Pedro Sánchez doit défendre son bilan à la tête de l’Espagne

pedro sanchez

Le parlement espagnol se réunit en séance plénière, ce mardi jusqu’à jeudi, pour le fameux débat sur la nation. Le Premier ministre devra défendre son bilan et ses actions futures. Un exercice périlleux alors que le socialiste Pedro Sánchez gouverne en minorité et que la coalition gouvernementale avec la gauche radicale se fragile d’avantage chaque jour. 

À la gauche de Pedro Sánchez, il y a l’inflation et le partenaire gouvernemental Podemos qui demande beaucoup plus de politiques sociales. À sa droite, il y a le fiasco des élections andalouses de juin, où les conservateurs du Partido Popular ont terrassé les socialistes. Au dessus de la tête du Premier ministre, il y a la guerre en Ukraine avec un ciel orageux menaçant. Sous ses pieds, Pedro Sánchez doit marcher sur des œufs pour ne pas froisser les minorités qui lui permettent d’approuver ses lois au parlement : les indépendantistes catalans et les régionalistes basques.

L’inflation

Le problème numéro un et le plus urgent à traiter est une inflation totalement hors de contrôle, estimée à 10,2 % pour le mois de juin 2022. L’Espagne continue de battre des records de prix. La cause ? Le coût élevé des énergies, qu’il s’agisse du gaz, du pétrole ou de l’électricité, mais aussi la guerre en Ukraine. Les prix des aliments et boissons non-alcoolisées, ainsi que les hôtels et restaurants, ont augmenté par rapport à l’année dernière.

Durant le débat sur l’état de la nation, Pedro Sánchez devrait annoncer de nouvelles mesures économiques à la fois pour défendre les classes moyennes et les travailleurs, mais aussi pour s’assurer le soutient de l’aile gauche du gouvernement : le parti Podemos qui détient 4 ministères au sein de la coalition.

Pedro Sánchez a dit la semaine dernière devant la presse « vouloir déployer un modèle social-démocrate qui défend la majorité du pays » comme il l’a fait « durant la pandémie et maintenant face à la guerre ».

La guerre

Le conflit armé en Ukraine est le plus grand danger qui plane aujourd’hui sur l’Europe. L’Espagne revient dans la cour des grands pays avec l’organisation réussie du congrès de l’Otan à Madrid à la fin du mois dernier. Pedro Sánchez s’est montré très proche du président américain Joe Biden. Il n’est pas faux de dire que l’Espagne entame sa plus grande collaboration avec les États-Unis depuis la guerre d’Irak, menée par l’Américain Georges Bush, l’Anglais Tony Blair, l’Italien Silvio Berlusconi et l’Espagnol Jose-Maria Aznar en 2003.

Dans son flirt avec les États-Unis, Pedro Sánchez a annoncé que le budget de la défense de l’Espagne allait doubler l’an prochain.

Les tensions avec Podemos

Une nouvelle sortie du Premier ministre qui a tendu encore un peu plus la relation avec Podemos. Pacifiste, le parti de gauche radicale s’oppose aux accents bellicistes de Pedro Sánchez. En revanche, Podemos souhaite que l’Espagne s’engage dans l’adhésion rapide de la Suède et de la Finlande au sein de l’Otan. Un concept qui suscite de la frilosité chez les socialistes.

Pour le moment, il n’est pas question que Podemos quitte l’exécutif. Cependant la gauche radicale pourrait être tentée de quitter la galère gouvernementale avant les législatives de 2023, pour ne pas porter l’intégralité du bilan et pouvoir se placer dans une relative opposition durant la campagne électorale.

Séduire les minorités

Comme Emmanuel Macron en France, Pedro Sánchez ne dispose que d’une majorité très relative au parlement. À chaque texte législatif, il faut aller quémander les votes des minorités : principalement les régionalistes basques et les indépendantistes catalans. Ce week-end, lors d’un déplacement pour commémorer les 25 ans de l’assassinat de Miguel Ángel Blanco, maire de Ermua, par la bande terroriste ETA, Pedro Sánchez a déclaré que desormais « le Pays Basque et l’Espagne sont deux pays en paix ». Une symétrie institutionnelle entre l’Espagne et le Pays Basque qui fait hurler la droite mais qui réchauffe les relations avec les députés régionalistes.

Concernant les indépendantistes catalans, Pedro Sánchez a déjà annoncé une visite en grande pompe à Barcelone, le 15 juillet prochain, pour rencontrer le président Pere Aragonès.

Élections

Sur le plan de la politique politicienne, Pedro Sánchez doit aussi se refaire une image depuis l’enchaînement des défaites lors des élections intermédiaires : Madrid, Castille-et-Léon et l’Andalousie ont toutes été gagnées par la droite. Et dans les sondages le Partido Popular est désormais donné gagnant au plan national.

 

Lire aussi : Dans la galère de faire reconnaître ses diplômes en Espagne.

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