Acheter un appartement à Barcelone pour investir, obtenir la liberté de vivre sans propriétaire, ou avoir l’impression d’avoir un fil à la patte avec un bien et son hypothèque. Témoignages.
« Je conseille d’acheter à Barcelone car c’est la ville qui est la plus attractive en Catalogne, surtout au niveau de l’emploi », s’enthousiasme Valentino Skoda, de l’agence immobilière française J’achète en Espagne. En effet, se débarrasser de son propriétaire parfois pas très arrangeant et surtout avoir son propre chez-soi paraît très alléchant.
« Nous cherchions un appartement central et nous avons sauté sur une bonne occasion dans le quartier de la Sagrada Familia », confie Pauline, trentenaire qui vit avec ses parents retraités. « L’appartement était lumineux, proche de la mer, de la montagne, des transports en commun et des boutiques » s‘enthousiasme la jeune fille avant de s’assombrir : « mais lors de la première nuit, nous avons eu la surprise d’entendre le bruit d’un appartement touristique qui est juste au-dessus du nôtre ».
Depuis une dizaine d’années, toute la famille vit donc au rythme des touristes. Entre les fêtes sans retenue sonore et les arrivées nocturnes à 3h du matin quand les avions atterrissent tard. « C’est dur pour se concentrer en télétravail » se désole Pauline qui pourtant ne regrette pas son achat.« Tous les logements ont des points positifs et négatifs » philosophe-t-elle, glissant au passage que si elle peut revendre son appartement, elle n’hésitera pas.
Des affaires qui n’en sont pas
« On s’est complètement faits avoir, on s’est plantés sur toute la ligne ». Le moral de Marceau, est beaucoup plus terne. Ce chauffeur de taxi français à Barcelone a hérité avec sa femme d’un tout petit appartement de 36 m2 dans le quartier du Vall d’Hebron. En 2008, croyant réaliser une bonne affaire bancaire, il contracte un crédit à taux variable pour s’acheter un appartement-terrasse. La banque lui propose une hypothèque pour ce logement et indique au quinquagénaire qu’il devra aussi laisser son petit appartement en caution pour obtenir la somme complète.
Le nordiste d’origine signe tous les papiers, pensant par la suite vendre rapidement le logement le plus petit pour solder les comptes et lever les deux hypothèques. Au même moment, le marché immobilier secoué par la crise financière de 2011 s’écroule. L’appartement devient invendable, le prix des mensualités des deux hypothèques explosent en raison des taux variables : Marceau est ruiné.
Il n’a pas d’autre choix que de retourner vivre dans le petit appartement de 36 mètres carrés avec sa femme et sa fille pour mettre le plus grand en location et couvrir une partie de l’hypothèque. « Personne ne veut acheter mes appartements car les gens négocient les prix à la baisse et je ne m’y retrouve pas avec mon crédit. C’est sûr que si je le donnais gratuitement il partirait plus vite » conclut Marceau dans un sourire noir.
Un marché florissant
A l’inverse pour Juan Carlos, l’achat d’un logement a été une délivrance. Après 15 années passées en colocation, cet informaticien s’est offert son propre appartement dans la zone de Lesseps. « Ça ne me coûte pas plus cher et je suis enfin chez moi » se félicite le quadragénaire. « Je n’ai pas de voiture, ni de permis de conduire, avoir mon appartement dans le centre-ville de Barcelone est une situation idéale ».
Un appartement est-il un fil à la patte dans une ville comme Barcelone, où l’on peut rester très longtemps, mais pas forcément y finir ses jours ? Juan Carlos a déjà son idée en tête : « Je le mettrai en location, mais avec une très bonne assurance contre les impayés, car les squatteurs à Barcelone ça me fait un peu peur ». De l’avis de tous les experts, acheter pour louer reste un bon investissement dans la capitale catalane, le marché de la location ne paraissant pas connaître la crise.