Les jeux Olympiques de Barcelone. Un événement d’une ampleur planétaire qui a profondément changé le visage de la ville, mais aussi le quotidien de ses habitants. Retour dans le passé.
Photos : Clémentine Laurent/Equinox
Une tour de télécommunications tout droit sortie d’un film de science-fiction, des boulevards périphériques coupant en deux des quartiers, ou encore des tours presque jumelles faisant face à la mer. Les jeux Olympiques de 1992 ont légué à Barcelone un héritage considérable au niveau urbanistique, transformant son visage à l’aube du XXIème siècle, et à travers lui ont changé la vie des Barcelonais.
Cette métamorphose était prévue depuis le début du processus : les autorités souhaitaient profiter des Olympiades pour stimuler la transformation de la ville, comme cela avait été le cas en 1888 et en 1929 avec les Expositions universelles. « L’accueil des jeux Olympiques à Barcelone a été comme une ‘‘excuse’’ pour rassembler les fonds nécessaires pour moderniser la ville », affirme Jon Montero Madariaga.
L’architecte urbaniste connaît bien les infrastructures qui sont sorties de terre pour 1992, car il y a contribué : son cabinet est à l’origine de la promenade de la Vila olímpica. « Les changements qui ont été faits étaient nécessaires depuis plusieurs années déjà, et grâce au budget, à l’optimisme et à tous ceux qui y ont travaillé, les choses ont été bien faites et on les utilise encore aujourd’hui. »
L’ouverture de Barcelone à la mer grâce aux jeux Olympiques
L’un des plus grands changements amenés par les Olympiades : l’ouverture à la mer. « Avant 1992, Barcelone tournait le dos à la Méditerranée. La construction de la Vila olímpica a été l’une des transformations majeures », affirme l’urbaniste. L’opération a permis de redynamiser l’ancien quartier industriel de Poblenou et rendre le littoral accessible aux Barcelonais en déviant les voies ferrées.
De nombreux autres quartiers et districts de Barcelone ont profité des Jeux olympiques pour se moderniser, comme avec la construction d’infrastructures sportives sur Montjuïc (Palau de Sant Jordi) et dans le quartier du Valle de Hebrón, la rénovation d’autres bâtiments existants mais vétustes (stade olympique, piscines Bernat Picornell). Pour l’accès et l’accueil des visiteurs, des hôtels (Hotel Rey Juan Carlos, Hotel Arts) sont sortis de terre et les transports ont été améliorés (construction de boulevards périphéries, agrandissement de l’aéroport et du port, développement de la gare de bus de l’Estació del Nord…).
Les installations des jeux Olympiques de Barcelone toujours utilisées
Toutes ces installations ont profondément changé le visage de Barcelone et le quotidien de ses habitants, directement mais aussi indirectement.
Aujourd’hui, toutes les infrastructures ou presque sont utilisées, comme le stade olympique qui accueille régulièrement des événements, sportifs ou non. Mais les urbanistes reconnaissent que certaines installations se sont peu à peu détournées de leur fonction première. Oriol Bohigas, conseiller en Urbanisme à la mairie lors des JO, estime que la Vila olímpica « est l’un des seuls quartiers créés de zéro qui s’est bien intégré à l’environnement et qui n’a pas dégénéré en un espace de pauvreté ou de marginalisation » (La Vanguardia).
On peut par exemple citer le Port olympique, qui depuis plusieurs années devient la nuit un lieu de prédilection pour les fêtards, ce que Jon Montero Madariaga reconnaît.
Mais ce qui est certain, selon l’urbaniste, c’est que les jeux Olympiques et ses installations ont beaucoup apporté au quotidien des Barcelonais. « Je suis convaincu que ça a été un événement formidable et magnifique pour la ville, et ses conséquences ont été optimales. » Le développement urbanistique de la ville, mené par l’architecte Oriol Bohigas, porte d’ailleurs le nom de « modelo Barcelona » et a été diffusé à l’étranger.
En somme, les jeux Olympiques de 1992 ont été pour Barcelone l’occasion de se moderniser, de préparer son entrée dans le XXIème siècle et devenir la ville attractive qu’elle est aujourd’hui.