S’expatrier à Barcelone, c’est souvent un choix. Certains le font pour changer de vie, d’autres pour l’amour de la ville ou encore une opportunité professionnelle. Mais Barcelone n’est pas tout le temps choisi pour ses traditions catalanes.
Photo : Clémentine Laurent
Expatriation et adaptation sont deux mots qu’on ne sépare pas. Vivre dans un autre pays signifie s’imprégner d’une nouvelle culture. Pour les Français installés à Barcelone, il est relativement facile de s’acclimater au mode de vie barcelonais. Et pour cause, il est souvent qualifié de plus agréable que celui de l’Hexagone. Mais les Français n’en oublient pas leurs traditions pour autant.
En position de force sur le marché du travail
« Les Français ont cette sensation d’être utile, que l’on a besoin d’eux ». Un comportement qui peut paraître un peu prétentieux, mais qui paye. Pour Marion Suffert, conseillère en gestion de carrière, cette attitude justifie leur facilité à trouver du travail. Parfois même plus que les Barcelonais eux-mêmes.
Les expatriés français sont présents dans de nombreux secteurs du domaine du travail. Majoritairement dans l’alimentation et le conseil « car les Français ont la tchatche et manient l’art du langage ».
Certains d’entre eux viennent aussi s’installer en Espagne pour démarrer une activité en tant qu’entrepreneur. « Ils ont tendance à croire que ça va être plus facile de monter un business en Espagne », remarque Marion. Même si cela ne se vérifie pas scientifiquement, de nombreuses associations d’entraide sont présentes pour les Français dans la cité comtale. « C’est vrai que souvent cela fonctionne pour eux », avoue-t-elle.
Malgré leur facilité à trouver du travail, les expatriés se voient obligés de s’accorder avec le mode de recherche Barcelonais. « En France, le réseau, c’est vu comme du piston alors qu’ici, c’est prioritaire dans la recherche d’un emploi », explique la conseillère en gestion de carrière. Les Espagnols n’accordent pas la même importance à leur carrière professionnelle que les Français. « Ici, quand on rencontre quelqu’un, on ne lui demande pas ce qu’il fait dans la vie, mais plutôt ce qu’il aime », constate Marion. C’est un coup à prendre, mais de ce point de vue là, les Français de Barcelone n’ont pas de mal à s’adapter.
« Les Français se mélangent beaucoup ».
La majorité des Français installés à Barcelone vivent dans le centre. 6,7 % d’entre eux vivent dans la Dreta de l’Eixample et 5,8 % à la Vila de Gràcia. Sant Pere, Santa Caterina et Ribera arrivent ensuite. Des quartiers parmi les plus chers de la ville, ce qui reflète le niveau de vie plutôt aisé des Français de Barcelone. Présents malgré tout, un peu partout dans la ville, ils se fondent dans le décor.
Ramon Mas, propriétaire du bar le D9 à Poblenou, est arrivé à la même conclusion. « Les Français se mélangent beaucoup ». Pour lui, la différence dans la consommation ne se fait pas en fonction de la nationalité, mais plutôt en fonction de l’âge. « Les Français aiment être entre eux, c’est vrai, mais ils aiment aussi être avec les autres », affirme Ramon. Que l’on soit Barcelonais ou Français, « tout le monde aime la musique, danser, boire, et partager » .
Barcelonais dans l’âme, mais attachés à leurs traditions
En revanche, quand il s’agit de manger, les Français restent attachés à leurs habitudes. Marion Pyo est expatriée et responsable d’une épicerie fine de produits français. Avec une clientèle à 60 % française, elle vend fromage, vin, pâtés et bien d’autres produits du terroir. « J’ai des clients qui viennent acheter du fromage parce que ça leur manque bien sur, mais aussi pour faire découvrir aux personnes autour d’eux », confie-t-elle.
Il y a des périodes plus propices à manger des produits français selon Marion. « En période de fête je vends beaucoup de champagne et de foie gras », constate-t-elle. La période estivale, elle, est favorable au vin rosé français, « il est plus clair, plus léger et plus sec que le rosé espagnol ».
Les Français de Barcelone sont attachés à certains produits de leur pays natal, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne consomment pas comme de vrais Barcelonais. Niveau charcuterie, Marion l’affirme : « les Espagnols ont d’excellents jambons, on n’a rien à leur envier ». Expatriation rime alors avec pêle-mêle de saveurs, dans lequel les Français ne font pas la fine bouche.
