La côte de Barcelone n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui. Certaines plages ont été détruites, ou remodelées, et ne ressembleront plus jamais à ce qu’elles ont été.
Plage de l’Hospitalet de LLobregat, années 1950. Photo : Enric Pino Jansa, Archives photographiques de l’Hospitalet de Llobregat
Une grande plage à l’Hospitalet, des cabanons de plage à la Barceloneta, ou encore tout un bidonville posé sur le sable. Tout cela a existé, à Barcelone, et jusqu’à il y a moins de 100 ans. Retour dans le passé pour découvrir les plages disparues de la ville.
La muraille de la mer
À la place même du Moll de Fusta, sur le vieux port de Barcelone, il était possible de se promener au bord de l’eau (et même de s’y baigner, bien qu’aucune photo n’atteste que quelqu’un l’ait fait à cet endroit). Jusqu’au XIXème siècle, la ville était encore encerclée de sa muraille médiévale et n’était pas vraiment ouverte sur la mer. Ainsi, après la muraille qui faisait face à la Méditerranée, on trouvait une petite bande de sable et de galets où l’on amarrait parfois les bateaux.
Muraille de la Mer, vers 1860. Photo : Archives photographiques de Barcelone
En 1881, la muraille est détruite, et cet espace disparaît pour laisser place aux travaux du port, qui deviendra progressivement celui que l’on connaît aujourd’hui… bien loin de l’idée que l’on se fait d’une plage.
Muraille de la Mer vue depuis Montjuïc, vers 1860. Photo : Franck, Archives photographiques de Barcelone
Les “bains” de Barceloneta
Depuis la naissance de ce quartier en 1753, la Barceloneta a toujours été le bras de Barcelone tourné vers la mer. Il y a donc toujours eu une plage, mais elle a beaucoup changé avec le temps : au début du XXème siècle, on parlait plutôt des « bains » de la Barceloneta.
Plage de la Barceloneta, 1919. Photo : Brangulí
La plage était recouverte de cabanons de bois, de bateaux de pêche affalés sur le sable… et même d’une école sur pilotis, l’École de la Mer, détruite par les bombardements lors de la guerre civile. Aujourd’hui, il ne reste rien de tout cela, et la plage de la Barceloneta est devenue un immense espace dégagé, qui invite à la baignade.
Plage de la Barceloneta, 1910-1915. Photo : Brangulí
Le bidonville du Somorrostro
Non loin de la plage de la Barceloneta, on trouve aujourd’hui celle du Somorrostro, toute aussi tranquille et dégagée. Mais elle ne l’a pas toujours été : il y a moins de cent ans, ce n’était pas une plage mais un bidonville qui s’y trouvait. Le quartier de Somorrostro s’étendait alors de l’Hospital del Mar au quartier de Poblenou, et où se trouve aujourd’hui le Port Olympique. Depuis au moins 1882, des familles entières de marginaux, gitans, immigrés y vivaient dans une grande insalubrité.
Bidonville de Somorrostro, 1920-1929. Photo : Brangulí
Les maisons étaient en fait des cabanes, qui étaient régulièrement inondées par les vagues et le sable. Si l’on considérait que le « barrio chino », c’est-à-dire le Raval, était mal fréquenté, le Somorrostro était encore pire. C’est pourtant dans ce bidonville qu’est née Carmen Amaya, l’une des plus grandes stars du flamenco espagnol.
Bidonville du Somorrostro, 1925-1938. Photo : Gabriel Casas i Galobardes
En 1966, le bidonville de la plage de Somorrostro est détruit pour laisser place à un espace plus propre, qui deviendra plus tard la Vila Olímpica et le Port Olympique.
La plage disparue de l’Hospitalet
Si ajourd’hui « plage » et « l’Hospitalet de Llobregat » ne riment pas vraiment, ça a pourtant été le cas par le passé. La commune a disposé d’une étendue de sable de presque 10 kilomètres de long, face à la mer, appelée la « Marina de l’Hospitalet » et où les habitants allaient se baigner. Mais s’il n’en reste rien aujourd’hui, c’est parce que l’État espagnol a acheté le terrain à la commune (pour l’équivalent de 500 € aujourd’hui) dans le but d’y construire une zone franche à côté du port.
Marina de l’Hospitalet, années 1920 ou postérieur.
Les premières expropriations dans la zone commencèrent en 1927, mais jusqu’au début des travaux à la fin des années 1950, la plage était toujours accessible et on allait toujours s’y baigner, comme on peut le voir sur la photo de couverture. La zone franche ne verra jamais le jour, mais elle est remplacée par une sorte d’annexe au port et de zone industrielle, qui a conservé aujourd’hui le nom du projet : Zona Franca. Depuis, les habitants de l’Hospitalet ont perdu leur plage, et doivent aller jusqu’à El Prat pour profiter de la Méditerranée.
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