Qualifiée de secte par certains, l’Opus Dei est l’une des organisations catholiques les plus puissantes du monde. Fondée en Espagne il y a plus de 90 ans, elle attise aujourd’hui de nombreux mystères et controverses.
Photo : Fidèles de l’Opus Dei se recueillent devant le cercueil du « Père » José Maria Escrivá de Balaguer. REUTERS/Paolo Cocco
L’Opus Dei, qu’est-ce que c’est ?
L’Opus Dei est une organisation catholique fondée par un prêtre espagnol, Josemaría Escrivá de Balaguer, en 1928. D’abord simple association de fidèles, celle-ci devient une véritable institution religieuse, au statut privilégié reconnu par le pape Jean-Paul II en 1982. En 2002, son fondateur est reconnu comme saint de l’Église catholique par ce même pape.
L’influence de l’Opus Dei, également surnommée “L’Œuvre”, comptabilise plus de 90 000 adeptes. Répartis sur tout le globe, les plus fidèles soutiens se trouvent en Espagne, en Italie et en Amérique latine. Le 14 juillet dernier, le pape François recule et modifie le statut de ““L’Œuvre” afin de diminuer son influence au sein de la communauté chrétienne. Ainsi, le prélat, la plus haute autorité de l’Opus Dei, ne pourra plus être nommé évêque.
L’Espagne : lieu d’ascension de l’Opus Dei
Si l’organisation a une telle influence aujourd’hui, c’est avant tout grâce à son passé. Sous Franco, L’Œuvre agit dans l’ombre pour s’implanter partout en Espagne. D’abord en politique, avec de nombreux ministres liés au groupe religieux.
La stratégie de l’Opus Dei se poursuit jusque dans l’éducation, avec la création de l’Université de Navarre à Pampelune en 1952 par Josemaría Escrivá de Balaguer lui-même. L’organisation catholique continue de développer ses liens avec de nombreuses autres institutions comme l’Université Internationale de Catalogne, par exemple, ou encore l’IESE Business School, toutes les deux situées à Barcelone.
Enfin, l’Opus Dei a réussi à s’implanter au sein même de l’économie espagnole, via la Banco Popular, dont le président était un membre actif de l’organisation religieuse.
Actuellement, il est difficile de connaître véritablement l’influence de ce groupe au sein des institutions espagnoles, tout comme celles des autres pays où il est désormais implanté.
Une organisation très controversée
Si l’Opus Dei a connu une ascension fulgurante, elle essuie de nombreuses critiques et controverses.
Jugée de simple organisation catholique aux penchants conservateurs pour certains, elle est caractérisée de secte par d’autres. Par exemple, le film Da Vinci Code, adapté du roman de Dan Brown, utilise l’image et le nom de l’Opus Dei pour caricaturer une secte meurtrière. Une image peu avantageuse pour l’organisation, qui a ensuite lancé une vaste campagne de communication pour faire contrepoids.
De nombreuses dérives qualifiées d’intégristes sont également mal perçues par l’opinion publique. En effet, la pratique de la mortification, qui consiste à s’imposer une souffrance physique pour demander pardon ou pour s’élever spirituellement, avait suscité de nombreuses réactions. La propagande anti-avortement initiée par des membres de l’Opus Dei dans un lycée catholique parisien avait également fait scandale en 2014. Enfin, le nombre de cas de pédophilie en lien avec l’organisation avait même poussé le pape François en personne à intervenir.
Si aujourd’hui l’Opus Dei est toujours actif, la décision du pape François de diminuer son pouvoir au sein de l’Église pourrait marquer le début de la fin pour l’organisation espagnole à l’image entachée.