Considérée comme un désert coincé entre la mer et la montagne, la capitale catalane est particulièrement inadaptée au changement climatique.
Photo : Oscar Giralt/Ajuntament de Barcelona
Une nouvelle vague de chaleur frappe actuellement Barcelone, avec des températures exceptionnellement élevées…qui pourraient devenir habituelles dans quelques années. Outre le réchauffement climatique, l’aménagement urbain de la ville en serait l’une des principales causes.
Absence de végétation dans certaines zones, trafic routier trop dense, surpopulation, manque d’espace dans le centre : il en résulte une pollution de l’air toujours plus importante, des épisodes de sécherèsse à répétition, et surtout des températures anormalement élevées. “Barcelone, en raison de ses conditions géographiques et climatiques, a tendance à stagner et à accumuler la pollution et la chaleur” explique Francesc Baqué Ramis, architecte et professeur à l’université de Barcelone. On observe ainsi jusqu’à 6 degrés de différence entre les plages de Barcelone et son centre-ville.
Les îlots piétons, projet phare de la mairie
On les appelle en catalan « superilles » : ils ont pour but de transformer l’espace urbain pour créer de grands espaces verts entièrement piétons, et dégager les principaux axes afin d’aérer la ville. “Cet aménagement libère 70% de l’espace qui sera donc destiné aux piétons et aux cyclistes” décrit Lionel Robles dans son mémoire “La superilla : un principe urbanistique controversé”.
Gagner de l’espace en ville, réduire la pollution et ainsi améliorer la qualité de vie dans ces espaces, le pari semble réussi dans les zones où ont été développées les superilles. “Toute action visant à apporter plus d’ombre en ville, contribue nécessairement à réduire la chaleur en surface et à promouvoir un environnement plus frais” souligne Francesc Baqué Ramis.
Ces zones sont ainsi moins chaudes, ,mais aussi moins bruyantes et la qualité du sommeil y est meilleure qu’auparavant. En conséquence, les effets sur la santé sont indéniables. Selon une étude de l’Agence de Santé Publique de Barcelone, ces îlots piétons dans les quartiers de Poblenou, Horta et Sant Antoni ont contribué à réduire les risques de développement de maladies respiratoires, de diabète ou encore de dépression. Une innovation certes, mais qui ne fait que déplacer le problème.
Une augmentation des nuisances autour de ces îlots
“L’implantation d’une superilla libère les rues internes mais condamne la circulation des rues qui sont aux alentours” décrit Lionel Robles. Le trafic augmente ainsi dans les voies situées à proximité, ainsi que les émissions polluantes. Il y a un report du problème et non une solution durable apportée. Les superillas n’ont donc de sens que si elles sont mises en places à l’échelle de l’ensemble de la ville, et non seulement dans quelques espaces.
Dans les prochaines semaines, la mairie de Barcelone envisage ainsi d’augmenter le nombre de superilles dans le but de faire baisser les températures dans tous les quartiers de la capitale catalane. “Nous allons multiplier par 12 les espaces verts afin d’apporter des coins d’ombre partout, notamment avec la plantation de 400 arbres et la mise en place de fontaines et d’aires de jeux” explique à Equinox un porte-parole de la mairie. Pour cela, plus de 58 000 m2 de routes vont être rendues entièrement piétonnes.
Mais les superillas constituent pour le moment le seul projet durable développé par la mairie pour faire diminuer la chaleur en ville. Des initiatives qui permettront aussi de réduire le nombre de morts prématurées liées à la pollution à Barcelone, problème majeur de la ville qui cause près de 1300 décès par an.