Les stations de ski en Catalogne sont sur une pente glissante. Entre le froid qui n’arrive pas, l’augmentation du prix de l’électricité et le manque d’eau, elles ont de quoi trembler. Autour de Barcelone, on reste sereins, alors que la sonnette d’alarme est déjà tirée en France.
Un mois tout pile. C’est en toute logique le temps qu’il reste à attendre avant de dévaler les pistes de ski de La Masella, La Molina ou encore Baqueira Beret. « Si on a de la neige », précise tout de même le gouvernement catalan, qui gère les six stations de ski publiques de Catalogne. Oui, mais à quel prix ?
La situation n’est pas des plus confortables pour le monde alpin. L’hiver tarde à pointer le bout de son nez, pour ne faire qu’accentuer la sécheresse. Et le prix de l’électricité augmente depuis plusieurs mois.
Les stations de ski économisent leur énergie
« On pensait que ce serait le manque de neige qui menacerait les stations de ski. Et en réalité c’est le coût de l’énergie », annonce Guillaume Desmurs, journaliste et écrivain spécialisé sur l’avenir du ski. En prévision d’une facture trop salée, en France, la station Puigmal 2900 dans les Pyrénées-Orientales, a déjà annoncé une baisse de régime. Elle fermera ses remontées mécaniques trois fois par semaine, pour faire des économies.
Mais de l’autre côté de la frontière, rien de tel n’est nécessaire, selon le service en charge de la gestion des stations de ski publiques. Malgré l’augmentation de 60 % du prix de l’électricité en Espagne, aucune restriction n’est envisagée. « Ça fait des années qu’on fait des économies », commente la porte-parole de la Generalitat. Illuminations avec des ampoules LED, digitalisation et systèmes performants permettent aux stations de Catalogne d’économiser au maximum son énergie. Mais pour combien de temps encore ?
« On est au pied du mur »
« Nous arrivons au bout d’un modèle construit sur de l’énergie bon marché », estime Guillaume Desmurs. Car neige rime en réalité avec énergie et ressources naturelles. Aucune station n’échappe à la production de neige artificielle. Avant même le début de saison, elle en produit comme « sous-couche de base » pour accueillir les flocons naturels.
« Toutes les stations en sont dépendantes. Mais la neige de culture, c’est de l’eau, de l’électricité et du froid. Alors évidemment, pas besoin d’en rajouter plus : on est au pied du mur », ajoute l’expert. Pourtant, du côté des professionnels en Catalogne, on reste sereins. « On a déjà investi dans des canons à neige qui dépensent moins d’eau et moins d’énergie tout en produisant plus de neige. C’est très performant. »
Le réchauffement climatique dans le viseur
Alors oui, l’inquiétude ne se cache pas quant aux factures, mais cela ne devrait pas durer, selon les attachés de presse du gouvernement catalan. « C’est conjoncturel, certes », acquiesce le spécialiste. « Mais de toute façon, pour les acteurs du business du ski, leur avenir assuré jusqu’au moins 2050 », ironise l’écrivain Guillaume Desmurs. « J’espère vraiment que ça durera encore longtemps. Moi le premier, j’adore le ski. Mais ça peut aller plus vite que prévu. » Car si le prix à payer de l’électricité reste encore discutable, celui du réchauffement climatique est inestimable.
Pour limiter son impact sur l’environnement, le mieux serait d’abord de skier local, en limitant les longs déplacements. Que les amateurs de glisse gardent espoir, donc. Il existe encore un avenir à imaginer.
A lire aussi : Le réchauffement climatique s’accélère dans les Pyrénées