Si la loi dit qu’il est possible de faire reconnaître ses diplômes français en Espagne, dans les faits la situation est beaucoup plus complexe.
En théorie, faire reconnaître ses diplômes français, ou d’autres pays, est un chose possible en Espagne. Pour travailler dans un domaine professionnel spécifique (avocat, médecin, etc.) ou pour étudier un troisième cycle dans une université espagnole, un expatrié peut faire en sorte que ses diplômes soient officiellement reconnus.
La loi espagnole stipule qu’une homologation est possible pour confirmer que le diplôme étranger est équivalent à un diplôme espagnol. Il faut pour cela formuler une demande auprès du Ministère espagnol de l’Éducation, de la Culture et des Sports (MECD) par l’intermédiaire de son site web. Il suffit selon les textes legislatifs de se munir d’une copie de son passeport ou de sa carte d’identité, d’un certificat de diplôme du pays d’origine, d’un reçu du paiement des frais d’homologation et d’une preuve de compétence en espagnol, si demandé.
Dans la pratique, c’est beaucoup plus compliqué. Caroline, jeune Parisienne installée à Barcelone, a voulu entrer dans l’éducation espagnole sans succès. Avec en poche un Master Français Langue Etrangère (FLE), elle s’imaginait dèjá devant le tableau noir d’un collège pour enseigner le français aux jeunes Catalans. « Pendant mon doctorat, j’ai fait traduire mes diplômes et mes relevés de notes comme le demande le protocole du ministère de l’Éducation, explique-t-elle, à ce stade en France, on peut commencer à envoyer ses CV dans les collèges et lycées pour espérer devenir professeur remplaçant ».
Mais à Barcelone, la jeune diplômée s’est vue claquer la porte au nez par l’administration. « Le ministère a refusé de reconnaître mes diplômes et m’a demandé de repasser le Master de Profesorado qui dure un an et coûte plus de 2000 euros. Alors que j’effectuais pourtant des stages dans les collèges de Barcelone », se remémore la Française avec une pointe de frustration. « J’ai laissé tomber, car j’ai compris que de toute façon, je ne pourrais jamais être fonctionnaire ici, ça ressemble quand même beaucoup à de la préférence nationale », se désolé Caroline qui est désormais freelance dans la capitale catalane.
Le chemin de croix d’une entreprise étrangère qui devient espagnole
Originaire de Paris et cadre dans le secteur des assurances, Pierre se heurte au mur difficilement franchissable de l’administration. Sa boite anglaise change actuellement de statut pour devenir une société espagnole. De fait, tous les salariés doivent basculer sur un contrat espagnol. Secteur sensible, les commerciaux dans le financement des assurances doivent recevoir l’agrément de la direction général de la Sécurité espagnole (DGS), le régulateur du secteur.
Problème : les diplômes ou les certificats européens permettant de travailler sur les marchés financiers ne sont jamais convertis par la DGS, peste Pierre. « Nos avocats sont resté pendant des mois en contact avec le régulateur espagnol pour faire reconnaître les diplômes, avant de jeter l’éponge », se désolé le Français.
Son entreprise a donc fini par opter pour faire repasser les diplômes en Espagne à ses salariés. Moyennant 200 heures de formation payantes en espagnol par des instituts agréés par la DGS. « En ce moment, je suis en train de prendre des cours en ligne sur des choses que je connais depuis des années puisque je suis diplômé d’une école d’assurance parisienne », maugrée Pierre qui devra se soumettre à un examen au terme de sa formation. « Je ne sais pas si c’est de l’incompétence ou si c’est voulu pour faire de la collusion afin de favoriser les instituts de formation », s’agace le Parisien qui vit depuis 5 ans à Barcelone.