Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a annoncé une nouvelle loi, qu’il espère pionnière en Europe, pour imposer la parité dans le monde politique et économique.
Photo : Clémentine Laurent
A quelques jours de la Journée des Droits de la Femme et à moins de trois mois des élections municipales, le président du gouvernement a annoncé samedi lors d’un meeting socialiste une nouvelle loi féministe. « Les femmes représentent la moitié de la société et doivent être aussi la moitié du pouvoir politique », a lancé Pedro Sanchez.
Le nouveau texte, qui sera approuvé ce mardi au Conseil des Ministres avant d’être débattu au parlement, imposera des listes parfaitement paritaires lors de toutes les élections. Concrètement, les listes de candidats devront alterner systématiquement femmes et hommes.
Les conseils d’administration des grandes entreprises, eux, devront être composés à 40% de femmes, tout comme les postes de direction. Les syndicats professionnels seront invités à suivre la même norme. Selon le texte annoncé par le gouvernement, les entités auront un peu plus de trois ans pour faire appliquer la parité, soit jusqu’au 30 juin 2026.
« Il y a des gens qui trouveront ce projet totalement disproportionné, a indiqué le chef du gouvernement, mais pour nous, cela coule de source et c’est juste ». Pedro Sanchez a ajouté qu’il espérait que cette nouvelle mesure constitue « une étape de plus pour situer l’Espagne à l’avant-garde de l’Europe » en matière d’égalité.
La course au féminisme
Alors que le parlement espagnol a récemment voté, sous l’impulsion de Podemos, la loi du congé menstruel et le texte facilitant le changement de genre, le parti socialiste veut se réapproprier l’étendard féministe et LGBTI. L’ancien premier ministre José Luis Zapatero est également intervenu samedi pour rendre hommage aux femmes, organisations féministes, mouvements sociaux et LGBTI. « Nous sommes fières et fiers de pouvoir dire que ce parti, son dirigeant et le gouvernement espagnol constituent le gouvernement le plus féministe du monde », a-t-il déclaré.
L gouvernement de coalition Podemos-Socialistes tangue depuis déjà plusieurs mois. La polémique loi du consentement, un texte mal rédigé par le ministère de l’Egalité (Podemos), a eu pour effet pervers de faire sortir de prison de nombreux agresseurs sexuels et a mis à mal l’entente gouvernementale. Le parti socialiste a proposé de réformer cette loi, contre l’avis de Podemos, et va devoir aller chercher cette semaine les voix de droite pour y parvenir. Le Parti Populaire a déjà indiqué qu’il voterait le texte afin de soutenir les victimes de violences sexuelles. Un pseudo-concours au meilleur féministe de l’année, dans un pays où ce combat a été adopté par une ample majorité de la société et où les élections législatives sont prévues pour décembre.