Barcelone concentre les quartiers aisés sur les hauteurs de la ville. Un choix qui n’a rien du hasard et dont l’histoire enseigne l’origine.
Dans la capitale française, les beaux quartiers sont situés dans l’ouest parisien. La raison est historique : le vent pollué des usines soufflait vers l’est. En se plaçant à l’opposé, les plus riches des citoyens s’octroyaient ainsi un air plus pur. A Barcelone, les quartiers chics sont situés sur les hauteur de la ville, connus comme la « zona alta », la « zone haute », mais aussi la « zone de la haute société ».
Une position qui prend naissance dans les années 20, les classes bourgeoises cherchant à éviter la pollution de la plaine. Le quartier du Gòtic était connu pour ses mauvaises odeurs en provenance des ordures, des produits chimiques, des feux de cheminées et de la pollution des usines. Les petites ruelles du centre-ville brassant peu d’air, la qualité de vie était plutôt médiocre. Cet environnement favorisait les maladies et autres épidémies. Sur les hauteurs de la ville, au contraire, soufflait un vent pur, mâtiné d’abondants rayons de soleil.
S’éloigner des mouvements sociaux
Par ailleurs, dans les années 1920 et 1930, les classes aisées cherchaient à fuir « la pollution politique qui contaminaient les esprits de la plèbe » pour reprendre la formule de l’historien catalan Pau Moncho. Le socialisme, syndicalisme, anarchisme, communisme de l’entre-deux guerres, surreprésentés chez les catégories sociales vivant dans le centre de Barcelone n’étaient pas la tasse de thé des élites.
Les hauteurs devinrent donc un refuge. Le Tibidabo dans un premier temps avec les quartier du Carmel, de la Salut, et d’Horta qui concentraient les familles riches de la ville. Elles y établirent d’abord leurs résidences secondaires, pour ensuite y vivre de manière permanente. Les maires de Barcelone, comme le marquis de Fernando Fabra i Puig, faisait partie des riverains.
La zone bourgeoise s’est ensuite déplacée vers Sarrià, Pedralbes et Sant-Gervasi sous l’impulsion de Joan Antoni Güell, alors propriétaire des terrains. Des lotissements entiers se sont construits. Le profil social des habitants de cette zone demeure aujourd’hui intact et tous les quartiers situés au nord de l’Avenida Diagonal, à partir du Passeig de Gràcia, sont encore l’apanage des catégories sociales les plus aisées.