Berlin souhaite l’ouverture du MidCat, le gazoduc catalan, pour que le gaz algérien qui transite par l’Espagne puisse être utilisé par l’Allemagne en cas de pénurie. La France quant à elle s’oppose au projet.
L’Espagne détient 30% des ressources de gaz de l’ensemble de l’Union européenne. Si le pays ne produit pas son propre gaz, il en importe une quantité non négligeable de l’Algérie. Une réserve qui intéresse au plus haut degré l’Allemagne. Berlin est la première victime des restrictions de gaz exercée par Vladimir Poutine. L’Allemagne, en effet, est particulièrement dépendante du gaz russe. Or, l’Espagne ne peut pas faire transiter autant de gaz qu’elle le souhaiterait en raison d’un manque de structures.
Les regards se tournent vers la Catalogne et son gazoduc, le MidCat. Un premier tronçon de 87 kilomètres de cette pipeline est sorti de terre en 2012 entre les communes de Martorell (province de Barcelone) et Hostalric (province de Gérone). La construction a été stoppée en raison du manque de rentabilité estimée du gazoduc et, déjà, des réticences françaises. Mais face à la situation géopolitique actuelle, l’Europe et l’Allemagne sont prêtes à financer les travaux du Midcat pour qu’il soit totalement opérationnel.
Problème : les tuyaux doivent traverser la France et le gouvernement d’Emmanuel Macron a fait montre d’une forte opposition tout l’été. Paris estime que ce gazoduc n’est pas une solution d’avenir puisqu’il s’agirait d’investir encore sur des énergies fossiles et que les travaux pourraient causer des dommages environnementaux . Tout ça pour du gaz dont la France ne profitera pas, puisque la destination finale est l’Allemagne.
La rencontre entre Pedro Sanchez et Olaf Scholz
Cependant, ce mardi 30 août, la pression est montée d’un cran pour l’Élysée avec un déplacement à Berlin du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez pour rencontrer son homologue allemand Olaf Scholz. Les deux chefs de gouvernement ont lourdement insisté sur la nécessité de l’ouverture du gazoduc catalan et le besoin de financement de l’Europe. Du coup, le gouvernement français par la voix de son ministre de l’économie Bruno Le Maire a garanti que la France allait étudier le dossier. Le chancelier allemand a prévenu sa population que l’hiver serait rude. Les Allemands ont été invités depuis le mois de juillet à prendre leur douche en trois minutes et à réduire l’usage des climatiseurs.
En tous cas, si ce gazoduc peut faire partie de la solution pour échapper à la dépendance au gaz russe, il ne réglera pas le problème immédiatement. On estime qu’il faudra au minimum huit mois pour achever les travaux côté espagnol.
La France, l’Algérie et l’Espagne
La pénurie de gaz ravive les jalousies et rivalités au sein des partenaires européens. La visite à Alger d’Emmanuel Macron n’est évidement pas passée inaperçue en Espagne. Si officiellement le déplacement présidentiel avait pour unique but de renforcer la relation amicale entre Paris et Alger, nul n’oublie que l’Espagne importe 33 % de ses réserves de gaz de l’Algérie et que la France n’utilise que 8 % de gaz algérien. La présence de Catherine MacGregor, présidente d’Engie, au sein de la délégation française à Alger au côté d’Emmanuel Macron soulève un certain nombre de rumeurs.
Madrid surveille la situation comme le lait sur le feu pour ne pas se faire subtiliser son gaz algérien par Paris. « Je serais très heureux de me rendre en Algérie », a conclu hier Pedro Sanchez.