En 2023, vivre à Barcelone est peut-être votre objectif pour rejoindre les 50.000 Français qui vivent dans le secteur. Voici 10 bonnes et mauvaises raisons de faire ce choix de vie.
Photo : Clémentine Laurent
Mauvaise raison : Barcelone n’est pas chère
Les données de l’Institut Català del Sòl démontrent une augmentation de 14% des loyers à Barcelone en un an, quelque soit le quartier. Dans six des dix arrondissements de la ville, le loyer dépasse 1 000 euros par mois. Les quartiers possédant le parc immobilier les plus cher sont : Sarrià-Sant Gervasi, les Corts, l’Eixample, Ciutat Vella, Sant Martí et Gràcia. A titre de comparaison une location moyennne à Paris pour un appartement est de 1.198 euros et de 719 euros à Marseille.
Concernant la colocation, selon le site Enalquiler, pour vivre à Barcelone, il faut compter entre 400 et 500 € pour une chambre. En 2019, la fourchette du prix des loyers oscillait en moyenne entre 250 et 450 €. Pour acheter, les prix sont également à la hausse.
Bonne raison : les salaires pour les Français sont équivalents à Barcelone
“Le salaire n’est plus du tout une barrière pour vivre à Barcelone ”, assure François Lejolly, fondateur de l’agence de recrutement Digital Selection. Malgré une certaine différence selon les secteurs d’activité, les fiches de paie barcelonaises n’ont désormais plus rien à envier à l’Hexagone.
Si elles restent un peu inférieures aux salaires parisiens, la différence est comblée par la baisse du coût de la vie. “Sur des postes juniors par exemple, on peut perdre 2000 ou 3000 euros bruts à l’année par rapport à la province française, 5000 ou 6000 euros par rapport à Paris, mais on gagne quand même en pouvoir d’achat”, poursuit l’expert français.
Pour les postes à responsabilité et les profils seniors (entre 60 000 et 150 000 euros annuels), les salaires deviennent même équivalents. “Ces opportunités de travail sont plus difficiles à trouver, car Barcelone n’est pas Paris, mais quand on les trouve, les niveaux de rémunération sont souvent identiques”, indique François Lejolly.
Le cabinet Blu Selection a récemment mené une étude pour définir les niveaux de rémunérations des employés expatriés à Barcelone dans les multinationales et plateformes d’externalisation. “Le volume de la demande de professionnels francophones débutants augmente particulièrement sur le marché européen en raison du succès des startups françaises et de la croissance du marché”, explique le cabinet.
En service client ou back office, les francophones qui viennent vivre à Barcelone sans expérience dans ce type de travail ont ainsi des salaires moyens de 18.000 euros bruts annuels (1250 euros nets environ par mois). Et avec plusieurs années d’ancienneté, ils atteignent 24.000 euros (1600 euros nets environ par mois). C’est dans les fonctions commerciales que l’évolution est, sans surprise, la plus intéressante : de 18.000 euros annuels pour un débutant à 41.000 euros pour un vendeur confirmé.
Bonne raison : la pression fiscale plus faible en Espagne qu’en France
Si l’écart fiscal entre la France et l’Espagne tend à se réduire en raison de politiques menées en ce sens par les gouvernements socialistes espagnols depuis 2004, la France reste bien au-dessus de son voisin, notamment en ce qui concerne l’épargne. Cette dernière est taxée à 30% dans l’hexagone, peu importe le montant, de l’autre côté des Pyrénées, c’est un taux progressif qui a été adopté, de 19 à 26%.
En ce qui concerne l’impôt sur le revenu, la comparaison est plus complexe. De manière générale, il est plus faible en Espagne, mais les tranches étant plus amples, certains revenus peuvent être davantage imposés dans la péninsule ibérique. Les déductions selon la composition du foyer et les charges sont également différentes. Pour y voir plus clair, le fisc espagnol a mis en ligne une calculatrice qui permet de savoir quel taux d’imposition s’applique à chaque cas particulier.
Néanmoins la France reste tout de même en tête des pays où la pression fiscale est la plus importante entre les pays de l’OCDE, occupant la 4e place sur un total de 38 pays, là où l’Espagne occupe la 16e place.
Parmi les rares points sur lesquels l’Espagne dépasse son voisin français, on retrouve l’impôt sur le patrimoine. Alors qu’en France, la taxation commence à partir de 800 000€ et s’établit à 1,5% pour les patrimoines les plus élevés (à partir de 10 millions d’euros), cette dernière s’applique automatiquement à toute personne possédant un patrimoine en Espagne, et ce, peu importe le montant.
Mauvaise raison : l’air de Barcelone est bénéfique pour la santé
Chaque jour Barcelone dépasse la limite de pollution atmosphérique établie par l’organisation mondiale de la Santé. La densité de population et le type de déplacement font que certains quartiers offrent une qualité de l’air plus ou moins polluée.
La Dreta de l’Eixample est le seul quartier à dépasser 40 microgrammes de dioxyde d’azote par mètre cube (µg/m³). Le reste de l’Eixample et de Sant Antoni ont une exposition moyenne comprise entre 36 et 40 µg/m³. Sant Gervasi, La Vila de Gràcia, el Putget, el Farró, la Salut, el Camp d’en Grassot, Gràcia Nova, Guinardó, Fort Pienc, le Gòtic et le Raval, la Bordeta, provençals del Poblenou, la Sagrera, Torrebaró ou Baró de Viver affichent un taux compris entre 26 et 35 µg/m³.
Les autres quartiers pour vivre à Barcelone, majoritairement situés côté montagne offrent une qualité de l’air supérieure avec une exposition comprise entre 15 µg/m³ à 26 µg/m³, c’est à dire proche de la limite fixèe par l’OMS. Il s’agit de Vallvidrera, Tibidabo, Les Planes, Sant Genís dels Agudells, la Teixonera, Montbau, Horta, Can Peguera, El Turó de la Peria et La Font d’en Fargues.
Bonne raison : le soleil
Photo : Clémentine Laurent
Vivre à Barcelone, c’est jouir d’environ 300 jours de soleil par an. La capitale catalane bat largement d’autres villes plus au nord comme Paris, avec seulement 200 jours d’ensoleillement chaque année. L’exposition raisonnable au soleil permet d’améliorer sa santé physique et mentale. Selon certaines études, le soleil réduirait le risque de cancer du colon, de la prostate et mammaire.
Une meilleure exposition solaire agit également dans le cadre de la lutte contre le diabète ou l’hypertension artérielle. Enfin, le soleil produit dans le corps humain de la vitamine D, particulièrement utile pour protéger nos os.
Mauvaise raison : les indemnités chômage
En Espagne
La prestation contributive fournit une aide financière aux travailleurs qui ont involontairement perdu leur contrat de travail et qui ont 360 jours, ou plus, de cotisations de chômage. Pour en bénéficier, il faut donc avoir cotisé pendant au moins 360 jours au cours des 6 années précédant le chômage. Si le travailleur devient chômeur et ne bénéficie pas de ces cotisations, il devra demander une subvention ou une aide extraordinaire auprès de la SEPE (l’équivalent de Pôle emploi en Espagne).
Les chiffres :
- Montant mensuel du salaire minimum national (en euros) : 1.125 euros brut (selon l’Insee)
- Taux de chômage : 12,67 %
- Régime d’assurance chômage : temps minimum d’activité 360 jours travaillés au cours des 6 dernières années.
- Durée d’indemnisation : 120 à 720 jours.
- Montant d’indemnisation : 70 % du salaire de référence pendant les 180 premiers jours. Puis 50 % à partir du 181e jour.
En France
Le financement du régime d’assurance chômage est assuré au moyen de cotisations assises sur le salaire dans la limite de 4 fois le plafond mensuel de la sécurité sociale, soit 13.712 euros en 2022. Depuis 2019, seuls les employeurs cotisent à l’assurance chômage.
Les chiffres :
- SMIC : 1.603 euros brut
- Taux de chômage : 7,4 %
- Régime d’assurance chômage : temps minimum d’activité 6 mois soit 130 jours travaillés ou 910 heures au cours des 24 derniers mois ou des 36 derniers mois pour les 53 ans et plus.
- Durée d’indemnisation : 6 à 24 mois pour les moins de 53 ans / 6 à 30 mois pour les 53 à 54 ans / 6 à 36 mois pour les 55 ans et plus.
- Montant d’indemnisation : 57% du salaire journalier de référence (SJR) ou 40,4 % + une partie fixe, dans la limite de 75 % du SJR.
Bonne raison : l’Espagne est plus sûre que la France
L’ONG Institute for Economics & Peacepublie chaque année son classement Global Peace Index qui recense les pays selon leur niveau de sécurité. Si l’Espagne est bien placée, la situation est plus délicate pour la France. Pour dresser la liste des pays sûrs, 23 indicateurs sont utilisés par Institute for Economics & Peace tels que le type de régime politique, le niveau de sécurité intérieure, le taux de criminalité, les conflits intérieurs et internationaux ouverts ou encore la militarisation du pays.
L’Espagne est reléguée à la 27e place du tableau. La situation est encore pire pour la France qui pointe à la 62e place, sur 163 pays.
Mauvaise raison : les aides sociales
Le système d’aides sociales, cher à la France, naît en 1945 dans l’Hexagone, mais n’apparaît que 40 ans plus tard en Espagne soit en 1986. Le régime de sécurité sociale assure une protection en cas de maladie, de maternité, d’accident, d’invalidité, de vieillesse, de décès et de chômage. Que l’on ai des enfants ou non, ne change pas forcement la donne. Par exemple, l’allocation de rentrée scolaire n’existe pas en Espagne.
Pour comparer, la France est le pays d’Europe qui dépense le plus pour la protection sociale de ses citoyens. En effet, cela représente 34 % du PIB français en 2018, contre 23,7 % pour l’Espagne.
Plus de détails ici dans le comparatif des aides sociales entre la France et l’Espagne
Bonne raison : Barcelone est une ville de pointe en matière de santé
La capitale de la Catalogne a vu naître dans sa ville l’une des 200 meilleures inventions de l’année selon Time Magazine, concernant le cancer du sein. Dans les coulisses des hôpitaux barcelonais, des nouveaux traitements voient le jour régulièrement.
Récemment encore, à l’Unité de recherche sur la tuberculose de Barcelone, une nouvelle cure de plusieurs mois a été développée grâce à de la vidéo. Un traitement unique en Europe occidentale. Quand, dans le même temps, des chercheurs découvrent les causes des rechutes du cancer du colon.
A Barcelone, la recherche n’arrête pas. Elle lui offre d’ailleurs une place parmi les 10 meilleurs centres de développement clinique en Europe, et les 20 premiers au monde. Avec, en guise de résultat, une médecine très prisée outre-frontières. C’est quoi le secret de Barcelone pour être si avant-gardiste ?
Selon le directeur du centre d’innovation de l’Hospital del Mar, Jordi Martínez, c’est un tout. “C’est la convergence de l’industrie pharmaceutique, technologique, des centres d’innovation et ensuite de l’hôpital.” Innover seul est impossible. Et Barcelone bénéficie de toute une sphère propice à cette dynamique novatrice.
En parallèle, la capitale de la Catalogne se fait un nom dans le domaine digital. Utile. “Pour des projets internationaux par exemple, on peut utiliser l’intelligence artificielle”, indique le médecin-chercheur catalan. Des entreprises externes sont sollicitées, ou développent les idées des spécialistes.
Et pour favoriser le tout, de nombreux financements peuvent être accordées à la recherche médicale. “Il suffit d’avoir des projets intéressants”, conclut le médecin de l’Hospital del Mar. Pour cela, il ne faut pas oublier l’élément clé : le besoin des patients. Car oui, ce sont eux avant tout, qui génèrent l’innovation médicale à Barcelone.
Bonus : le défi de se faire des amis à Barcelone
Ville cosmopolite, bouillonnante, et surtout remplie d’événements. Mais au milieu de plus d’un million d’habitants, il faut quand même arriver à faire sa place. Certains optent pour Tinder. Périlleux. D’autres, par les associations sportives. Efficace. Mais la voie la plus utilisée reste les groupes Facebook. “Français à Barcelone”, “Francophones en Catalogne”, “Les Françaises de Barcelone”. Le nombre de communautés en ligne pour nouer des contacts est illimité.
“Grâce à Instagram, Facebook, et l’application Meet-up, c’est facile. J’aurais aimé avoir ça au début”, témoigne Laëtitia, 42 ans, originaire de Franche-Comté. Elle, a débarqué pour vivre et visiter Barcelone en 2007. A l’époque, aucun de ces moyens n’existait. “Heureusement, il y avait un site francophone, un peu guide, qui proposait des Drink Nanas. On se faisait des restos entre filles. Elles ont été mes premières amies.” Maintenant, elle utilise beaucoup l’application Meet-Up pour faire des randonnées à plusieurs, avec des étrangers et des Catalans. “C’est super pour s’intégrer”, assure la Française.
Mais tous ne vivent pas les Meet-Ups de la même façon. A croire que certaines activités sont plus “saines” que d’autres. Car sur l’appli, on trouve de tout. Sport, ateliers, soirées. Et les rencontres dans les bars peuvent aussi être plus risquées.
Parfois, on se retrouve à discuter un peu trop longtemps avec un inconnu, à devoir lui payer ses verres et tapas. D’autres fois, on a presque l’impression d’être dans un speed dating non voulu. Et au bout du compte, on peine à se faire une véritable amitié…“Le résultat est à double tranchant. Avec les applis et réseaux sociaux, il y a aussi une dimension consumériste dans la manière d’aborder les relations amicales. Si la personne ne colle pas avec l’image qu’on s’en faisait, on tend à la zapper et passer à la suivante. Alors que si on rencontre des gens par hasard, on apprend à se connaître”, analyse Agathe Fourgnaud, psychologue à Barcelone.
Certes, les Catalans sont réputés pour être fermés. “Mais c’est un préjugé, on peut vivre à Barcelone et trouver des gens ouverts ou fermés un peu partout”, assure Alejandro Pinato, psychothérapeute francophone. D’autant que pour sa consœur, Agathe Fourgnaud, “c’est facile de discuter, manger des tapas… ” En revanche, il n’y a pas forcément plus derrière. “Les Barcelonais « de souche » n’éprouvent pas le besoin de se faire de nouveaux amis. Ils ont leur famille ici, leurs amis de longue date”, explique la psychologue.
Plus la peine de culpabiliser de ne traîner qu’entre Français donc. Rien de plus normal, dirait même Agathe Fourgnaud. “Nous avons une culture très forte et beaucoup s’en rendent compte quand ils sont à l’étranger. Il y a toujours ce besoin d’échanger avec d’autres Français.” Et pour le reste, l’amitié se déclinera en plusieurs langues. Car à Barcelone, s’il est si facile de se faire des amis, c’est surtout parce que les relations se conjuguent à l’international. Et forcément, ça laisse plus de choix.
10 bonnes (et mauvaises) raisons de venir vivre à Barcelone 2020
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