Catalogne et France : double manifestation contre Macron, le même jour

1er-Mai Catalogne

La Catalogne et la France vont manifester le même jour contre Emmanuel Macron, le 19 janvier prochain. C’est un fait singulier, assez rare dans l’histoire politique.

Certes, les motivations sont différentes. Les syndicats français prévoient une grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, promesse du candidat Macron. Le même jour, les mouvements indépendantistes catalans voient comme une « provocation » la venue d’Emmanuel Macron à Barcelone pour célébrer l’entente franco-espagnole avec le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.

Si les deux manifestations ont des mobiles bien dissimilaires, on peut cependant y voir le signe d’une époque, où la protestation est quasiment permanente.  En 2006, le Premier ministre de l’époque Jose Luis Zapatero recevait le président Jacques Chirac, dans la ville catalane de Gérone, située entre Barcelone et la frontière française. Il y a 16 ans, le président de la Catalogne, Pascual Maragall participait activement à la rencontre, sans que celle-ci ne soit qualifiée de « provocation ».

sommet france espagneDepuis lors, en grande partie en raison du processus indépendantiste catalan, ce type de sommets gouvernementaux n’avaient plus lieu en Catalogne. Le Premier ministre Jean Castex et le président Sarkozy, chacun en son temps, avaient choisi Madrid. C’est justement pour signifier que l’indépendance est une chose appartenant au passé que le gouvernement espagnol organise ce sommet au sein du MNAC de Barcelone à Montjuic.

Les indépendantistes en embuscade

L’actuel locataire du Palau de la Generalitat, Pere Aragonès, ne participera pas activement à la rencontre comme ce fut le cas de son prédécesseur socialiste Maragall. L’actuel président de la Catalogne se contentera d’assister protocolairement à l’accueil d’Emmanuel Macron tandis que son parti indépendantiste (ERC) manifestera dans les rues de Barcelone contre la tenue du sommet.

Une fois de plus, c’est l’ancien leader catalan Carles Puigdemont qui a sonné la charge depuis son exil bruxellois. Les partis et associations indépendantistes ont ensuite appelé à rejoindre la manifestation. Le but : gâcher l’ambiance solennelle du congrès et démontrer internationalement que l’indépendantisme catalan bouge encore.

La colère des nationalistes catalans est double. D’une part, selon eux, la France comme l’Espagne sont des états colonisateurs qui occupent illégalement les pays catalans : Barcelone au sud et Perpignan au nord. « Macron même s’il n’est pas spécialement jocobin, représente une république profondément jacobine qui a divisé la nation  catalane et qui a beaucoup fait souffrir la culture catalane » déplore Elisenda Paluzie qui a co-organisé les grandes manifestations autour de la déclaration d’indépendance de 2017 avec son association ANC, dont elle était présidente à l’époque.

D’autre part, à Barcelone les indépendantistes ont peur que la langue catalane disparaisse du quotidien comme c’est déjà le cas en France. « Macron est l’héritier des politiques culturelles agressives contre le catalan. Politiques que l’on voudrait qu’il mette définitivement de côté, par exemple en garantissant l’application de la convention entre l’État, la région d’Occitanie et le Département des Pyrénées-Orientales, qui doit faciliter l’enseignement du catalan à tous les élèves catalans du nord » revendique Adria Alsina, professeur de communication et d’économie qui sera présent à la manifestation de Barcelone.

La délégation française vient pour signer des accords

Macron sera accompagné de ses principaux ministres : Gérald Darmanin (intérieur), Catherine Colonna (affaires étrangères), Clément Beaune (transports), Marlène Schiappa (égalité) et Rima Abdul-Malak (culture) viendront officialiser une entente commune avec l’Espagne sur des thèmes aussi variés que l’énergie, l’immigration,  les Jeux Olympiques ou l’année Picasso qui débute en Espagne comme en France.

Le président et sa délégation prendront langue également les milieux culturels de la capitale catalane et rencontreront des représentants de la communauté française. Et c’est ce que veut retenir Stéphane Vojetta, le député macroniste des Français d’Espagne. « Cette manifestation est incompréhensible contre un sommet bilatéral qui remet Barcelone au centre du jeu et où de grands accords vont être signés »  déclare à Equinox le parlementaire.

De son côté, l’Élysée qui règle comme du papier à musique l’événement avec le concours du Consulat de Barcelone, a accueilli « avec indifférence » l’annonce des manifestations selon des sources proches de la présidence.  Ajoutant ne vouloir faire aucun commentaire sur la situation politique intérieure entre la Catalogne et l’Espagne.

Il sera intéressant d’évaluer la capacité du nationalisme à mobiliser ses troupes dans la rue, 6 ans après l’échec de la déclaration d’indépendance d’octobre 2017. « C’est sûr qu’un jeudi matin, il y aura surtout des personnes âgées, ça ne sera pas le grand soir » relativise un proche de Carles Puigdemont. Macron aura plus de soucis à se faire avec les Gilets jaunes français reboostés par la réforme des retraites et l’inflation.

 

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