Insécurité : les touristes en première ligne à Salou

discothèques salou

La commune tarragonaise de Salou, avec près de huit millions de touristes par an, est secouée par le crime organisé. Au moins trois personnes ont été tuées en un an dans deux fusillades. Retour sur ce phénomène.

À Salou, commune prisée par les touristes français, l’insécurité et la violence règnent. Une situation qui inquiète de plus en plus les voyageurs. « Ce n’est pas normal », confie un Français à nos confrères d’El País, alors qu’il fait monter ses enfants dans la voiture. Il a décidé de quitter l’hôtel où il logeait à Salou (Tarragone) pour y passer quelques jours de vacances avec sa famille. La famille a été témoin d’un acte surréaliste le 3 mai dernier.

Après dix heures du soir, ce mercredi, il rejoint l’hôtel avec son épouse et ses enfants. Alors qu’ils montent les escaliers, ils croisent un véhicule noir garé devant la porte et échangent brièvement un regard avec les deux jeunes hommes qui s’y trouvaient, sans pour autant leur accorder d’importance. Lorsque le père de famille leur tourne le dos, en plaçant la carte dans le lecteur pour entrer dans l’hôtel, il entend une première rafale de coups de feu, des cris, puis une seconde rafale. Rapidement, il attrape ses enfants et court dans le couloir en sens inverse des tirs. Deux personnes ont été tuées pratiquement sous les yeux de la famille, se souvient-il, encore affecté. « Ce n’est pas sûr, surtout pour les enfants », déplore-t-il. À Salou, les règlements de compte sur fond de trafic de drogue se multiplient.

Crime organisé

Au moins trois personnes ont été tuées en un an dans deux fusillades dans la commune tarragonaise. Les caractéristiques de ces actes barbares sont similaires : des jeunes, d’origine française, sont abattus en pleine rue dans des querelles liées au trafic de drogue. Sur la façade vitrée de l’établissement d’hébergement de Salou, au bout d’une impasse, on peut voir l’impact des balles sur le verre et sur le mur. Les deux victimes, deux jeunes, séjournaient également dans cet hôtel, comme l’a rapporté le Tribunal supérieur de justice de Catalogne, après que le tribunal d’instruction de Tarragone a autorisé la perquisition de leurs chambres.

voleur à Barcelone

La scène a été rapide. Une Renault Captur blanche est arrivée à dix heures et demie du soir à hauteur de la voiture noire des deux victimes, garée devant la porte de l’hôtel. Des hommes cagoulés avec des armes longues en sont sortis et ont ouvert le feu. L’homme qui était au volant est décédé sur le coup. Selon des témoins, l’autre s’est enfui vers un petit monticule dans la région et a également été abattu par plusieurs coups de feu. Les secours ont réussi à le transférer vivant à l’hôpital, où il est décédé le lendemain. Les auteurs de la fusillade ont pris la fuite, mais la police a pu intercepter la voiture dans une aire d’autoroute à une quinzaine de kilomètres. Ils n’ont pu retenir qu’un jeune de 24 ans d’origine française, les autres ont fui à pied. À l’intérieur du véhicule, les agents ont trouvé des armes et même des grenades. Les Mossos recherchent toujours au moins trois autres personnes impliquées, selon ces mêmes sources.

Trafic de drogues en filigrane

Le 9 mai 2022, Salou a également été secouée par un meurtre en pleine rue, aux caractéristiques très similaires. Des hommes armés ont tiré à bout portant sur un Français de 20 ans qui était en vacances dans la commune. Les témoins ont réussi à retenir l’une des personnes impliquées et les autres se sont échappés. C’était un crime qui opposait deux clans rivaux de trafiquants de drogue. Des mois plus tard, la police catalane a arrêté les trois autres hommes suspects en France, qui s’étaient rendus à Salou pour mener à bien leur vengeance.

« Si c’est quelque chose entre eux, ils ne vous poursuivront pas », déclare un Néerlandais, qui demande à ne pas être identifié et qui séjourne également dans ce même hôtel à Salou. Il est l’un des rares à minimiser ce qui s’est passé. Il profite avec un ami français de ses courtes vacances catalanes. Le risque, admet-il, est que l’une de ces rafales frappe quelqu’un par erreur. « Si vous êtes assis là, dès que cela arrive, c’est fini pour vous », déclare-t-il en pointant du doigt le trou laissé par l’une des différentes balles dans la façade du bâtiment. Des scènes qui alimentent l’inquiétude grandissante des touristes…

Recommandé pour vous

Bloqueur de pubs détecté

Merci de désactiver votre bloqueur de publicités pour accéder gratuitement aux contenus d'Equinox.