Les chauffeurs barcelonais sont en alerte. La célèbre application Free Now (ex-MyTaxi), qui permet de commander un taxi à Barcelone et dans 150 autres villes européenes, a déposé un recours pour ne plus être soumise aux tarifs municipaux. La porte ouverte à une dérégulation du marché selon les syndicats.
« C’est incroyable ! Incroyable ! » Au volant de son taxi dans l’attente de ses prochains clients, Olivier Contel ne décolère pas. Le président barcelonais du syndicat Elite mène la bataille contre Free Now. L’application a déposé un recours pour pouvoir appliquer ses propres prix, et non plus les tarifs fixés par l’aire métropolitaine de Barcelone. « Ils osent remettre en question un système qui a été négocié entre les communes, les associations de consommateurs et les associations de taxi, et protège les intérêts de tous », s’indigne le dynamique quinquagénaire.
L’application souhaite pouvoir appliquer un système de tarifs basé sur l’offre et la demande au moment de la commande du client. « Ce serait un préjudice pour l’utilisateur du taxi puisque les jours de forte demande comme lors de concerts, événements sportifs ou jours de pluie, le prix pourrait être multiplié par trois », peut-on lire sur le média du secteur Todo Taxi.
« Le problème de ces entreprises, c’est qu’à tout moment, elles peuvent changer leurs conditions et garder tout le fichier client que leur ont construit les chauffeurs de taxi, explique Jose Luis, chauffeur non syndiqué, moi je ne travaillerai pas avec eux ». Pour lui, une flexibilisation et un système d’enchères seraient dramatiques pour le secteur. Pour ce Barcelonais, la concurrence devrait se baser sur la qualité du service, et non le prix.
Si l’inquiétude est si grande, c’est que le secteur des chauffeurs de taxi a la sensation de ne pas faire le poids face à la multinationale aux 1850 employés. « S’ils ont pris des avocats, bien payés, qui ont fait ce recours, c’est qu’ils ont sans doute trouvé une faille quelque part, qui leur permettrait de gagner », s’inquiète Olivier Contel.
Opération escargot
Contactée par Equinox, la direction de Free Now n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Un employé estime de son côté que la grogne ne provient que d’une « minorité de taxis guidée par une association qui est contre toutes les applications » et n’est pas représentative du secteur. Il est vrai que plusieurs milliers de chauffeurs travaillent avec Free Now, près d’un tiers du total de chauffeurs barcelonais selon les chiffres officiels.
Une opération escargot a été convoquée par les syndicats Elite et STAC le mardi 17 janvier dès 9h30. Les manifestants, au volant de leur taxi, rouleront au pas sur la Gran Via depuis la Plaça Espany et jusqu’à la Place Catalunya, où se trouve le siège de Free Now, pour terminer au Parlement de Catalogne après avoir emprunté la Via Laietana.
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