Les trains de nuit Paris-Barcelone ne sont pas à l’ordre du jour. La Renfe et la SNCF préfèrent favoriser l’essor des TGV.
Grande déception pour les usagers des trains de nuit. Les compagnies ferroviaires françaises et espagnoles écartent de leurs plans stratégiques la possibilité d’établir un train nocturne entre la capitale française et catalane. Pourtant, en Europe, le service de train de nuit a le vent en poupe, comme en témoigne l’alliance européenne autour de Nightjet.
Effectivement, ces transports nocturnes sont opérés dans le vieux continent par la compagnie de chemins de fer autrichienne ÖBB, et proposés en coopération avec la SNCF, mais aussi par la compagnie de chemins de fer suisse SBB, par Trenitalia en Italie, et par NS aux Pays-Bas. Les premières lignes en fonctionnement permettent de relier les villes de Vienne, Munich, Cologne, Zúrich, Rome, Milan, Amsterdam ou encore Stockholm. Cependant, l’espoir de voir un trajet Paris-Barcelone de nuit s’amenuise.
Les trains de nuit Paris-Barcelone : primat des TGV
Les opérateurs français et espagnols préfèrent miser sur les TGV. « Si la demande augmente sur cet axe, nous préférerions ajouter de nouvelles fréquences à grande vitesse plutôt qu’un train de nuit », explique Jean-Baptiste Guenot, directeur du développement international de la SNCF. C’est la philosophie entretenue par la compagnie française depuis des années, après avoir supprimé la majorité des trains de nuit au cours de la dernière décennie. L’un des rares qui subsiste en France relie Paris à Latour-de-Carol, commune nichée à côté de la frontière de Puigcerdà. Pour rejoindre Barcelone, il faut ensuite prendre le Rodalies R3, mais le trajet est trop long.
Un Rodalies en Catalogne, l’équivalent des TER en France.
Les dirigeants de la SNCF invoquent également des raisons économiques pour écarter une mise en service des trains de nuit vers Barcelone. « Ce sont les mêmes raisons qu’ils ont données pour soutenir les TGV Barcelone-Paris, mais pas les liaisons de l’Espagne avec Lyon et Marseille après la rupture de l’accord de collaboration avec Renfe » explique l’opérateur ferroviaire espagnol. Jean-Baptiste Guenot précise néanmoins les conditions assurant une éventuelle mise en service d’un train nocturne avec Barcelone : « les trajets opérés circulent grâce à des subventions car un équilibre financier n’a pas été trouvé pour eux. Nous estimons qu’il n’est pas pertinent d’ouvrir de nouvelles lignes de nuit s’il n’y a pas d’aides publiques pour le rendre possible ».
Des subventions réclamées par la Renfe
Du côté de la Renfe, les doléances sont similaires. Les trains de nuit ont été supprimés progressivement, et la pandémie a accéléré le phénomène. La crise sanitaire a effectivement supprimé les quelques trains de nuit encore en circulation, comme celui qui reliait Barcelone à la Galice. « La possibilité de déclarer ces transports dans le service public devrait être étudiée », évoquait il y a quelques mois l’opérateur public espagnol. Il s’agissait d’une manière de réclamer indirectement des subventions au gouvernement s’il décidait d’opter sur ce type de trains, tout comme l’opérateur français.
Bien que le projet de rétablir les trains de nuit séduit partiellement la Renfe, la compagnie ferroviaire espagnole se focalise sur une priorité : récupérer les lignes Barcelone-Lyon et Madrid-Marseille. Effectivement, depuis le 11 décembre dernier, ces trajets ont définitivement été supprimés, marquant le divorce entre la Renfe et la SNCF.
Pour l’heure, l’opérateur espagnol attend son autorisation pour faire circuler ses TGV en France. Elle doit être délivrée par l’agence de sécurité française. « Nous attendons le certificat de sécurité. Une fois en main, nous pourrons former le personnel et opérer en France. Mais ça, ça ne dépend pas de nous », souligne un dirigeant de la Renfe. Cependant, cette autorisation peine à être accordée, cristallisant d’autant plus les relations entre la SNCF et la Renfe…
