À Barcelone, la double culture espagnole et catalane est très forte. Ainsi, pour certains expatriés français, le sentiment d’appartenance à l’une des cultures se manifeste plus, au détriment de la seconde. Témoignages.
Photo : Clémentine Laurent Photographie
Vivre à Barcelone, c’est côtoyer deux cultures. D’un côté, les coutumes catalanes y sont évidemment omniprésentes, mais pour certains expatriés français, la nuance avec les mœurs espagnoles se ressent plus. En conséquence, ces derniers ont tendance à choisir l’une des deux cultures qui caractérise la ville, au détriment de l’autre. Pour Myriam, 46 ans, la forte revendication catalane par les Barcelonais participe à son sentiment d’appartenance à cette culture. « Les Catalans ont une identité forte, qu’ils revendiquent clairement. De ce fait, en vivant parmi eux, je me sens chez eux, en Catalogne », explique-t-elle. Un sentiment partagé par plusieurs Français de Barcelone.
Primat de la culture catalane
Pour certains expatriés originaires de l’Hexagone, la cité comtale a été leur seule expérience ibérique. C’est le cas d’Audrey, 29 ans. « Je n’ai jamais vécu dans une autre partie de l’Espagne, alors grâce à la culture catalane très présente ici, j’y ai adopté de nombreuses habitudes qui lui sont propres telles que les Roscon, calçotada, Castellers, etc », détaille la Française, arrivée à Barcelone en 2020. Pour elle, être Barcelonais et Catalans revient aussi à participer aux fêtes de quartier, à apprécier les verres en terrasses, à se déplacer en vélo en centre-ville, ou encore à apprécier les escapades nature les week-ends.
Myriam, vit avec sa famille à Barcelone depuis l’été 2021.
À Barcelone, il est indéniable que la pratique du catalan est de plus en plus présent. Pour les néo-barcelonais francophones, il est parfois plus pratique d’apprendre le catalan plutôt que l’espagnol. Cet apprentissage est également une preuve de l’assimilation de la culture catalane et du sentiment d’appartenance qui en découle. « J’introduis dès que possible du vocabulaire catalan dans mes phrases. Ça leur fait plaisir », se réjouit Myriam, fondatrice d’un cabinet de conseil en ressources humaines à Barcelone.
Audrey s’est installée à Barcelone en 2020.
Autre élément, pour certains expatriés français, l’ouverture d’esprit catalane est différente de la philosophie espagnole, et ces derniers s’identifient plus à la première. « Je me sens Catalane en matière d’ouverture d’esprit, elle est certes très paradoxale, car certains Catalans sont renfermés, mais généralement ceux que je côtoie ont des esprits très ouverts et sont très accueillants, alors on se sent rapidement chez soi à Barcelone », analyse Audrey, originaire de Paris.
Barcelone reste espagnole
Si l’omniprésence de la culture catalane est certaine à Barcelone, une partie des Français de la cité comtale se sent plutôt Espagnole. En ce sens, l’usage du castillan justifie ce sentiment. « J’ai été éduqué au collège avec 4/5 ans d’espagnol où j’ai appris une culture et une langue espagnole plus que catalane », confie Mickael, originaire de Paris. Et pour cause, en l’espace de 14 ans en France, les collégiens et lycéens intéressés par cette langue sont passés de 40, à 72 %. Des chiffres qui attestent de l’important apprentissage de la langue de Cervantes dans l’Hexagone.
Par ailleurs, le sentiment d’appartenance à une autre culture se manifeste en partie à travers l’alimentation. En conséquence, l’imaginaire collectif français associe les tapas, la cerveza et les bocadillos à la culture espagnole, même si les Catalans partagent également ce régime alimentaire. « Au niveau de l’alimentation, j’ai un petit peu adopté les coutumes espagnoles avec le bocadillo, les tapas et la cerveza », admet Mickael, cadre dans une start-up à Barcelone, avant d’ajouter : »Mais, j’ai encore du mal à dîner très tard comme les Espagnols, je reste Français ! Un aspect que l’on me reproche parfois. »
Autre élément pour les expatriés français, les identités régionales sont moins marquées en France. Ainsi, le sentiment catalan peut être moins compris par la population française de Barcelone. « Venant d’une région en France qui n’a pas d’identité aussi marquée, puis après avoir vécu longtemps à Paris, je ne comprends pas encore toutes les revendications que peuvent avoir les régions en Espagne que je trouve déjà bien plus marquées que les régions françaises », argumente le Parisien, installé dans la capitale catalane en 2020. Catalan ou Espagnol, pour les expatriés français, le sempiternel débat ne gâche, néanmoins, pas leur expérience d’expatriation. Pour les trois Français interrogés, Barcelone leur offre un parfait équilibre entre douceur de vivre et opportunités professionnelles. Un luxe.
