La moitié du gouvernement catalan démissionne

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Le parti de Carles Puigdemont quitte le gouvernement catalan et provoque une crise institutionnelle en Catalogne. 

Le centre-droit indépendantiste, Junts -le parti de Carles Puigdemont-  et la gauche ERC, frères ennemis sur l’échiquier politique depuis 50 ans, étaient jusqu’à aujourd’hui obligés de gouverner ensemble au nom du processus indépendantiste. Cependant, à la fin du mois de septembre, l’aile la plus radicale de Junts a attaqué violemment le président de gauche de la Catalogne Pere Aragonès : soit il ressuscite le processus indépendantiste, soit il y aura une tentative de destitution par le parlement via le système de question de confiance. Il a alors fallu moins de 24 heures au chef du gouvernement pour expulser jordi Puigneró, le vice-président de l’exécutif et homme fort de Junts. Pere Aragonès l’a tenu pour responsable de la menace de la question de confiance.

En représailles, Junts a organisé depuis ce jeudi, une consultation de ses 6.000 adhérents pour répondre à la question : faut-il ou non quitter le gouvernement ? Le oui a gagné à 55% et les 6 ministres de Junts (économie, justice, affaires étrangères, politiques sociales, politiques digitales, universités) vont démissionner du gouvernement.

Le vieux parti de centre-droit fondé en 1981 par le président Jordi Pujol et réformé par Carles Puigdemont en 2017 fait donc  imploser le gouvernement catalan.

Stratégies opposées

En 2017, la stratégie indépendantiste était claire : désobéir à l’État espagnol, monter un référendum interdit par Madrid et déclarer l’indépendance. Face au fiasco de l’opération (nul soutien international et peine de prison pour tous), la gauche indépendantiste ERC change de stratégie et pense qu’il faut négocier activement avec Madrid quitte à soutenir le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez. Junts sous l’influence de Carles Puigdemont croit au contraire qu’il faut continuer à mettre la pression à l’Espagne en multipliant les provocations.

Le 14 février 2021, la stratégie d’ERC a été validée d’une courte tête lors des élections catalanes où le parti est arrivé légèrement devant Junts. Pere Aragonès était légitime pour devenir le nouveau président de la Catalogne. Faute de majorité parlementaire, il lui faudrait le soutien de Junts qui occuperait la moitié des ministères. Une relation qui prend donc fin ce jour.

Pas de majorité, les indépendantistes dans l’opposition

ERC ne dispose d’aucune majorité parlementaire avec seulement 33 députés sur 135. Il devra trouver un appui des socialistes et la gauche radicale de Podemos pour trouver un instable équilibre. Junts passe officiellement dans l’opposition pour incarner l’indépendantisme. Le processus de séparation de la Catalogne d’avec l’Espagne est de fait interrompu.

L’avenir, notamment financier, du parti de Carles Puigdemont devient incertain. Plus de 300 hauts fonctionnaires de Junts sont actuellement salariés par la Generalitat occupant des postes de directeurs de cabinet, responsables de communication, secrétaires généraux dans l’administration. etc… Avec la sortie du gouvernement, tous les postes à responsabilités seront occupés par le parti aux affaires, c’est-à-dire ERC.

Selon l’organisme de transparence du gouvernement, la somme totale salariale s’élève environ à 23 millions d’euros annuels.

 

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