En Espagne, « une autre immigration est possible »

immigration en Espagne

Le récent sauvetage de migrants par l’Ocean Viking réveille des rancœurs en Europe. A la question de l’immigration clandestine, l’Espagne et le Sénégal proposent une alternative : la migration circulaire. Un modèle testé et approuvé.

Photo : Clémentine Laurent

Où accueillir les migrants ? Dans quelles conditions ? Pour quel avenir ? En Europe, ces questions font débat depuis que la France a accueilli les 234 rescapés de l’Ocean Viking, vendredi 11 novembre.

Le refus symbolique de l’Italie marque une nouvelle étape pour les pays de la Méditerranée comme l’Espagne ou la Grèce, fortement concernés par l‘immigration. Rien que cette année, pas moins de 130 000 personnes ont rejoint le sud de l’Europe par l’Afrique, dont 28 899 en Espagne.

Migration circulaire entre l’Espagne et le Sénégal

Face à ce phénomène, le pays de Cervantes tente un nouveau schéma, qui a de quoi inspirer : la migration circulaire. Et c’est avec le Sénégal que l’Espagne le développe. Chaque année, les entreprises agricoles espagnoles offrent un contrat de trois mois à des jeunes Sénégalais. Entre avril et juin derniers, 17 agriculteurs africains ont été embauchés pour la cueillette de fruits dans la province d’Albacete, entre Valence et Madrid. A la clé ? Une paie de 8 € de l’heure, un logement à l’hôtel, et la sécurité sociale en prime.

“Beaucoup de gens pensaient que c’était une utopie, qu’il était impossible d’aller en Espagne en toute légalité. Mais nous, on l’a fait », raconte un salarié de 34 ans à El País. Lui comme son collègue Alassane Seck sont rentrés au Sénégal une fois la saison terminée, comme convenu. “Car il est très difficile de vivre comme un sans-papiers en Europe. » Et que le retour faisait justement partie du contrat.

L’engagement tenu offre une alternative à l’immigration clandestine. Et une seconde chance aux deux pays, puisque le concept existe en réalité depuis 2006. A l’époque, l’Espagne avait reçu près d’un millier de travailleurs saisonniers sénégalais. Mais beaucoup étaient restés dans le pays une fois leur contrat terminé. Réduisant drastiquement les initiatives de migration circulaire et le nombre de bénéficiaires.

Près de 200 contrats saisonniers en 2023

Maintenant que les Sénégalais tiennent leur promesse du retour au bercail, l’Espagne envisage d’augmenter à nouveau sa politique d’accueil saisonnier. En 2023, les entreprises espagnoles pensent offrir jusqu’à 200 contrats dans l’agriculture mais aussi l’hôtellerie, la pêche, la construction et la mécanique. Un succès selon l’ambassadeur d’Espagne à Dakar, Nestor Nongo, qui montre bien qu’“une autre immigration est possible”.

Le développement de ce modèle de migration circulaire, associé à de la formation professionnelle, pourrait être une solution envisageable sur le long terme. A condition aussi que le Sénégal reconnaisse les compétences acquises en Espagne. Et que la migration serve aussi, aux deux pays.

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