Retour de la tourismophobie à Barcelone. Vendredi 12 mai, les habitants du quartier du Park Güell manifesteront contre « l’invasion des touristes » et les problèmes qui en découlent.
À un mois de la haute saison touristique à Barcelone, le ras-le-bol des locaux commence déjà à se faire entendre. Cette année, ce sont les habitants du quartier de la Salut qui ouvrent le bal de la tourismophobie. Une manifestation est programmée ce vendredi 12 mai, à 17 h, au départ de la Rambla Mercedes jusqu’à la carrer Larrard, à quelques rues de l’entrée du mythique Park Güell.
Tous les ans, ce haut lieu touristique dessiné par l’architecte catalan Gaudí reçoit pas moins de 9 millions de visiteurs. Depuis 2020, le quota d’entrée est désormais limité à 4,5 millions, et 15 000 par jour. Un nombre encore beaucoup trop élevé aux yeux des riverains. Selon eux, l’accès et la circulation des bus saturent. Les décibels explosent au-delà des 70 « à cause des klaxons ». Les alentours des écoles deviennent dangereux. Les incivilités se multiplient. Et plus de 2 000 taxis et VTC circulent quotidiennement dans le quartier.
En clair, la liste des problèmes est longue. « Nous habitons Rambla Mercedes depuis deux ans. Il y a un flux très soutenu surtout l’été. Il m’est arrivé plusieurs fois de me faire klaxonner à vélo par des taxis parce qu’ils ne pouvaient pas circuler« , commente Raphaelle Simunek, mère de famille française installée depuis deux ans sur la Rambla Mercedes, une rue qui monte au Park Güell.
Mais selon Olivier Contel, président de l’association Elite Taxi, « ces riverains ont les mêmes problèmes que bon nombre de locaux à Barcelone, qui vivent proches des zones touristiques », comme La Sagrada Familia, le Camp Nou, la Barceloneta, la Cathédrale… Pour n’en citer que quatre.
« On ne peut pas renoncer à 4,5 millions de clients »
Face à la colère, bien que comprise par les pointés du doigt, le représentant des véhicules noirs et jaunes perd patience. « Ils ont décidé que ce serait les taxis le problème, alors qu’ils ont dans le centre du quartier un lieu qui attire des millions de touristes. Nous, on ne peut pas renoncer à 4,5 millions de potentiels clients par an ». La première tentative d’entente fut un échec, estime Olivier Contel. Une seconde réunion en présence des taxis et de la mairie a été refusée, « car ils avaient rencontré la municipalité avant nous ».
Pourtant, selon lui, ce serait la meilleure des alternatives. En imaginant un quartier totalement piéton, avec un arrêt spécifique aux taxis par l’entrée du Carmel, les habitants de la Salut pourraient y trouver leur compte, assurent le représentant d’Elite Taxi et Raphaelle. Alors, pourquoi pas une nouvelle superilla ? Pour le reste, les incivilités et insécurités, l’affaire revient entre les mains de la police catalane.