En novembre 2021, le gouvernement espagnol proposait d’expérimenter la semaine de quatre jours dans 200 entreprises volontaires. Si le maintien des salaires et la productivité ont fait débat, l’éventuel apport écologique a également suscité des interrogations.
Photo : Shridar Gupta/Unsplash
Souvent évoqué, la semaine de quatre jours peine à trouver sa place. Toutefois, les multiples essais en Espagne pourraient changer la donne. Alors que les partisans de la semaine de 4 jours soutiennent l’idée d’une productivité renforcée grâce à la réduction du temps de travail, un autre avantage est de plus en plus mis en avant.
Travailler moins, un atout écologique
L’argument écologique est venu renforcer les convictions des défenseurs de la réduction du temps de travail. En août 2021, le collectif britannique Platform a publié une étude démontrant que le passage à la semaine de quatre jours sans perte de salaire permettrait de « diminuer l’empreinte carbone du Royaume-Uni de 127 millions de tonnes par an d’ici 2025 », soit une diminution totale de 21,3 %.
La raison ? Les « économies d’énergie » liées à l’absence du personnel dans les bureaux, qui engendrait une sauvegarde d’énergie liée aux ordinateurs non-utilisés ou encore aux lumières éteintes. L’étude indique également que la semaine de 4 jours est écologique dans le sens où elle alimente une « réduction des déplacements » mais aussi une utilisation du temps libre à des fins moins émettrices comme « la vie en famille », la « cuisine à la maison », le « jardinage », ou encore le « volontariat local ».
Pour en arriver à ces constats, l’association a croisé les nombreuses études universitaires et sondages déjà réalisés sur ces questions. En 2012, déjà, des chercheurs de l’Université de Massachusetts Amherst avaient qu’une réduction moyenne de 10 % des heures de travail d’un ménage réduisait son empreinte carbone de 8,6 %.
La Convention citoyenne pour le climat s’en mêle
L’avatage écologique en faveur de la réduction du temps de travail s’étend même au-delà des études universitaires pour germer au sein de la Convention citoyenne pour le climat en France. « Je voyais cette proposition comme la suite logique de celles qu’on mettait sur la table, se remémore Rémy Dufour, membre de la Convention ayant porté l’idée, interrogé par nos confrères de Reporterre. Ce n’était pas tout de proposer des mesures comme la gratuité des transports, il fallait aussi libérer du temps aux gens pour qu’ils puissent les prendre. C’était avant tout une question de justice sociale. »
L’idée, qui a fait l’objet de vifs débats a néanmoins été refusée par deux tiers des votants. « Certains craignaient que ça ne bouleverse trop nos modes de vie, d’autres que ce ne soit pas une mesure écologiste en se disant que les gens profiteraient de leurs week-ends de trois jours pour partir en voyage en avion et consommer plus », détaille Rémy Dufour.
Malgré ces vifs débats, l’Espagne a décidé d’emboîter le pas aux Nordiques, là où les semaines de 4 jours sont déjà grandement effectives. Ainsi, pendant trois ans, les salariés de 200 entreprises volontaires travailleront eux trente-deux heures, payées quarante heures, sur quatre jours pendant trois ans. Ces structures espagnoles sont de tailles différentes et de secteurs différents pour que le gouvernement puisse évaluer si cela peut fonctionner sur le long terme dans des domaines variés. Ces phases de tests ont commencé au début de l’année 2022. Le bilan sera donc dévoilé en 2025. Les résultats seront comparés avec la productivité d’autres entreprises qui auront quant à elles conservé la semaine de cinq jours. Un bilan qui est indéniablement très attendu par les salariés, mais aussi par les écologistes.