Barcelone fait partie des villes les plus touristiques d’Europe, mais aussi de celles les plus polluées par le passage des bateaux de croisière. Un choix à faire entre tourisme de masse et protection de la santé humaine et de l’environnement.
823. C’est le nombre de bateaux de croisière qui devraient faire escale au port de Barcelone, cette année 2022. Un chiffre pharaonique, d’autant plus que de janvier à mai la ville a déjà reçu 434 892 croisiéristes. Des chiffres qui rassurent le secteur touristique de Barcelone après la crise du Covid, car ils s’approchent des 914 959 croisiéristes reçus en 2019, mais pas vraiment les associations d’habitants et écologistes.
Outre tous les problèmes liés au tourisme de masse comme la foule dans les rues, la disparition des commerces de proximité ou encore l’élévation des prix des loyers, il est une question qui concerne tous les Barcelonais : leur santé. Car les bateaux de croisière ne sont pas simplement polluants, ils sont extrêmement polluants. Selon une analyse, un seul bateau de croisière de la compagnie Carnival Corporation & PLC peut polluer jusqu’à dix fois plus que tous les véhicules d’Europe transportant plusieurs passagers.
Un carburant 3500 fois plus polluant
La raison ? Le carburant utilisé pour les bateaux, qui en lui-même est 3500 fois plus lourd et polluant que le diesel ou l’essence utilisés pour les voitures. Leur combustion émet notamment dans l’atmosphère de l’oxyde de soufre. Une substance qui n’est pas sans danger pour la santé humaine, puisqu’elle serait à l’origine de cancers, aux côtés de bien d’autres émises par la combustion du carburant pour bateaux.
Photo : Ports de la Generalitat
Et mauvaise nouvelle : parmi tous les pays d’Europe, l’Espagne fait partie de ceux les plus exposés à la pollution des bateaux de croisière, Barcelone en tête. Le port de la capitale catalane était, en 2019, le plus pollué d’Europe en ce qui concerne les émissions de d’oxyde de soufre, avec 105 bateaux ayant produit plus de 32 tonnes d’oxyde de soufre contre 560 000 voitures ayant produit un peu plus de 6 tonnes d’oxyde de soufre.
Barcelone, entre tourisme, santé et écologie
Pour les autorités catalanes, les croisières font l’objet de débats : après la crise, miser sur le tourisme pour en faire profiter l’économie est tentant, mais la santé des Barcelonais à long terme est en jeu. La mairie de Barcelone a notamment décidé d’équiper les quais des bateaux de croisière pour que ceux-ci puissent être reliés à l’électricité sur terre et ne pas utiliser plus de carburant tout en étant à quai. Les premiers quais équipés en la matière devraient voir le jour entre 2026 et 2030.
Le nombre de quais accueillant des bateaux de croisière au port de Barcelone devrait par ailleurs être réduit. Pour le moment, le port compte 9 quais, un chiffre qui devrait être à l’avenir réduit à 7.
De son côté, le gouvernement catalan parle d’un impôt progressif sur les compagnies de croisières, en fonction de leurs niveaux de pollution à l’horizon 2023.
Enfin, les compagnies de croisière elles-mêmes réfléchissent à des bateaux plus verts, comme par exemple en les équipant de batteries électriques ou en transformant les déchets en énergie. Certaines, comme Royal Caribbean ou Norwegian, visent même atteindre un business zéro émissions en 2050.
En attendant, un nouveau paquebot de croisière, le Costa Toscana, a vu le jour sur le chantier naval de Barcelone à la mi juin. Cet été encore, Barcelone risque d’être remplie de croisiéristes, et possiblement d’une atmosphère polluée à l’oxyde de soufre.
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