A Barcelone, les humoristes français ont trouvé la bonne scène et le bon public. Bienveillant, au rendez-vous et friand de blagues du pays. Et si la capitale catalane était le parfait tremplin pour percer dans le monde du stand-up ? Lumière sur un potentiel caché.
Photo : Comedy de comptoir
Barcelone sera-t-elle la future reine de l’humour français ? Quelle drôle d’idée. Et pourtant, « tous les humoristes francophones qui sont venus l’ont dit : ´il y a quelque chose à faire ici´ », assure Amaury Aime, stand-upper dans la capitale catalane depuis cinq ans. Car oui, Barcelone n’a pas dit son dernier mot ni sa dernière blague. On est loin du Paname comedy club, mais Barna possède elle aussi plus d’un tour dans son sac. Mais pour ça, « il faut bouffer de la scène », disent-ils dans le milieu. Et il faut bien commencer quelque part. Alors pourquoi pas ici ?
Depuis 2021, année d’or pour l’humour français à Barcelone, les plateaux (spectacles de 6 à 8 sketchs) se multiplient peu à peu dans la ville. La comédienne Alix Gentil a même investi dans le café-théâtre Tinta Roja pour créer une nouvelle scène et a intégré des cours de stand-up dans son école d’improvisation. Avec la pandémie, la cité comtale a connu un tournant. Un avant et un après, dont parlent encore les passionnés avec des étoiles dans les yeux.
50 000 Français qui ne demandent qu’à rire
« Le bruit se rependait qu’en Espagne on pouvait jouer à Barcelone alors qu’en France tout était fermé. On a donc eu la chance de faire les premières parties de grands humoristes », raconte Nicolas Louisin, co-fondateur du club de stand-up Les Petits barcelonais. Paul Mirabel, Certe Mathurin ou encore Tristan Lucas, pour n’en citer que trois. « Une belle opportunité s’est ouverte au niveau du stand-up. » Aux côtés de ces professionnels, les quelques amateurs sortis de terre en 2019 par simple plaisir, ont appris. Commencé à se structurer, puis acquis la dynamique pour faire de Barcelone la nouvelle et drôle « place to be » française.
« On est 50 000 Français, donc on a déjà un bon terrain de jeu », renchérit Amaury Aime. Pour cet humoriste, formé à l’académie d’humour barcelonaise, cela ne fait pas de doute : les sketchs français possèdent un public. « Mine de rien, le Français est très chauvin et fervent de l’humour natif, à base de jeux de mots et d’ironie. Or, jusque-là, il n’y avait rien de proposé en humour francophone. Ce n’était que des plateaux anglais et espagnols », explique celui qui donne des cours de stand-up, mais a aussi lancé Comedy de Comptoir, puis récemment Jode Box, un open mic à l’Imprfcto de Poblenou toutes les deux semaines.
« Barcelone est une magnifique scène pour démarrer »
Si ce commercial de métier y met tant du sien, c’est parce qu’il souhaite en faire son métier. Et que pour ça, la capitale catalane s’avère être un formidable tremplin. La France se trouve à seulement quelques heures en train ou avion. Et surtout, son public vaut de l’or. « Je ne sais pas si ça va avec le climat, mais le public est relativement joyeux, bienveillant et un peu moins fermé que les Parisiens. Il donne sa chance à tout le monde. Donc, c’est une très bonne façon de se faire la main », commente Amaury.
Moins difficile, moins exigent parce que moins d’offres qu’en France. En bref, le parfait client pour tester encore et encore ses blagues. Rejouer et perfectionner son texte jusqu’à ce qu’il fasse se tordre de rire les Français. « Et pour ça, Barcelone est une magnifique scène pour démarrer, se faire plaisir et se découvrir », s’exclame Nicolas, des Petits barcelonais, qui aimait intégrer de la musique dans ses sketchs.
A tel point que certains finissent par percer. « Après ça, Rémy Marvely avec qui j’ai fondé les Petits barcelonais a monté son spectacle en français et en espagnol, et maintenant, il poursuit sa carrière en France », expose Nicolas, resté à Barcelone. D’autres créent leurs propres shows ou plateaux, comme La Piscine, fondée il y a quelques semaines seulement. Quand d’autres, tout juste sortis de l’école d’impro d’Alix Gentil, se dirigent vers des académies parisiennes, pris de passion par le stand-up et séduits par le statut d’intermittent du spectacle.
Mais la suite de l’aventure ne se vit pas que dans l’Hexagone. Ici, les quelques rieurs français de la cité catalane prennent le plis, et proposent désormais des spectacles quasiment toutes les semaines en haute saison. Objectif : créer un rendez-vous et une habitude auprès des expatriés qui ne demandent qu’à rire. « Il y a un écosystème à mettre en place ici », admet la directrice d’Impro en français à Barcelone. Et il y a aussi, un gros coup de projecteur sur son potentiel à donner.
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