Le Ministère de l’Intérieur espagnol fait face à la menace de la radicalisation djihadiste de certains détenus dans les centres pénitentiaires du pays.
À ce jour, en Espagne, une centaine de personnes purgent des peines pour divers crimes liés au terrorisme et sont surveillés par le ministère de l’intérieur. La police a cependant élargi la liste à une centaine d’autres individus après avoir détecté qu’elles se sont rapprochées de l’intégrisme islamiste pendant leur séjour en prison. Il s’agit de prisonniers de droit commun qui, attirés ou contraints par d’autres détenus, ont montré des signes de rapprochement avec l’aile la plus dure de l’intégrisme.
Dans son Bilan du terrorisme en Espagne publié en 2021, le Centre Mémorial des Victimes du Terrorisme révèle que 213 détenus étaient comptabilisés dans les fichiers spéciaux de surveillance des détenus.
Ce système classe les prisonniers en trois catégories. Les plus dangereux sont ceux appartenant au groupe A. Ces personnes sont incarcérées pour appartenance ou collaboration directement avec des groupes terroristes. Ils sont placés sous un protocole strict de sécurité les empêchant de « prêcher » au sein de leurs prisons. Une centaine de détenus font partie de cette catégorie en Espagne.
Le groupe « B » est composé de personnes qui purgent des peines pour des crimes de droit commun mais qui ont été impliquées dans des activités terroristes. Le groupe « C » est composé de détenus pour délits de droit commun au sein desquels des signes de radicalisation ont été observés.
Des ruches de radicalisation
Les autorités sont préoccupées par le fait que les prisons puissent se convertir en ruche de radicalisation terroriste. Souvent, les tentatives de recrutement découlent de la pression exercée par les individus les plus extrémistes sur le reste des détenus musulmans.
Dans son rapport, le Centre Mémorial des Victimes du Terrorisme dévoile un exemple concret de radicalisation. A Algésiras, en Andalousie, un détenu d’origine marocaine purgeait une peine pour trafic de drogue et conduite sans permis de conduire sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. Pendant son séjour en prison, il est devenu un organisateur d’activités religieuses collectives non autorisées, a fait pression sur d’autres détenus musulmans pour les forcer à se conformer aux préceptes islamiques et a agressé d’autres prisonniers qu’il considérait comme peu fidèles aux préceptes de l’islam. La police a fiché cette personne et a ouvert une procédure pour l’expulser d’Espagne.
La police a mené des actions en 2021 dans les prisons d’Aragon, d’Andalousie, de Galice, de Melilla, Ceuta pour enquêter sur des prisonniers qui se sont radicalisés pendant leur incarcération.