Ville du tourisme low-cost, de la fête et de l’alcool pas cher…mais aussi du luxe, de la vie mondaine et des millionnaires. Barcelone possède cette facette moins connue et pourtant en plein essor.
Photo : Louise Garcia
Ils seraient plus de 35 000 au sein de la capitale catalane. Les millionnaires ne sont pas les plus visibles, mais c’est une population dont le nombre augmente chaque année. Pourtant, tous n’appartiennent pas au même monde.
Il y a ceux que l’on voit dans les boîtes de nuit les plus sélectives, les restaurants les plus luxueux, qui vont au casino pour certains ou possèdent un jet privé. En somme, ceux qui aiment êtres vus, qui aiment montrer. Et puis, il y a les autres, ceux qui se font plus discrets, qui préfèrent les événements en plus petit comité et les lieux exclusifs. Ils se retrouvent alors au sein des clubs privés, notamment au sein de l’institution historique du Club Équestre, qui a plus de 160 ans d’existence et incarne l’essence de la haute société catalane.
Au sein du club privé situé sur la Diagonal, l’élégance règne. Dans ce bâtiment moderniste datant de 1910, rien n’est laissé au hasard, donnant l’impression d’être dans l’enceinte d’un musée d’une autre époque, où tout serait resté intact. Lustres surplombant les salles, frises feuillagées ornant les murs, motifs esquissées, arcades vernies en guise de décor… chaque détail architectural vaut la peine qu’on s’y attarde.
À l’origine créé par un petit groupe de personnes partageant une passion commune, l’équitation, le club s’est progressivement élargi pour devenir un lieu de rencontre afin de former son réseau social et professionnel. Aujourd’hui, ce sont aussi bien des artistes, des personnalités politiques, des médecins ou encore des jeunes entrepreneurs qui viennent au cercle équestre.
Des clubs privés et discrets
Mais c’est surtout un club de sociabilisation professionnelle où le réseau se forme de manière informelle. Pour y accéder, en plus d’un droit d’accès de plusieurs milliers d’euros en moyenne, il est nécessaire d’avoir le parrainage de deux socios, comprenez deux abonnés du club, pour pouvoir à son tour en devenir un. « Mais si quelqu’un est intéressé par le Club et qu’il n’a aucun contact, ce n’est pas un problème. Nous le mettons en relation avec des socios qui pourront potentiellement le parrainer ensuite« , assure Miriam Robert Gari, en charge des relations publiques.
C’est tout un « savoir être » qu’il faut avoir acquis, une manière de se présenter et d’échanger avec les autres. Une opportunité de se créer des contacts, de fréquenter des personnes influentes, et qui n’est pas accessible à n’importe qui. Il ne suffit pas de payer son droit d’entrée pour que le réseau s’ouvre et se construise naturellement. Un élément central, qui conditionne la bonne intégration du socio au reste du club, et que l’on retrouve également chez ceux qui appartiennent à l’autre monde des privilégiés.
« Souvent les gens pensent que le Cercle Équestre est un lieu fermé, qui serait réservé à une certaine élite et où par conséquent ils n’auraient pas leur place. Mais ce n’est pas vrai ! Toute personne intéressée par l’institution, curieuse de faire des rencontres et construire son réseau professionnel et social y a sa place » se défend la chargée de relations publiques.
Boites de nuit et paillettes
Loin de l’ambiance feutrée du Cercle Équestre ou celui du Liceu, les restaurants branchés de Pedralbes, du centre ou du front de mer accueille un autre style de population aisée. Côté restauration, le Milo Parrilla, qui propose une combinaison de spécialités méditerranéennes et argentines, serait prisé par les stars catalanes du petit écran, et de certains sportifs comme Rafael Nadal. Le Mont-Bar, avec sa haute gastronomie catalane assortie d’une collection de plus de 250 vins, est particulièrement apprécié par les artistes internationaux lors de leur séjour à Barcelone, à l’image de la chanteuse britannique Adèle ou de l’acteur américain Arnold Schwarzenegger. Enfin, au 9 Reinas, propriété de deux anciens du FC Barcelone et de l’Espanyol, on retrouve régulièrement des footballeurs stars.
Pour les loisirs, le Casino de Barcelone attire nombre d’entre eux, notamment au mois d’août, où le plus grand tournoi de poker d’Europe y est organisé. Plus de 100 nationalités différentes s’y retrouvent pour deux semaines de compétition de haut niveau stratégique et surtout économique, avec des gains dépassant le million d’euros. Puis le soir, ce sont les clubs les plus chics de la capitale catalane qui accueillent ce public.
Le Nuba, situé dans le quartier privilégié de Sant Gervasi, propose une ambiance haut de gamme, une des plus raffinées de Barcelone. À l’époque où il jouait pour le FC Barcelone, l’attaquant star de l’équipe, Neymar, aimait s’y rendre régulièrement. Le Club Eclipse de l’Hotel W fait également partie des points de rencontre des personnes les plus riches de la capitale catalane. Avec une vue exclusive sur la Méditerranée et le littoral barcelonais, il est nécessaire de respecter un code vestimentaire très élégant pour s’y rendre.
Élégance et discrétion
Mais pour accéder à ces lieux, c’est davantage l’apparence et le savoir être qui compte. Avec une entrée avoisinant les 30 euros par personne et des boissons comprises entre 7 et 20€ en moyenne, ces établissements restent accessibles financièrement à un grand nombre. Ils misent en revanche sur le raffinement de la clientèle, un style sophistiqué et un comportement à la hauteur de l’élégance des lieux. L’entrée peut aussi se faire sur liste, en connaissant un habitué du club qui facilitera l’entrée des personnes qu’il a conviées.
La manière de se présenter, de se vêtir et d’interagir, ainsi que le réseau de contacts que l’on s’est créé, sont les éléments qui permettent d’accéder à ces lieux privés, parfois accessible uniquement sur réservation. Une élégance sur laquelle mise de plus en plus Barcelone pour mettre en avant cette autre facette de la ville, et tenter un jour de rivaliser avec les plus grandes capitales du luxe.