L’eau de la mer, sur la côte de Barcelone, a atteint les 28 degrés cette semaine. Un résultat de la dernière vague de chaleur, mais pas que.
Photo : Vicente Zambrano González/Ajuntament
28 degrés. C’est la température qu’a atteinte l’eau de la plage de Barcelone, mardi dernier. Et si cela peut sembler être une bonne nouvelle pour les baigneurs, elle ne l’est pas forcément pour les scientifiques.
En temps normal, la température de l’eau aux abords de la ville de Barcelone ne monte pas au-dessus de 26 degrés, en cette période. Mais ces dernières années, elle enregistre des pics allant jusqu’à 30 degrés, comme en août 2020. “Les eaux de la Méditerranée sont entre 4 et 6 degrés au-dessus des moyennes, ce sont des températures anormalement élevées, on pourrait les comparer aux Caraïbes”, s’alarme Roger Solé, météorologue et géographe. Elles s’expliquent logiquement par les vagues de chaleur qu’a connu la région, ces derniers mois. Les masses d’air chaud réchauffent aussi la couche d’eau superficielle de la mer, y faisant grimper la température. Mais ce n’est pas la seule explication.
La mer Méditerranée, particulièrement impactée
Le réchauffement climatique, qui commence à être la raison de nombreux problèmes et catastrophes dans le monde, a aussi un rôle à jouer dans ces températures anormalement élevées de l’eau. “Il amplifie et renforce les vagues de chaleur, ce qui a aussi un effet sur la température de l’eau”, explique Roger Solé.
Si l’on entend souvent parler du réchauffement climatique, la Méditerranée en est beaucoup plus impactée que d’autres régions du monde : elle se réchauffe 20 % plus rapidement que le reste du monde en moyenne, explique l’ONG WWF, ce qui n’est pas sans conséquence sur les espèces animales et végétales qui y vivent.
Photo : AL PHT Air Picture TAVISA/Ajuntament
Une température de l’eau plus élevée en moyenne “tropicalise” la mer Méditerranée, en étant plus favorable à certaines espèces et moins favorable à d’autres. Par exemple, au moins 1000 espèces invasives sont apparues dans certaines zones de cette mer, et les eaux chaudes favorisent la prolifération de méduses. À l’inverse, d’autres animaux et végétaux disparaissent, comme certains mollusques, coraux ou encore plantes aquatiques. Et au-delà de faire perdre à la Méditerranée la richesse de sa biodiversité marine, les effets sont bien plus néfastes : la réduction de la présence de certaines plantes aquatiques qui stockent le dioxyde de carbone, ce gaz à effet de serre bien connu qui participe lui-même au réchauffement climatique.
Eaux chaudes rime aussi avec tempêtes
Bien que le phénomène soit agréable pour les baigneurs à Barcelone, le réchauffement de l’eau de quelques degrés n’est donc pas une bonne nouvelle pour tout le monde. D’autant plus que ce réchauffement ne fait que commencer, selon le météorologue : “l’eau des plages de Barcelone continuera à augmenter ces prochaines années”, mais ce n’est pas tout.
Photo : Vicente Zambrano González/Ajuntament
Ce phénomène de réchauffement de l’eau, qui fait penser aux belles plages tranquilles des Caraïbes, pourrait bien aussi renforcer les tempêtes et pluies torrentielles. “L’eau de la mer est un moteur, un combustible qui alimente les tempêtes lorsqu’arrive l’air froid en automne. Cela peut déclencher des phénomènes extrêmes de tempêtes, de pluies torrentielles, et l’on ne peut pas prévoir quand ni où ces phénomènes auront lieu”. Les Caraïbes semblent soudainement moins être un modèle idyllique pour les plages de Barcelone.
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