Ce week-end, les communes catalanes de Torà (Lleida) et Sarral (Tarragone) se sont converties en dance floor géant. Au grand dam des patrons de boites de nuit.
« C’est clairement de la concurrence déloyale », s’exclame-t-on au syndicat du monde de la nuit catalan (Fecalon) lorsque le mot « rave » est prononcé. Sans licencea, ni assurancea, ni mesures de sécurité, forcément la fête est moins chère qu’une entrée de boite de nuit. Maisons en ruines dans des champs abandonnées, les lieux sont certes moins glamours que les discothèques de Barcelone mais offrent un cadre underground séduisant Catalans, Français, Italiens et Allemands.
Ils étaient un peu plus de 500 à se trémousser entre vendredi et dimanche dans les coins ruraux de Tóra et Sarral, respectivement dans les provinces de Lleida et Tarragone.« Nous n’avons rien entendu », affirment les riverains des zones concernées. Les 200 véhicules arrivant sur les lieux se sont fait plus remarquer que les décibels. En effet, le son sorti des enceintes ne dépasse pas les 5 kilomètres et c’est à peu près la distance qu’il fallait parcourir via des chemins accidentés pour accéder au dance floor.
La maire de Sarral (1578 âmes), Victòria Cañis s’est déclarée surprise que sa commune fut choisie par les teufeurs. L’événement a été communiqué sur les réseaux sociaux et par whatsapp. Si la maire n’est pas choquée du rassemblement qui n’a causé aucun dommage, elle explique qu’elle ne souhaite pas que son village devienne un lieu habituel pour les fêtards. Un signalement auprès des Mossos d’Esquadra a été effectué par la mairie.
Les boites de nuit demandent plutôt de répression
Car si ses événements sont plutôt bon enfant, ils n’en demeurent pas moins illégaux. Et les patrons de boites de nuit sont pour appliquer le tout répressif envers les organisateurs. Fernando Martinez, porte-parole du syndicat Fecalon, critique le laxisme des lois espagnoles et croit savoir que les raves sont une réponse à la fermeture des discothèques durant la pandémie de Covid. Le Fecalon dresse son argumentaire contre les raves sur deux piliers : les boites de nuit perdent de l’argent et les teufeurs ne sont pas en sécurité, loin du cadre juridique appliqué dans les établissements nocturnes.
Et c’est également sur le thème de la sécurité que la police répond : il est impossible d’expulser des centaines de personnes, souvent alcoolisées ou ayant fait consommation de stupéfiants, sans risque d’incidents graves. Cependant, pour décourager les participants, la police a effectué tout au long du week-end des contrôles d’identité des teufeurs.
Une action trop légère pour les boites de nuit qui demandent une refonte du code pénal pour localiser les organisateurs et leur infliger de lourdes amendes. Car à l’heure actuelle monter une fête interdite n’est pas un délit en Espagne. Le bilan des raves en Catalogne ce week-end se solde par 9 personnes verbalisées pour conduite en état d’ivresse.