Marin au quotidien. C’est ce qu’est devenu Gaëtan Léandre, 25 ans, en s’installant à Barcelone. Dans la capitale catalane, il a accompli son rêve : vivre sur un bateau au Port Olímpic. Pour Equinox, il nous raconte les coulisses de son installation et sa nouvelle vie. Rencontre.
Des voiliers à perte de vue, l’odeur de la mer et le chant des mouettes. « Bienvenue chez moi », sourit Gaëtan Léandre, en marchant sur le ponton 10 du Port Olímpic de Barcelone. En chaussettes, comme à la maison. Car c’est bel et bien dans ce petit paradis flottant que le Niçois de 25 ans vit depuis trois ans.
Il y a posé ses amarres et il le porte bien. La barbe fournie, la démarche légère et le regard tourné vers son monocoque qui tangue doucement. Dans cet univers, Gaëtan est comme un poisson dans l’eau. Pas étonnant. Ici, ce développeur web a troqué son ancien appartement pour réaliser son rêve : vivre sur un bateau. Dans une interview, il nous raconte son quotidien bercé par la Méditerranée.
A quand remonte votre installation à Barcelone ?
Je suis arrivé en 2018 pour une année d’étude à Epitech et la suivante pour travailler. J’ai ensuite fait une pause pour essayer de faire un voyage transatlantique. Puis je suis revenu. Avant, j’étais en colocation à Badalona, et quand ils sont repartis à Nice, en 2019, je me suis dit que c’était l’occasion d’accomplir ce que j’avais toujours voulu : vivre sur un bateau.
D’où vous vient ce rêve ?
Je n’en ai aucune idée. Je vivais proche de la mer à Nice, et j’avais déjà fait de l’Optimist quand j’étais petit. Et je n’aimais vraiment pas ça, d’ailleurs. Alors je ne sais vraiment pas d’où ça vient. Mais j’avais cette idée en tête depuis toujours et je l’ai réalisé.
Comment avez-vous réalisé cette transition ?
J’ai d’abord fait une vingtaine d’heures de cours de navigation. Je voulais tester, voir si je n’avais pas le mal de mer et apprendre à gérer un bateau. Ensuite, pour savoir si j’étais capable de vivre dedans, je me suis demandé de quoi j’avais réellement besoin dans mon appart. Un endroit pour manger, un autre pour dormir et un troisième pour travailler. Et au final, j’ai tout dans mon voilier. Ce n’est pas le même confort, c’est sûr, mais il y a beaucoup d’autres choses qui compensent. J’ai donc acheté mon premier bateau en juin 2019 et me suis installé dans le Port Olímpic trois mois après.
Votre nouvel habitat sur l’eau correspond à combien de mètres carrés ?
C’est difficile à quantifier. Mon bateau fait 10 mètres de long et 3-4 mètres de large. Pour donner une idée, j’ai deux chambres avec des lits doubles. Une petite cuisine, un salon avec une petite table et deux banquettes qui se transforment en couchette. Tout est optimisé.
Combien faut-il compter de loyer pour vivre au milieu du Port Olímpic ?
Ça équivaut à un appartement. L’emplacement coûte 500 €, mais comprend l’eau et l’électricité dans le forfait. J’ai aussi 100 € d’assurance et environ 200 € de réparations par mois. C’est un bateau qui a 30 ans, donc il coûte cher en entretien. C’est beaucoup de sacrifices, mais lorsque tu croises un dauphin ou tu ouvres une bière en mer avec un ami, t’oublies tout.
Comment pourriez-vous décrire le quotidien sur le Port ?
C’est une ambiance « très camping ». A peu près tout le monde se connaît. On croise ses voisins, on invite les gens qui vivent à côté à boire un verre. On discute facilement entre nous. On remarque que tel ou tel bateau n’est plus là, puis au retour, on se raconte les histoires de navigation. Et il y en a toujours !
Quels sont les avantages à habiter sur un voilier ?
Ça donne l’impression d’être en vacances. C’est un sentiment de liberté. Je vis dans un endroit calme et proche du centre-ville de Barcelone. Même quand les bars étaient ouverts, avant les travaux, on entendait rien ici. Et le plus gros avantage, c’est la possibilité de voyager et vivre n’importe où. Si j’en ai marre de Barcelone, je pars en navigation et je déconnecte complètement. La semaine dernière, je suis parti dans le Delta de l’Èbre avec une amie. Avoir un bateau a un côté social fort. L’été, j’en profite encore plus et j’invite les potes.
Quel est votre plus beau souvenir depuis que vous naviguez ?
Au mois de juin dernier, j’ai croisé une baleine au large de Toulon. Ça m’a émerveillé. Il y a aussi ces moments où les dauphins suivent le bateau pendant une heure. Je partage tout ça sur ma chaîne Youtube.
Ce que vous préférez en mer ?
Le temps passe différemment. Même si tu veux aller plus vite, tu ne peux pas. D’ailleurs, je lis rarement d’habitude, mais en mer, je bouquine. C’est un tout autre rythme. Je ne regarde plus l’heure, je vis en fonction du soleil. Je suis coupé du monde, sans Internet, sans téléphone. C’est quelque chose que je ne pourrai pas faire en ville ou en campagne. Il y a peu de situations où j’accepterai de ne pas prendre mon smartphone.
Si demain, on vous disait de retourner en appartement, le feriez-vous ?
Pour l’instant, je ne retournerai pas dans un appartement. J’ai mon petit confort ici. C’est plus simple comme vie et puis, c’est bizarre à dire, mais j’ai vécu énormément de choses avec mon bateau. Il y a une relation qui se crée et aujourd’hui, je ne pourrai pas vivre trop loin de lui.
Combien de temps pensez-vous rester à Barcelone ?
Le bateau est bien à Barcelone (il regarde son voilier en souriant). Donc je ne sais pas. Quand je m’en laisserai, je changerai de port.
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