Faire son stage à Barcelone, entre rêves et désillusions

Classée en tête des meilleures villes étudiantes d’Europe, Barcelone fait aussi partie des villes européennes les plus prisées par les jeunes Français partant en Erasmus. Expériences inoubliables ou désillusions, la capitale catalane réserve toujours des surprises.

Photo : Clémentine Laurent

« C’était une entreprise où l’objectif était d’avoir un maximum de stagiaires. On était près de 80 à un moment donné et le directeur ne validait notre stage que si on n’avait payé », explique Romain, étudiant en BTS commerce international au moment où il réalise son stage à Barcelone chez DpointGroup. Un système bien rodé, où selon plusieurs témoignages, on donne pour mission aux stagiaires… de recruter d’autres stagiaires.

« On avait quelques missions au début, mais tout le reste était fictif, on ne faisait presque plus rien au fil du temps », dénonce l’étudiant. Un système connu de certaines écoles en France chez qui l’entreprise est inscrite sur liste noire. Pour mieux comprendre leur fonctionnement, nous avons postulé pour un stage chez DpointGroup.

Deux jours après avoir envoyé un CV et une lettre de motivation sans grand intérêt, nous recevons un mail nous indiquant que notre candidature est retenue pour le stage. « Pour que la procédure de recrutement soit plus rapide et efficace, en remplacement d’un entretien, nous vous envoyons cet email pour vous confirmer votre place chez DpointGroup », pouvons-nous lire dans le message reçu.

Après une énumération des secteurs au sein desquels nous pouvons choisir de travailler, l’entreprise promet de former l’étudiant au marketing en ligne, à la prospection ou encore au développement de sites web, et même de réaliser tout ou une partie de son stage en télétravail. .

Télétravail Barcelone France

Cependant, « vous êtes tenu de payer 290 € pour la formation que nous vous fournissons. Nous acceptons de préférence les espèces et les virements. Sans le paiement, le stagiaire ne pourra pas effectuer son stage », précise l’entreprise. Contacté à ce propos, DpointGroup assure agir en toute légalité et n‘a pas souhaité répondre à nos questions.

Une ville où « on n’est pas obligé de parler espagnol »

Heureusement, ce cas reste isolé à Barcelone. Mais sans avoir à payer, certains stages peuvent être décevants, comme celui qu’a effectué Victor en 2020. « On m’a dit que j’allais parler plusieurs langues, faire de la négociation et avoir affaire à différents interlocuteurs, ce qui a été le cas. Mais ça n’a pas été aussi diversifié que ce qu’on nous a promis », dénonce l’étudiant parisien.

Un stage qui ne correspond que partiellement à l’offre proposée, un problème lorsque l’étudiant envisage cette expérience comme fondamentale pour la suite de son cursus. « Parfois les stages ne correspondent pas à ce qui est prévu, mais c’est de moins en moins le cas car il y a une visibilité accrue sur Internet », constate Sandra Seknagi, directrice de Mobi-trainee, agence de gestion de mobilités Erasmus.

jeunes stagiaires

Web marketing, service client, high tech et tourisme sont ainsi les secteurs les plus demandés par les stagiaires français, dans une ville espagnole « avec la mer, où ça bouge, et où on n’est pas obligé de parler espagnol pour vivre », indique Sandra Seknagi. C’est le cas de Yohann, arrivé début 2022 à Barcelone. « J’avais un niveau d’espagnol basique, mais je n’étais pas en mesure de travailler dans cette langue. Je parlais anglais et français, et on m’a dit que c’était suffisant », explique cet étudiant en communication. Après un week-end entre amis à Barcelone, le jeune homme de 22 ans explique avoir absolument voulu y retourner pour faire son stage de fin d’études.

Une expérience qu’il n’a pas regretté. « J’ai beaucoup travaillé et j’ai adoré ce que j’ai fait, c’était très enrichissant. J’étais dans un univers cosmopolite, avec des missions variées et j’ai rencontré un tas de personnes différentes, c’était exactement ce que je recherchais en venant ici. J’ai énormément appris et j’ai même eu une proposition d’embauche par la suite », témoigne Yohann.

Une vie cosmopolite

Éléonore, quant à elle, a débarqué en Catalogne avec un bagage linguistique plus solide, dans l’intention de s’intégrer plus rapidement. « Je parle espagnol couramment et j’ai appris le catalan avant de venir, ce qui a été un plus au quotidien », constate la jeune femme originaire de Toulouse. Un stage en marketing qui s’est très bien passé, une ambiance de travail optimale, ce qui lui a permis de s’épanouir professionnellement.

Week-end à Barcelone

Un regret tout de même, celui de n’être restée qu’avec des étrangers « il a été très difficile de rencontrer des Catalans ou même des Espagnols parce que quand on est dans un univers cosmopolite, on en vient à fréquenter que les événements et lieux où il y a des étudiants étrangers, et on ne sait pas trop où aller pour rencontrer des locaux, c’est dommage », conclut Éléonore. Un Barcelonais sur cinq est étranger, et dans cette petite ville-monde, il faut parfois du temps pour réussir son intégration.

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