de nuit en Espagne. Celui qui possède le Wolf, à Poblenou, sait combien la capitale catalane attire, les frontaliers notamment. « Notre proximité avec la France compte pour beaucoup. Et évidemment aussi, pour les Français, ça reste moins cher de faire la fête à Barcelone que dans leur pays », ajoute le représentant du secteur. Alors nul doute selon lui : c’est pour cette raison que les line-ups barcelonais prônent les rappeurs bleu-blanc-rouge et n’hésitent pas à arborer le drapeau français à côté des noms des DJs.
Les Français, premiers touristes à Barcelone
Il faut dire que la cible francophone est intéressante. Touristiquement parlant, d’une part, mais aussi et avant tout, économiquement. Entre les mois d’avril et mai, les Français représentent le premier marché international de Barcelone et de la Catalogne. À eux seuls, ils constituent près de 20 % des touristes de la région, en se dirigeant sur la Costa Brava en premier lieu, puis Barcelone. En 2022, la cité comtale attirait 22 % des Français. De quoi offrir un bon vivier aux entrepreneurs barcelonais qui font tourner leur entreprise à plein régime durant l’été.
À en croire les chiffres de l’Agence catalane du Tourisme, les Français dépensent environ 119 € par jour. En mars 2023, le budget total d’un visiteur grimpait à 579 €, pour un séjour moyen de 5 jours. « Ce sont ceux qui dépensent le plus derrière les Américains », précise Patrick Torrent, directeur de l’organisme. Un montant versé aussi bien dans les visites, sorties culturelles et gastronomiques, que dans le monde de la nuit. Car le profil type du voyageur français matche bien avec l’esprit fêtard de Barcelone. Il est âgé de 30 ans, vient en couple, et cherche à s’amuser. Les dirigeants de discothèques auraient-ils trouvé les bons appâts ?
À en croire leur calendrier musical, du moins, ils semblent avoir visé juste. Languedoc-Roussillon, Île-de-France et Midi-Pyrénées symbolisent le podium des régions de provenance des touristes français. En clair : Paris, sa banlieue, Marseille, et le sud de la France. À la fois harem et berceau du rap et hip-hop de l’Hexagone. Celui, donc, qui sera fier de chanter haut et fort les sons qu’il connaît sûrement par cœur. N’y a-t-il pas meilleur accueil ? Ou parfaite idée pour se sentir bien, prêt à consommer la musique de chez-soi toute la nuit, qu’importe le prix ? Tout le monde y trouve son compte. Au petit matin, à la fermeture de la piste, entreprise et clients seront de toute évidence comblés.
A lire aussi : Les discothèques de Barcelone les plus mal fréquentées