Il n’y a jamais eu autant de motards perdant la vie dans les rues de Barcelone que depuis le début de cette année 2022. Décryptage.
Il s’est produit 15 accidents mortels depuis janvier, un chiffre encore jamais atteint à Barcelone en si peu de temps. Les personnes décédées sur une moto sont en majorité de jeunes hommes qui s’écrasent sur l’un des périphériques de la ville. Dans la plupart des cas, la cause du décès est une violente collision, soit avec d’autres véhicules, soit avec des barrières de sécurité sur la route. Analyse de ce phénomène avec Ricard Casalins, responsable des projets de mobilité au sein du club catalan de mobilité, le RACC.
Pourquoi y a-t-il plus de morts de motards à Barcelone cette année qu’auparavant ?
C’est une tendance très inquiétante. Cependant, nous ne détectons pas de schéma spécifique dans ces accidents mortels. Chacun a été différent, il faut donc que les pouvoirs publics offrent plus d’informations détaillées sur les accidents mortels et graves afin de pouvoir adopter la meilleure stratégie de prévention. Par exemple, les données disponibles sur les accidents graves n’offrent pas d’informations sur l’expérience du conducteur de la moto, ce qui nous permettrait de visualiser les besoins en formation.
Depuis le début de l’année, plusieurs motards ont perdu la vie sans que d’autres véhicules soient impliqués. Y a-t-il un problème de comportement dans la conduite de certaines personnes ?
Nous pensons que la sécurité est l’affaire de tous. Nous demandons une plus grande vigilance au volant, tant de la part des automobilistes que des autres usagers de la route. Nous devons tous respecter les règles en tout temps pour notre propre sécurité, mais aussi pour celle des autres. C’est pourquoi nous pensons qu’il est très important d’appeler à une conduite responsable et calme. Nous ne devons pas conduire de manière brusque, mais de façon détendue, avec des itinéraires planifiés et en évitant les pratiques à risque ou les éléments qui distraient, comme un téléphone portable.
Quelle est la solution pour que les motards cessent d’avoir des comportements dangereux à Barcelone, comme par exemple zigzaguer entre les voitures, circuler dans les couloirs de bus ou encore doubler par la droite ? L’adjointe au maire en charge de la circulation Laia Bonet a proposé que la mairie offre des formations aux motards. Certains réclament plus de répression de la part de la police. Où vous situez-vous ?
Nous sommes toujours partisans de la formation. Nous pensons que pour que nous respections tous les règles de circulation, il est essentiel de les connaître à fond et nous pensons qu’il peut être très utile d’enseigner des cours spécifiques pour les motocyclistes et aussi dans le cas des conducteurs qui ont perdu des points sur leur permis de conduire, afin qu’ils puissent les récupérer.
Bien sûr, c’est aussi une bonne idée de renforcer la vigilance avec la police, en particulier dans les points les plus conflictuels de la ville. Ça serait un bon élément de contrôle et de dissuasion des mauvaises pratiques, mais nous pensons que la formation et la sensibilisation, également par le biais de campagnes spécifiques, devraient être la première étape.
Et d’autre part, nous pensons que l’Administration devrait également faire un effort pour évaluer l’infrastructure routière et l’améliorer là où c’est nécessaire. Notre dernière étude sur les motos à Barcelone révèle que 47 % des motards ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils conduisent à Barcelone, ce qui nous indique qu’il faut faire quelque chose.
Nous devons nous concentrer sur les espaces les plus dangereux qui sont les carrefours. Les pouvoirs publics doivent les évaluer et les modifier quand c’est nécessaire. Ils doivent également s’assurer du bon état des infrastructures, telles que la chaussée et la signalisation routière.
On voit aussi beaucoup de motards circuler à Barcelone sans équipement adéquat, comme sans blouson de moto par exemple. Est-ce une partie du problème?
Il est très important d’être bien équipé, avec tous les éléments de sécurité de base pour les motards, pour essayer d’amortir d’éventuels dommages. Il est nécessaire que l’administration renforce les campagnes pour réitérer l’importance de l’utilisation d’éléments de protection.
Au sein du RACC, nous avons participé à l’étude européenne PIONEERS qui a précisément conclu le rôle pertinent que ces éléments jouent dans la réduction de la mortalité et l’importance de continuer à investir dans la technologie et le développement pour améliorer les équipements.