Chaos entre trottinettes et piétons à Barcelone

Trottinettes et piétons à Barcelone

Feux rouges grillés, voies de circulation non respectée, vitesse dépassée. A Barcelone, la cohabitation entre les trottinettes et les piétons est chaotique. Et s’avère de plus en plus dangereuse. Les accidents se multiplient, pendant que des agents municipaux tentent de les limiter. Reportage.

« Madame ! Retournez sur le trottoir s’il vous plaît. Ici, c’est une piste cyclable », interpelle un agent civique de la mairie de Barcelone. Au pied de la Sagrada Familia, ils sont quatre répartis autour de l’édifice pour protéger piétons, cyclistes, et conducteurs de trottinettes. Il faut au moins ça pour éviter qu’ils ne se heurtent. « Parce qu’ici, c’est le chaos complet ! La Sagrada Familia doit sûrement protéger les gens car je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus d’accidents », s’exclame celle qui fait la circulation.

Ceci dit, ils sont déjà nombreux. En moyenne dix accidents par semaine, selon Alex, lui aussi agent civique dans le quartier du monument le plus emblématique de Barcelone. Ils impliquent surtout les piétons et les deux-roues. Certains sont parfois très graves, et inquiètent la sphère médicale.

« Personne ne fait attention »

« Mais il y en a moins qu’il ne devrait », ajoute l’homme au gilet orange. Par rapport au nombre croissant de trottinettes dans la ville, leur vitesse, mais aussi la complexité la cohabitation avec les personnes à pied ou à vélo, c’est peu. « Personne ne fait attention ! »

Car autour de la Sagrada Familia, les vas et viens sont sans fin. Feux rouges grillés, piétons sur la route et trottinettes à toute vitesse. Les uns viennent de la droite, les autres de la gauche. Descendent du trottoir bondé de touristes, pour terminer sur la route. Coupent la route des trottinettes, coupant eux-mêmes celle des piétons. Freinent brutalement au dernier moment. En clair, c’est le bordel.

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« C’est pour ça qu’on est là et qu’on tente de trouver des moyens pour améliorer la circulation », renchérit Alex. Des barrières sont parfois mises en place pour interdire le passage des deux-roues dans les zones très touristiques. « Et nous, on nous demande d’être vigilants. Mais c’est impossible car chacun fait ce qui lui plaît. », ajoute son collègue.

Des règles non respectées

Malgré tout, ces « veilleurs de sécurité » prennent leur rôle très à cœur. Ils donnent des recommandations, le temps d’un court échange. Un signe de la main pour demander de ralentir. Des conseils pour éviter les accidents. « Mais bon, on n’a pas le pouvoir de verbaliser. On informe et on fait ce qu’on peut, sans autorité. »

Pourtant, s’ils avaient la possibilité de mettre des amendes, elles seraient nombreuses. Les règles ne sont pas respectées, ni par les uns, ni par les autres. Maria, livreuse à trottinette pour Uber Eats, le voit au quotidien. « Beaucoup ne respectent pas la limitation de vitesse à 30 km/h maximum. Leurs trottinettes sont débridées. » Elle, est ultra équipée. Genouillères, casques, chaussures fermées. Celle qui a connu un accident en descendant la ville depuis le quartier du Carmen ne se fera plus avoir. « Les autres aussi devraient porter plus de protection et faire attention. »

trottinettes et piétons à Barcelone

Si le casque est porté par la majorité, il ne fait pas tout. « Certains d’ailleurs se croient tout permis parce qu’ils en ont un« , ajoute l’agent civique Alex. D’autant que ce n’est pas la seule obligation pour rouler à trottinette en Espagne. Il est interdit par exemple d’être à deux dessus, d’écouter de la musique, de circuler sur les voies piétonnes ou encore, le téléphone à la main. Pour chaque infraction, l’amende peut aller de 100 à 200 €.

De plus en plus de trottinettes et d’accidents

La police municipale patrouille de temps en temps. Mais il est difficile de tout maîtriser tant le phénomène des trottinettes a pris de l’ampleur dans toute la ville de Barcelone. « C’est surtout depuis deux ans. Depuis la pandémie en fait », analyse Alex. Et ça continue. Les agents en gilets oranges le voient au quotidien, avec l’augmentation des collisions entre les piétons et les deux-roues. 1634 dénombrées pendant l’année 2021, selon les derniers chiffres du service catalan de circulation.

« On sait bien que c’est compliqué. Celui qui est à pied pense qu’il doit être le roi. C’est vrai que c’est mal pensé au niveau de la structure des routes, trottoirs et pistes cyclables. Mais chacun doit être à sa place », assure le second salarié municipal. Quand celle qui prend son service, elle, pense que cette zone autour de la Sagrada Familia devrait carrément devenir une superilla. Mais cela ne résolverait qu’une seule partie du problème.

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