Le retour des socialistes aux commandes à Barcelone est la première des priorités pour le Premier ministre Pedro Sanchez.
Les élections municipales et régionales de ce printemps ne seront pas un chemin de roses pour les socialistes actuellement aux affaires en Espagne. L’usure du pouvoir devrait permettre aux conservateurs du Partido Popular de gagner de nombreuses villes. L’extrême-droite de Vox est en embuscade. Séville et ses 700.000 habitants, historiquement de gauche, devrait passer à droite. Un nid-de-poule électoral que voudrait atténuer le Premier ministre Pedro Sanchez avec l’amortisseur de Barcelone.
La seconde ville d’Espagne a longtemps été un fief socialiste, dont la radicale Ada Colau a réussi à devenir la baronne. Les socialistes ne se sont jamais vraiment remis de la perte du joyau de la couronne catalane et espèrent que 2023 sera l’année de la reprise de Barcelone. « Nous allons ouvrir une nouvelle étape en Catalogne » répètent les sources gouvernementales, mi-méthode Coué, mi-galvanisés par les sondages. Barcelone d’abord, gagner les législatives nationales dans la circonscription catalane ensuite pour conclure par la conquête de la Generalitat. C’est en tous cas l’objectif du gouvernement.
Jaume Collboni, candidat depuis 12 ans
La marque socialiste est puissante à Barcelone mais affaiblie par Jaume Collboni, candidat du parti depuis 12 ans, et éternel vaincu. En 2019 dans le cadre d’un accord afin de dégager une majorité au conseil municipal, socialistes et gauche radicale se sont alliés et Collboni est devenu le Premier adjoint de la maire Ada Colau. Pour mener à plein temps sa campagne électorale, Jaume Collboni a démissionné de son poste lundi dernier. Non sans goujaterie. Un appel en absence à Ada Colau et l’envoi d’un whatsapp ont suffi au numéro 2 de Barcelone pour quitter l’équipe municipale.
L’opération a été téléguidée par Pedro Sanchez en personne et soutenue par Salvador Illa, ancien ministre de la Santé et chef de l’opposition socialiste au parlement catalan. Elle vise à dégager Collboni de l’impopulaire bilan d’Ada Colau. A quatre mois du scrutin, la ficelle parait grosse. « Personne ne connait Collboni, il souffre d’un déficit chronique de notoriété, il claque la porte de la mairie pour tenter de faire un buzz médiatique et dans les sondages » persifle-t-on au Palau de la Generalitat, siège du gouvernement catalan, situé juste en face de la mairie.
Sur sa route électorale, le socialiste trouvera Ada Colau, blessée politiquement après huit ans de polémiques mais pas encore morte. Et les deux octogénaires indépendantistes : Ernest Maragall à gauche et Xavier Trias à droite. « Mais je ne serai plus jamais le numéro deux de personne, je serai le prochain maire de Barcelone » jure Jaume Colloboni à qui veut bien l’entendre.