En 1853, il y avait deux « plus belles avenues du monde ». Les Champs-Elysées parisiens possédaient leur réplique à Barcelone. Retour sur une histoire peu connue.
Le 10 avril 1853 était inauguré un grand jardin de 8 hectares, l’équivalent aujourd’hui de 8 pâtés de maison de l’Eixample, qui s’étendait de la rue Aragó jusqu’à Rosselló et du Passeig de Gràcia jusqu’à la rue Roger de Lluria. Son nom : Camps Elisis, littéralement « les Champs-Elysées ».
Avant 1821, le Passeig de Gràcia, connu sous le nom du passage de Jésus, était un ancien petit chemin rural reliant Barcelone à la commune indépendante de Gràcia. Lors de la construction de l’Eixample, le plan Cerdà convertit le Passeig de Gràcia en un boulevard au style français avec acacias, platanes, mûriers, lauriers roses et chênes verts. L’idée était de créer un lieu de repos et de distractions pour les citadins.
Aux Champs-Elysées barcelonais a été installé un grand parc d’attractions avec des théâtres, des cafés, des salles de danse, des spectacles culturels et de loisirs. En 1862, on y jouait du Wagner pour la première fois à Barcelone et en 1871 on y a chanta une version de La Marseillaise traduite en langue catalane.
Petit à petit, le lieu est tombé en décrépitude. La spéculation immobilière a fait décliner le jardin dans les années 1870. En 1881, le banquier Evarist Arnús acheta la parcelle à l’angle des rues Mallorca et Pau Claris pour y construire le Teatre Líric-Sala Beethoven, qui disparut également au début du XXe siècle pour construire les bâtiments actuels, comme l’explique l’historien Agusti Colomines.
La mairie a voulu rendre hommage à ce jardin mercredi dernier en installant au croisement Passeig de Gràcia-Mallorca un panneau explicatif.