Après la crise sanitaire, c’est l’inflation qui met un coup d’arrêt au chantier le plus emblématique d’Espagne. La Sagrada Familia ne sera pas terminée comme prévu en 2026.
« Mon rêve, c’est de la voir finie, mais je n’y crois plus trop ». Lois, 86 ans, vit depuis les années 60 face au temple imaginé par Antoni Gaudi. Ce Galicien a découvert la Sagrada Familia lors de vacances à Barcelone, alors qu’il était encore adolescent. Quelques années plus tard, il a épousé une Catalane et ne s’est pas posé beaucoup de questions quant au quartier où ils allaient vivre. « C’est le bâtiment le plus fascinant que je connaisse », assure cet ancien chimiste, qui vient chaque jour lire son journal dans le parc adjacent. Les centaines de touristes grouillant autour de lui ne le contrediront pas.
En 2022, ils ont été trois millions à visiter la Sagrada Familia, et à permettre ainsi de renflouer les caisses. Car une partie des travaux est financée grâce aux entrées vendues, et la pause imposée par la pandémie a mis à mal le bon déroulement du chantier. C’est à cette époque-là que les responsables du site ont averti qu’ils ne pourraient sans doute pas respecter l’objectif de 2026 pour la fin des travaux. Cette date avait pourtant été annoncée depuis longtemps. Hautement symbolique, l’année coïncide avec le centenaire de la mort d’Antoni Gaudi, et permettait ainsi de célébrer le génie catalan en même temps que la fin de son oeuvre la plus emblématique.
Hausse de 30% du coût du chantier
La semaine dernière, la fondation qui gère la construction a encore enfoncé le clou : avec la hausse de 30% du coût des matériaux et des transports cette année, il faut maintenant gérer un budget hors de contrôle et la date de 2026 est définitivement enterrée. « Cela va encore prendre des années avec le perron ! », confirme Lois, incollable sur le déroulé du chantier. Selon les plans de Gaudi, la Sagrada Familia compte un grand perron et une promenade qui obligeraient à détruire près d’un millier de logements, et à en exproprier les actuels détenteurs.
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Alors que les architectes tiennent à respecter les idées du maître, les habitants, eux, demandent à ce qu’on s’adapte à la nouvelle situation du quartier. La mairie de Barcelone a déjà organisé une première réunion entre habitants et responsables du chantier, mais la bataille pourrait durer des années. « Si tu as un appartement face à la Sagrada Familia, il prend beaucoup de valeur chaque année, alors pour les exproprier, il va falloir payer très cher », croit savoir notre octogénaire en montrant les banderoles de protestation accrochées à quelques balcons.
En attendant, la Sagrada Familia a annoncé que les deux dernières tours dédiées aux évangélistes seront inaugurées avant la fin de l’année et que la Tour de Jésus, la plus haute, sera elle achevée pour 2026.
