Chicas ou chicos de imagen. C’est ainsi qu’on surnomme certains « clients », qui travaillent en réalité pour des discothèques à Barcelone. Zoom sur ces filles et garçons de lumière.
Photo d’illustration : Sutton
Elles sont les faces cachées ou les lumières des discothèques de Barcelone. Celles, et même ceux qui, depuis la piste de danse, font en sorte de ramener des clients, qu’ils consomment et passent une bonne soirée. Dans le milieu, on les appelle les « chicas y chicos de imagen ». Les « filles et garçons d’image », en français. Ils sont généralement étudiants, beaux et belles, mais surtout, ils ont la cote.
« Ce sont des filles ou des garçons qui ont une grande communauté sur Instagram et Tik Tok. Il y a, disons, 60 % de filles et 40 % d’hommes. Nous, on préfère les appeler ´ambassadeurs de marque´ », rapporte Ramon Mas, secrétaire général du syndicat des boîtes de nuit de Catalogne, et lui-même propriétaire de clubs à Barcelone. Ils ont entre 18 et 25 ans, font la fête en profitant du coin VIP, d’une table privée et de bouteilles gratuites. « En échange, ils identifient la discothèque sur leur story ou compte Insta », explique le porte-parole du syndicat. Ils annoncent qu’ils iront à la soirée et font le maximum pour ramener du monde. « Pour la marque, c’est intéressant. »
Entrées et boissons en échange d’une « bonne image »
Sorte d’influenceurs donc ? Pas tout à fait. Du moins, pas selon les gérants de clubs ni même les principaux concernés. Quand les influenceurs se voient directement contactés par les boîtes de nuit barcelonaises, les chicas ou chicos de imagen doivent effectuer la démarche par eux même. « Ils contactent les discothèques où ils vont habituellement ou qu’ils aiment ». Dans un article d‘El País, le directeur de Twenties parle de 150 chicas de imagen chaque nuit. Une soirée tous frais payés pour ces clubbers populaires, et de la publicité pour les établissements de nuit.
Mais d’autres fois, plus rarement, l’échange se monétise. Récemment, dans plusieurs médias espagnols, Paula Trejo, une jeune femme de 20 ans, racontait ses nuits barcelonaises et madrilènes. Celles payées 50 € pour une présence entre 1 h et 5 h du matin. Dans son récit, elle parle d’obligation de porter des talons, de compétition entre les filles pour s’installer aux tables des footballeurs, de petites primes en échanges de « services » et de paiement au black. « Ta mission, c’est de sourire et réussir à faire en sorte que les hommes consomment et t’invitent à boire un verre », explique-t-elle.
Mais de tout ça, Ramon Mas, le secrétaire général du Gremi des discothèques, n’en parler pas. Car il affirme : « dans nos locaux, ça ne se produit pas. Elles doivent juste donner une bonne image ». Et insiste : « ce sont des échanges commerciaux. Il faut les différencier des mannequins ponctuellement embauchées pour des soirées spéciales, tout comme les personnes recrutées par des entreprises extérieures pour faire des affaires ou danser ».
Si ce « petit boulot universitaire » reste difficile à illustrer et à discerner, c’est aussi et surtout parce qu’il est nouveau. Le phénomène remonte à l’explosion des réseaux sociaux. « C’est clair, avant les années 2000, ça n’existait pas. » Ramon Mas ne souhaite pas donner de noms ni d’exemples à Barcelone, « mais beaucoup le font ». Parce qu’il faut bien se l’avouer : aujourd’hui, avoir une bonne image, ça se deal.